LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

EDWARD S. CURTIS | DOROTHEA LANGE | ANSEL ADAMS

Trois regards sur les États-Unis d'Amérique de 1900 à 1945

Du 2 au 31 août

La Cure à Aumessas


Le documentaire photographique révélateur de la culture amérindienne menacée et de la vie quotidienne de la Grande Dépression aux camps d’internement californiens. Trois des plus grands portraitistes de l’histoire moderne des États-Unis illustrèrent la période charnière 1900-1945.

Edward S. Curtis captura la culture des peuples natifs et leur résistance pour sa sauvegarde. Celui qu’ils nommèrent l’Attrapeur d’Ombres eut le temps de saisir sur plus de 50 000 images la beauté d’un monde à jamais disparu.

Le portrait d’une Migrant Mother entra lui aussi dans l’éternité. C’est le plus célèbre de Dorothea Lange et le plus connu du programme de la Farm Security Administration (FSA). Cette image, prise avec 5 autres clichés en février 1936, représentant Florence Owens Thompson et ses enfants, est devenue le symbole de la Grande Dépression aux États-Unis. Elle participa à infléchir l’opinion publique et promouvoir le New Deal du président Franklin Roosevelt. En 2003, le magazine Life a listé la photo Migrant Mother parmi les 100 photographies qui ont changé le monde.

Les camps d’internement après la débâcle de Pearl Harbour ont rassemblé à partir de 1942 quelques 110 000 ressortissants américains d’origine japonaise. L’année suivante, Ansel Adams documenta le plus célèbre des camps, Manzanar, au nord de Los Angeles. Celui qui deviendra l’un des photographes américains les plus réputés y saisit la vie quotidienne des prisonniers sur plus de 200 portraits à la chambre 4x5. Les quelques paysages qui émanent de ce travail préfigurent son œuvre future.


Vernissage : samedi 2 août à 18h

Projection-rencontre Cédric Gerbehaye : vendredi 29 août à 18h 

Entrée libre du vendredi au mardi de 15h à 19h, fermé mercredi et jeudi 


ImageSingulières

Association CéTàVOIR

Contact 06 85 20 41 66

info@imagesingulieres.com


La Cure

7 rue Tra l’église, Aumessas

Pierre Soulages. La rencontre.

Jusqu’au 4 janvier 2026

Musée Fabre à Montpellier

Cette rétrospective célèbre les 20 ans de l’exceptionnelle donation de 20 toiles par Pierre Soulages et son épouse Colette. Le peintre de l’outrenoir s’étant un jour égaré avec une outrancière peinture blanche, il s’en fallut de peu que le public ne l’ignore. Colette l’avait surpris ce matin-là, dans un geste de folie, à broyer du blanc. Elle parvint peu après à l’empêcher de détruire ce qui allait devenir le mouton noir de son œuvre caractéristique — Il ne travailla qu’une matinée au blanc — des dernières décennies de sa production. Sont donc rassemblées quelques 120 œuvres, ses 2 derniers noirs et ce fameux blanc inédit. Le titre de l’exposition, La Rencontre, s'explique du fait que ses tableaux voisinent et dialoguent avec ses prédécesseurs Rembrandt, Zurbaran, Le Lorrain, Courbet, Cézanne, Mondrian… ses contemporains Hartung, Zao WouKi, Michaux… et son amie Pierrette Bloch.


Horaires d’été : du mardi au dimanche 10h-18h
Tarif 12 €, réduit 9 €

Visites guidées du mardi au samedi à 15h, les dimanches à 11h15

Tarif 15€, réduit 10,50€ (durée 1h30)

Visites familles tous les mercredis, vendredis et samedis

Tarif 7€

Tarif entrée musée 9 €

Billetterie

Quelques œuvres de l’exposition

Contact 04 67 14 83 00


Musée Fabre

39 rue Bonne Nouvelle, Montpellier

Festival de Prades Pablo Casals

Jusqu’au 8 août 

Abbaye St-Michel de Cuxa à Prades


Si les créateurs illustres ont pour tombeau la terre entière, c’est à Prades, petite ville de la Catalogne française au pied du Canigou et désormais l’une des capitales de la musique de chambre, que plane l’âme de Pablo Casals, le plus grand violoncelliste de tous les temps. Fidèle à l’esprit de son créateur, le Festival de Prades propose, à côté des grands chefs-d’œuvre de la musique de chambre, la découverte de répertoires moins connus, classiques ou contemporains. Il accueille chaque année des solistes mondialement reconnus. Sans doute l’un des plus anciens festivals existants, il est l’un des plus novateurs dans la recherche de répertoires et de nouveaux talents.

