La Dernière Cène de Leonardo da Vinci
Les théories foisonnent autour de Léonard de Vinci et de sa manière de parler sous cape. Dans un essai finement documenté, Pasqualino Frigau, en offre une lecture à la fois érudite et sensible. Tissant un lien raffiné entre musique et peinture, révélant combien la première nourrit secrètement la seconde. Avant d’être le vieux sage au visage parcheminé et à la barbe blanche, image d’un Épinal transalpin, Léonard fut un jeune dandy à la cour des Sforza : élégant, vif, charmeur, paré de tissus chatoyants, libérant les colombes de leurs cages sur les marchés… Mais derrière l’exubérance du génie se cache un esprit exigeant, convaincu que la Peinture domine les Arts. Et la musique dont il clame qu’elle en est sa soeur malheureuse , car elle s’évanouit aussitôt. Elle traversera pourtant son oeuvre peinte, tapie dans le sourire de la Joconde ou le silence vibrant de la Dernière Cène .
À Milan, déçu par ses projets inachevés, Léonard se concentre sur ce chef-d’œuvre. L’auteur montre comment la Cène, peinte entre 1495 et 1498, devient un espace d’équilibre entre rigueur scientifique et émotion mystique. La fresque achevée émerveille. Louis XII veut l’emporter avec son mur, François i er la fait copier en tapisserie pour le pape. Rien n’y est fortuit : les plis de la nappe, le plan de table, celui des apôtres. Musicien averti, l’auteur y perçoit des accords secrets, une harmonie… musicale. Dans ses pages, la Cène ne se fait pas seulement admirer, elle se fait entendre et nous joue sa partition.
Originaire de Sardaigne, chef de choeur et compositeur, Pasqualino Frigau consacre sa vie à la musique. De cette trajectoire naîtront plusieurs oeuvres inspirées de Léonard, où la peinture et la poésie se font mélodie. C’est à Sète, terre d’immigration italienne, qu’il boucle ces ultimes secrets révélés. Un hommage au peintre, inventeur, penseur et compositeur espiègle d’une musique que seul l’oeil devine.
Jean-Renaud Cuaz






