Les abécédaires sont des ouvrages que l’on trouve d’accès engageant et bienveillant. Articulés comme un fil d’Ariane qui peut être suivi, interrompu, et repris là où on l’a laissé, ou à une page quelconque, une lettre aléatoire de l’alphabet. ALPHABRASSENS est de ceux-là, un bouillon de culture et d’anecdotes tirées d’un sabir souvent salé, une poésie riche et sibylline.
De A comme Amadou à Z comme Zutty, suivons la route aux 185 mots et expressions, présentés sous une forme ludique et in situ. Quelques perles rares, parfois tombées dans l’oubli et ciselées par un orfèvre du verbe. Dans cette ronde du jargon, le poète sétois nous offre, par des turlupinades rafraîchissantes, une langue truculente, non-conformiste, foutrement moyenâgeuse !
Diverses flatteries de nos lecteurs :
Compagnons de la réjouissance,
Frappez-vous d’allégresse la panse,
De cajoler un ouvrage bien tanné,
Qui revigore le langage suranné.
Gagnez sans plus tarder l’habitacle,
Chaussez, ajustez vos bésicles,
Foulez aux pieds les pâles écrans,
Nourrissez-vous de ce jargon d’antan
Par la confrérie des gueux regroupé
Et gardez-vous bien des cachots épais.
FRANÇOIS VILLON (1431 – 1463 ? )
Amis lecteurs, qui ce livre lisez,
Dépouillez-vous de toute affection ;
Et le lisant ne vous scandalisez.
Il ne contient mal ni infection.
Vrai est qu’ici peu de perfection
Vous apprendrez, si non en cas de rire :
Autre argument ne peut mon coeur élire.
Voyant le deuil qui vous mine et consomme,
Mieux est de ris que de larmes écrire :
Pour ce que rire est le propre de l’homme.
FRANÇOIS RABELAIS (1483 ou 1494 – 1553)