Écrin du Festival Pablo Casals, l’abbaye de Cuxa tire son origine de l’abbaye de Saint-André d’Eixalada, située plus haut dans la vallée de la Têt, et fondée vers 840. À l’automne 878, une crue terrible détruisit le monastère (situé tout près du lit de la rivière, à l’emplacement de sources chaudes déjà connues dans l’Antiquité), et contraignit les moines à se réfugier ailleurs. La communauté se transféra à Cuxa, où se trouvait une église dédiée à saint Germain.


Le programme du festival

Contact 04 68 96 33 07
contact@prades-festival-casals.com


Abbaye St-Michel de Cuxa

33 rue de l’Hospic, Prades

281e édition des Fêtes de la Saint-Louis

Du 21 au 26 août

Cadre royal à Sète


Pas moins de 10 invités d’honneur pour cette 281e édition de la Saint-Louis. Moultes hommages donc mais aussi chapelets de défilés, joutes à n’en plus jeter, processions d’animations en tous genres… Le tout bien arrosé. C’est toute l'histoire de l’île singulière qui sera à l’honneur pendant 6 jours. Ce raout aoutien plus festif que jamais existe depuis la création du port de Sète, le 29 juillet 1666, qui accueillit ce jour-là son premier tournoi de joutes languedociennes. Les 10 invités d’honneur ont tous remporté au moins un Grand prix de la Saint-Louis ces 50 dernières années. Ils ont chacun incarné des qualités du jouteur qui perpétuent la tradition.

Robert Bancilhon dit Titouille (1974, 75)
André Lubrano dit le Pharaon (1978, 87)
Christian Caselli dit le Docker (1989)
Jacques Noguet dit le King (1994, 2004)
Mickaël Arnau dit Michke (2006)
Olivier Soula dit le Volcan (1998, 2010)
Aurélien Evangélisti dit le Patron (2001, 02, 05, 06, 08, 11, 12)
Sébastien Abellan dit le Papillon de nuit (2003, 19)
Benjamin Arnau (2022)
Simon Caselli dit SmoothDiouf (2017, 23)


Le programme complet

À l’ouverture des Fêtes de la Saint-Louis 2025, Le Grand Livre des Joutes sera offert aux Présidents des sociétés sétoises de joutes lors d’une cérémonie municipale.

Objets de mémoires, Exposition citoyenne

Jusqu’au 20 février 2026

Camp de Rivesaltes à Salses-le-Château


Conçue pour les dix ans du Mémorial du camp de Rivesaltes, l’exposition Objets de mémoires est une immersion dans le monde d’objets, d’images, de témoignages et de récits qui sont aujourd’hui les traces qu’il nous faut suivre pour pénétrer l’histoire du camp. Sorti de terre en 2015, au beau milieu de l’ancien camp de transit et d’internement, le Mémorial remplit haut la main son devoir de transmission à travers une programmation qui fait la part belle à la création contemporaine. La plasticienne Nicole Bergé et 10 citoyens volontaires se partagent la construction de cette double exposition mettant en scène images, objets, témoignages et récits en lien avec la mémoire du site. Présente dès l’origine du projet de Mémorial, l'artiste plasticienne arpente depuis 25 ans ces étendues désolées ramassant sous ses pas les déchets rejetés par l’Histoire du camp qu’elle trie et met en scène dans des installations d’une grande force d’évocation. La seconde partie de l’exposition est le fruit d’un travail collectif et participatif. Dix citoyens volontaires ont sélectionné dans les collections une quarantaine d’objets et les ont mis en scène.


