Un monde sans Murat est une somme d’articles extraits du blog de Laurent Cachard, chroniques de scène d’un chanteur qu’il a vu en live tout au long de sa carrière. Elle comprend un entretien fictif avec l’artiste, en direct de l’Au-delà, et quatre nouvelles inédites.
Murat est donc mort il y a un peu plus de deux ans, à peine étais-je rentré chez moi, après 41 jours hors-sol, hors existence réelle, à réapprendre à marcher. À quelques jours près, je rentrai, il
s’en allait, comme dans une anamorphose. Il s’est passé du temps, depuis, l’acceptation a fait son œuvre, hélas, comme dans tous les deuils. On est juste encore un peu impatient de tous ces inédits restés dans les tiroirs et promis par les maisons de disque, même si on sait — en soi — que ce qui n’a pas été terminé devrait rester à sa place, pour ne pas ternir l’œuvre. Depuis
que Jean-Louis n’est plus de ce monde, d’autres, qu’il a parfois connus, sont partis, Éric (Martin), mon ami JYS*, qui a mis l’Ange déchu dans la play-list exclusivement anglo-saxonne de ses propres funérailles — Ça fera un p… de concert gratos ! — le bon sens (paysan) n’est plus du tout la chose au monde la mieux partagée et on se demande bien comment ce monde-là va tourner,
s’il n’est pas justement la meilleure raison de se dire qu’il a bien fait de le quitter, Bergheaud.
Un monde sans Murat aura été mon incursion, inattendue, dans un univers que je respecte trop pour en devenir un thuriféraire. Il n’aurait pas existé sans l’alerte que j’ai connue, qui m’a mis en face d’une réalité toujours refoulée, l’idée que tout peut s’arrêter, brusquement. Une tautologie, certes, plus encore pour celui qui a des choses à dire — à écrire, à composer — dont on mesurera la vie à l’aune de ce qu’il aura laissé.
Dans les chansons tout est dit
Trois ou quatre ont suffi
C’était le dernier bal
Bonsoir et bye-bye
Bye-bye, bye-bye, bye-bye.
Laurent Cachard
* Jean-Yves Sècheresse, auteur de l’excellent
Pop Music, un abécédaire politique, les Mots et le reste, 2023.