La mémoire en chemin.

Guy Môquet, Jean Moulin, bien sûr, mais aussi Jean-Marie Barrat, François Maillol, Maurice Tarbouriech… Vous lisez ces noms, et quelques autres, sur des plaques au coin d’une rue, d’un quai, au fronton d’une salle publique. Sous le nom, pour la plupart, un seul mot : Résistant. On aimerait ajouter une ligne, ou deux, plus évocatrice d’un sacrifice humain. Résistant fait un peu court. Pour Louis Roustan, fauché dans sa jeune vie, qui donna son nom à un foyer de la Pointe Courte, non pour avoir marqué l’histoire des joutes, mais pour avoir refusé qu’un occupant lui impose une mémoire nazie. On aimerait aussi voir quelques noms de femmes qui, au péril de leur vie, ont pris part — non pas aux dernière heures de la résistance, comme certains compagnons, mais dès la première — à de nobles faits d’armes, la plupart étouffés dans l’ombre, voire réduits au silence par une Gestapo paritaire.

Ce livre vient enrichir et pérenniser une exposition à ciel ouvert de l’Occupation à la Libération, un Chemin de Mémoire en 16 étapes que la Sehsser a pu concevoir à l’aide de nombreuses sources photographiques. Des paysages apocalyptiques saisis par l’objectif d’Arsène Chavin, issus d’archives départementales, municipales ou familiales, exhumées par des descendants encore sous l’émotion. Parmi les sources rédactionnelles, des articles de journaux régionaux, des notes prises par notre valeureuse équipe et des travaux universitaires palpitants¹. Enfin, dans Sète 1950, la thèse pour un Doctorat en Droit de Marguerite Escarguel², son chapitre consacré à l’avant-guerre, l’occupation et la libération nous plonge avec effroi 80 ans en arrière. Nous l’avons repris tel quel ³.

Ces poignants témoignages forgent et gravent notre identité collective. Des conflits, jusqu’aux portes de l’Europe, impriment notre mémoire à coups de désastres humanitaires à n’en plus finir, au cas où nous serions en manque de commémoration. Si tel est notre destin, la Sehsser se devait, en cette date anniversaire, de rendre justice à celles et ceux, résistant(e)s ou tailleurs de pierre, qui ont contribué à délivrer et à faire renaître Sète et le Bassin de Thau.

Jean-Renaud Cuaz

Président de la Sehsser

¹ Mémoire universitaire de Master 1 de Benjamin Chanal (2018) : Parcours Histoires et Études de Défense -

L’occupation de la Wehrmacht dans le bassin de Thau du 12 novembre 1942 au 20 août 1944

² Avocate près la Cour d’Appel de Montpellier et épouse de Gaston Escarguel, ancien maire de Sète

³ Repérable à la couleur rouge des titres de paragraphe

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