Programmation du Mémorial

Contact 04 68 08 39 70

info@memorialcamprivesaltes.fr


Mémorial du Camp de Rivesaltes

Avenue Christian Bourquin, Salses-le-Château

Rodin Bourdelle, corps à corps
Jusqu’au 19 octobre

Musée Ingres Bourdelle, Montauban


Une confrontation fertile pour l’ainé des sculpteurs, le maître et devancier, autant que pour le benjamin, l’apprenti. Tour à tour les plus célèbres de leur temps, ils attendaient ce corps à corps, retrouvailles qui n’avaient jamais été organisées. Plus de 170 œuvres (sculptures, dessins, peintures, photographies et archives) revisitent les étapes de leur relation faite d’abord de l’admiration du jeune Antoine Bourdelle (1861-1929) à l’égard du magister Auguste Rodin (1840-1917), de 21 ans son aîné. Rodin soutient Bourdelle qui lui taille la pierre, 15 années à dégrossir ses marbres. Sur Rodin, Bourdelle écrit à pleines mains. De Bourdelle, Rodin vante l’ouvrage et claquemure l’histoire de la sculpture du XIXe siècle, laissant à son postulant le soin de l’ouvrir vers l’avenir. Chez l’un comme l’autre, refus du naturalisme et de la vraisemblance, retour aux sources de l’antique et de la matière première, expressionnisme du modelé, esthétique du fragment. Et une volonté commune d’épure qui ouvre la voie à une abstraction qui piétinait d’impatience.


Plein tarif 10€, tarif réduit 5€

Billetterie

Ouvert tous les jours sauf le lundi

Du mardi au dimanche 10 h-19h

Jeudi 10h-21h

Contact 05 63 22 12 91

museeingresbourdelle@ville-montauban.fr


Musée Ingres Bourdelle

19 rue de l'hôtel de ville, Montauban

Musiques sacrées, musiques du monde

Jusqu’au 31 août

Abbaye de Sylvanès


Une 48e édition dédiée aux grands œuvres chorales sacrées d’Occident. Le Festival de musiques sacrées - musiques du monde, invite le public à un voyage musical, un aller-retour vers la paix et l’espérance. L’excursion convie des musiciens de Mongolie, d’Inde, du Tibet, des Balkans, d’Ukraine, d’Italie… Et se déroule dans l'église abbatiale ou en extérieur, dans l’ancienne aire du cloître d’une ancienne abbaye cistercienne fondée en 1136. Haut lieu de culture et de spiritualité, son nom d’origine serait Salvanes selon Frédéric Mistral.


Vendredi 1er août : Salvatjonas, musiques occitanes

Samedi 2 août : La Voix du Tibet, chants sacrés traditionnels

Dimanche 3 août : Les Jardins de Lumière avec Les Itinérantes, création du festival

Dimanche 10 août : Duplessy & The Violins of the World


Plus d’infos sur Sylvanès, Centre culturel de rencontre

Contact 05 65 98 20 20

Billetterie


Abbaye de Sylvanès

Proposer cette rencontre à bord de l’Amadeus ne pouvait être plus idoine à l’auteur, son Concours de pêche ayant pour décor le quai de la République, à un jet de ligne où est amarré l’ancien morutier. Loris Chavanette, historien, dédie ce conte humaniste mêlant l’humour au tragique à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde.

Manouch’Muzik Festival

Du 14 au 17 août

Mazères


2025 marquera l’anniversaire des 10 ans du Manouch’Muzik Festival organisé par l’association Les Amis du Swing. Voyage au cœur des musiques nomades, jazz manouche, rumba catalane, musique des Balkans… Jusqu’au flamenco avec Tomatito, l’un des maîtres du style andalou. Pas moins de 52 concerts sont programmés, dont 47 accessibles gratuitement aux festivaliers. En clôture, le festival offrira une Gypsies battle de jazz manouche : feu d’artifice sonore d’improvisations et de virtuosité, où guitares et violons se défieront sur scène dans un final en apothéose. Le festival Off sera lui aussi très attendu durant ces 4 jours.


Infos pratiques

Billetterie


Chalet Pasteur, Mazères

Alechinsky sur papier

Jusqu’au 4 janvier 2026

Musée Pierre-André Benoit à Alès


Dernier survivant du mouvement CoBrA, Pierre Alechinsky, né en 1927 à Bruxelles, se voit obligé, enfant gaucher, à écrire de la main droite. La gauche, les éducateurs la lui laissent pour les travaux de moindre importance, le dessin. Usage de l’encre et du pinceau chinois, graphisme proche de la calligraphie, fascination pour le papier, réemploi de documents d’archives, jalonneront 8 décennies de création artistique. Après la dissolution du groupe CoBrA, dont il perpétue la spontanéité, le rejet de l’abstraction et du réalisme socialiste — CoBrA, c’est mon école, a-t-il pu dire — Pierre Alechinsky s'installe à Paris, où il côtoie les surréalistes. 

Le peintre a entretenu avec l'imprimeur et éditeur Pierre-André Benoit une fructueuse collaboration qui a donné lieu à 22 éditions de livres d'artiste. En 1965, il crée son œuvre la plus célèbre Central Park, avec laquelle il inaugure la peinture à remarques marginales, inspirée des comic books, où l’image centrale est encadrée d’une série de vignettes destinées à en compléter le sens. « L’exposition est composée de presque 200 œuvres de sa collection personnelle, énonce Carole Hyza, directrice des musées d’Alès agglomération et conservatrice en cheffe du patrimoine. Il s’agit d’une carte blanche, c’est donc Pierre Alechinsky lui-même qui a sélectionné les œuvres, qui les a regroupées et qui a imaginé la scénographie ».


Ouvert du mardi au dimanche 10h-13h et 14h-18h

Contact 04 66 86 98 69

museepab@alesagglo.fr


Musée bibliothèque Pierre-André Benoit

52 montée des Lauriers, Alès

Les soirées folles
Jeudis 7 et 21 août

Mardi 9 septembre

Château Laurens à Agde


Gatsby le Magnifique vous invite à son feu d’artifice au Château Laurens, un verre à la main, un concert et si le cœur vous en dit, un charleston. À défaut de la côte de Long Island, c’est sur les berges intimistes et poétiques du fleuve Hérault que vous êtes conviés pour un voyage dans les années 20… 1920. Au coucher du soleil, une dégustation et une rencontre avec des amoureux du vin précèderont une soirée rythmée aux trépidations des Années folles avec l’orchestre Belle Isle Swing et ses danseurs. Un pur moment de bonheur à savourer, sans Jay Gatsby toutefois, qui suivra vos dandinements depuis sa fenêtre.


Réservation obligatoire

Plein tarif : 60€ par personne

Le tarif inclus : la visite guidée, un verre de vin au choix, une assiette de tapas de produits locaux et un concert dansant.

Non inclus : les consommations supplémentaires

inclus visite guidée, 1 verre de vin, 1 assiette de tapas, un concert dansant


Visites du mardi au dimanche 9h-18h30
Billetterie

Contact 09 71 00 53 00 du mardi au dimanche 10h-13h et 14h-17h

info.chateaulaurens@ville-agde.fr


Château Laurens

Domaine de Belle Isle

Avenue Raymond Pitet, Agde

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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Ce bulletin culturel est publié par Audasud

8 avenue Victor Hugo, 34200 Sète

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par Jean-Renaud Cuaz 29 novembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 13 novembre 2025
De l’obscurité des music-halls à l’obscurantisme des mollah, des Parapluies de Cherbourg aux machettes de boucher, des Tontons flingueurs aux massacreurs du Bataclan… il n’aura fallu qu’une soixantaine d’années. Les justaucorps jacquard et chapeaux melon ont fait place aux amples cafetans et coiffures d’imam qui peinent à cacher le sang d’un islamofrérisme rampant et son faux frère, l’islamo-gauchisme. Il y a quatre-vingts ans, la guerre, lassée de tant de vacarme, s’en est allée finir ailleurs. Les ondes radiophoniques, jusque-là traumatisées par les sirènes, reprennent du service : elles décident de diffuser autre chose que des alertes. Le 26 mai 1945 , on cherche un quatuor vocal pour mettre un peu de facétie. Quatre jeunes gens se présentent, aussi dégingandés qu’enthousiastes. On leur demande leur nom : ils n’en ont pas. — Appelez-nous les Frères Quelque Chose , proposent-ils avec modestie. Un technicien, homme d’un grand sens du hasard, s’écrie Les Frères Jacques ! Et l’affaire est faite, aussi vite qu’un jeu de mots en goguette. Le nom fleure bon la chanson enfantine et la plaisanterie potache, parfait pour faire les pitres avec gravité. Ils chantent, gesticulent, font le Jacques avec l’élégance d’un sémaphore en délire. Un soir, entre deux refrains et trois nœuds papillon, ils croisent Francis Blanche, qui leur écrit des textes où l’intelligence fait des claquettes. Leur premier répertoire ? Un buffet à volonté : folklore, negro spirituals, chants religieux, le tout saupoudré de synchronisation labiale approximative. En 1948 sort leur premier 78 tours, à une époque où la musique tournait plus lentement et durait plus longtemps. Le succès vient, trébuchant mais poli, et c’est Jacques Canetti qui, tel un bon génie en complet sombre, les propulse dans la lumière des projecteurs. Les voilà chantant sur des ondes enfin réconciliées avec l’humanité. Le 3 janvier 1982, un drame national — que dis-je, cosmique — s’est joué au Théâtre de l’Ouest parisien : les Frères Jacques ont décidé d’arrêter de chanter. Les âmes sensibles ont aussitôt crié au scandale, les autres ont continué à mâcher leur cacahuète, car c’était un dimanche. À la fin du spectacle, quatre chapeaux comiques ont salué le public avant de disparaître dans les coulisses. On raconte qu’ils se sont séparés pour vaquer à leurs occupations. J’en ai interrogé un : il comptait élever des silences en batterie. Un autre envisageait d’ouvrir un magasin de chaussettes pour mains, parce que les gants, c’est surfait . Pendant ce temps, leur pianiste Pierre Philippe, brave homme à doigts multiples, a décidé en 1995 de donner son dernier concert... à Saint-Bouize. Lieu prédestiné, car Saint-Bouize, comme son nom l’indique, est la capitale mondiale du soupir discret. En 1996, au Casino de Paris, on leur rend hommage. Cinq-mille spectateurs émus, pas une seule caméra. C’est dire si la télévision sait se tenir. Elle préfère filmer des débats sur la cuisson du flan plutôt que la gloire des artistes. Les années filent ensuite comme des croches sans mesure. Jean-Denis Malclès, tailleur en habits d’humour, quitte ce monde en 2002. François Soubeyran le suit de près, sans doute pour vérifier les coutures de ses ailes. Puis les frères Bellec s’en vont, l’un après l’autre, avec une ponctualité presque suisse. Paul Tourenne, fidèle jusqu’à la dernière note, s’éclipse en 2016 à Montréal — preuve que même les Jacques ont besoin d’un peu d’exil pour mourir tranquilles. Enfin, Hubert Degex, le dernier pianiste, rend les touches en 2021, à 92 ans, après avoir sans doute trouvé une partition d’éternité en ré majeur.
 La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve leurs chapeaux, leurs partitions et même leurs coupures de presse — tout ce qu’il faut pour organiser un sabbat érudit. Il ne manque que le son de leurs voix et le rire suspendu entre deux couplets. Leur répertoire, quant à lui, relève de la haute voltige intellectuelle : ils ont tout chanté, du général Castagnetas à la confiture , du Complexe de la truite (de Schubert) au derrière du peuple (voir La Digue du cul , œuvre d’intérêt public). Ils ont prouvé qu’on pouvait philosopher en collant des grimaces sur des vers de Prévert, et pleurer d’émotion tout en chantant des sottises. Ainsi s’achève cette chronique du souvenir. Les Frères Jacques ? Des poètes de velours à la boutonnière, des funambules du calembour, des anges qui savaient rimer avec dingue . Et s’ils nous entendent — là-haut, dans la stratosphère mélodique — qu’ils sachent une chose : le monde est bien triste depuis qu’il ne fait plus le Jacques.
par Jean-Renaud Cuaz 25 octobre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE NOVEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 30 septembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’OCTOBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 septembre 2025
Fin septembre, les Automn’Halles lanceront leur 16e édition. Seize années qu’un pari un peu fou a pris vie : celui de faire vibrer une île singulière au rythme des mots, de la lecture, de la musique et de la peinture. Depuis quatre ans, la reconnaissance officielle du Centre National du Livre est venue confirmer ce que les Sétois savaient déjà : que ce festival a gagné sa place dans le paysage littéraire national. Des partenaires fidèles — le réseau des Médiathèques de l’Agglo, le musée Paul Valéry, les librairies, le Plateau, l’Amadeus et désormais la Maison Régionale de la Mer — apportent leurs sites, leurs énergies. Grâce à eux, la littérature s’installe partout, elle respire dans chaque recoin de la ville, elle s’offre au plus grand nombre. Durant cinq jours, les auteurs se disperseront comme autant de semeurs de songes. Dans les classes, pour éveiller les élèves à la puissance des mots. Dans les espaces de rencontre, pour échanger directement avec leurs lecteurs. Dans les dédicaces, pour ce moment simple et rare où une phrase manuscrite scelle un souvenir. Le programme est riche, multiple, ouvert. Il accueille des figures déjà consacrées, et des voix nouvelles qui montent, prometteuses et fragiles. Il fait place aux auteurs et éditeurs locaux et régionaux, car la littérature vit aussi des racines qui nourrissent son terreau. Il tend la main aux talents en herbe, avec son Concours de nouvelles. Pendant cinq jours, Sète se transforme en une île de papier et de voix, où chaque rencontre devient une aventure, chaque lecture un voyage, chaque instant une célébration. Nous dédions cette édition des Automn’Halles à un auteur que nous avons accueilli au Crac en 2022. Boualem Sansal est emprisonné depuis plus de dix mois par un pouvoir totalitaire. Condamné pour exercice illégal de… sa liberté de penser et d’écrire. En appel de sa condamnation le 24 juin dernier, l’écrivain âgé et malade lâchait devant un tribunal de façade : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là » . Yves Izard animait la rencontre avec l’auteur de Abraham ou La Cinquième Alliance paru aux Éditions Gallimard en 2020. En charge avec une équipe des Automn’Halles des relations avec les écrivains et les éditeurs, Yves va vous dire quelques mots sur cette rencontre à laquelle certains d’entre vous ont assistée. Boualem a dû laissé une belle empreinte dans vos mémoires. Les Automn’Halles… Ce pourrait être un titre-valise inventé par Erik Satie pour une de ses mystérieuses pièces musicales. On entendrait presque dans nos halles, haranguer : mercredi je peux pas, j’ai gymnopédie ! La question que vous êtes en droit de vous poser, c’est… qu’ont donc en commun Erik Satie et la littérature? Outre le fait qu’Alfred Satie, son père, fut un temps éditeur… Noble métier, s’il en est… Je répondrai qu’après tout, nous recevons samedi Hubert Haddad, l’auteur de… la Symphonie atlantique . Pour le clou de ce festival, car Il faut toujours un clou dans un festival qui se respecte, j’hésite entre… Laurent Mauvignier, l’aspirant au Goncourt, et Michel Zambrano, le sauveteur aux ondes courtes… Lequel nous lira des inédits vendredi à bord de l’Amadeus. Laurent Mauvignier, lui, nous fera l’inventaire de la Maison vide à la Maison de la Mer lors du premier grand entretien demain. L’inventaire d’une maison vide, ça devrait être court me direz-vous… Mais comme c’est Laurent Cachard qui se charge de l’animer, vous en aurez pour votre argent, même si l’entrée est gratuite. C’est simple, les Éditions de Minuit ne jurent que par Mauvignier et ne changeraient pas un traitre-mot de leur auteur fétiche. Je rapprocherais Erik Sati de… Jules Verne, dont nous accueillons samedi l’arrière-petit-fils, Jean Verne, pour les 150 ans de la parution de l’Île mystérieuse . Erik Satie prétendait faire de la musique d’ameublement, allant jusqu’à l’assimiler à du papier peint musical. De là à parler de papier peint littéraire il n’y a qu’un lai à tourner, un pas que des érudits franchissent à propos de Jules Verne. On objectera qu’il y a des papiers peints qui font voyager. Mais je préfère laisser les exzézettes , comme on dit ici, s’exprimer. Pianiste-concertiste international et musicologue, Jean-Pierre Armengaud est également l’auteur d’une colossale biographie du compositeur de Parade , que vous pouvez vous procurer ici ou à la librairie Gavaudan. Jean-Pierre Armengaud va nous rythmer cette rencontre par des illustrations musicales de Satie jouées au piano. À ses côtés, Patrice Legay animera cette soirée. Patrice est musicien et préside l’AMA Languedoc, l’association des Musiciens Amateurs du Languedoc. L’AMA Languedoc animera ici même demain de 10h à 12h une Master Classe de Jean-Pierre Armengaud avec des œuvres de Satie jouées au piano et chantées. Puis à la Médiathèque Mitterrand… le concert Erik Satie vendredi de 18h à 19h30 et la clôture des Automn’Halles dimanche à 18h, un Clin d’œil à Satie par le groupe de jazz Les Smiles. Je terminerai par un précepte que je fais mien : « Je ne me reconnais pas le droit d’abuser des instants de mes contemporains » disait le plus littéraire des compositeurs, celui qu’Alphonse Allais appelait Esoterik Satie. Merci et belles Automn’Halles à toutes et à tous ! Jean-Renaud Cuaz Président du Festival du Livre de Sète – Les Automn’Halles
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUILLET Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUIN Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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