LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUIN
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

AGNÈS VARDA. JE SUIS CURIEUSE. POINT

Du 28 juin au 4 janvier

Musée Soulages à Rodez


Rodez célèbre l’année de la mer à sa manière, à un petit jet de missile de la Grande bleue. Une explosion de poésie dans l’antre du Grand noir, de souvenirs épars… la plage, les cabanes, les pêcheurs… disséminés façon intime en plus de 100 images et objets. « Je suis curieuse. Point. Je trouve tout très intéressant. La vraie vie. La fausse vie… », nous dit Agnès Varda. Voilà le décor planté dans un sable émouvant. Sa richesse d’inventions sans pareille nous entraîne dans une déambulation à travers ses âges, jusqu’à sa rencontre à Sète avec les Soulages immortalisée lors du tournage des Plages d’Agnès.

Sept ans après son clap de fin, Agnès Varda aurait eu 97 ans ce vendredi 30 mai. Au lieu de la voir sucrer les fraises, elle a préféré qu’on la suive, arpenter les rivages de ses souvenirs—il y a de pires dilemmes—avant de la retrouver en septembre, à la Pointe-Courte.

Cette exposition co-produite avec Ciné-Tamaris et la fille d’Agnès, Rosalie Varda, se prolonge par un sublime catalogue, Les rêveries d’Agnès, à parcourir sur le sable entre deux baignades estivales, et une programmation filmographique dans les cinémas de Rodez.

Photo : La petite mer immense, 2003. Tirage argentique d’après fichier numérique © Succession Varda


Horaires :

Septembre à juin : mardi à vendredi 10h-13h et 14h-18h / samedi et dimanche 10h-18h

Juillet et août : lundi à dimanche 10h-18h


Billetterie

Contact 05 65 73 82 60

Plus d’informations musee-soulages-rodez.fr


Musée Soulages

Jardin du Foirail, avenue Victor Hugo, Rodez

Visages : l’art du portrait grec et romain dans les collections du musée du Louvre

Du 7 juin au 2 novembre

Musée Fenaille à Rodez


Pierre Soulages, leur vouait une fascination notoire. Réputé pour sa collection de statues-menhirs vieille de 5000 ans, la plus importante en Europe, le musée Fenaille nourrit depuis quelques années une vaste réflexion sur la représentation humaine. Cette exposition, organisée avec la collaboration exceptionnelle du musée du Louvre, plonge le visiteur dans une exploration de l’art du portrait qui s’est épanoui dans les mondes grec et romain, où son expression est à son apogée. Une sélection de près de soixante œuvres majeures, où les célèbres portraits de Homère et Alexandre le Grand voisinent ceux des empereurs Auguste et Hadrien.Un buste du jeune Marc Aurèle daté du lle siècle provient sans doute d'une riche demeure de la Rodez antique.


Visites guidées le premier dimanche du mois

avec Jean-Philippe Savignoni, médiateur du patrimoine.

Sans réservation, dans la limite des places disponibles.

Horaires :

Mardi à vendredi 10h-13h et 14h-18h / samedi et dimanche 10h-18h

Contact 05 65 73 84 30


Musée Fenaille

14 place Eugène Raynaldy, Rodez

Philippe Cognée : l’œuvre du temps

Du 21 juin au 2 novembre

Musée Paul Valéry à Sète


La peinture… Elle signe le renouveau d’une figuration qui n’a pas dit son dernier mot. Les badigeonnements bédéesques n’ont qu’à bien se tenir. Restituant des impressions subtiles plutôt que des visions caricaturales, la peinture de Philippe Cognée (né en 1957) nous offre des figures telles qu’elles pourraient exister dans notre mémoire, une réalité altérée par le souvenir. Et une pratique hors des sentiers rebattus. Une toile marouflée sur bois, un médium à base de mélange de cire fondue, colorants et résines, un procédé emprunté aux portraits funéraires de l’Égypte romaine. Et un film plastique qui vient recouvrir la toile, presser la peinture avant d’être décollé comme le faisait Modigliani avec ses moyens du bord, un papier journal. Le résultat fait naître des accidents, des glissements de matière picturale pour Cognée, des textures pour l’artiste Modi.


Ouvert tous les jours sauf le lundi 10h-18h

Entrée 9,90 €

Jeunes 10-18 ans, étudiants (- de 25 ans) 5,30€

Visite commentée +1€

1er dimanche de chaque mois, accès gratuit à l’ensemble du musée


Musée Paul Valéry

148 rue François Desnoyer, Sète

Figures Singulières de Laurent Cachard

60 portraits de Sétois d’aujourd’hui

Du 14 juin au 30 août

Médiathèque F. Mitterrand à Sète


Né en pleine agitation 68, Laurent Cachard a voulu voir si, sous les pavés, sommeillait toujours la plage. Il s’est installé pour cela à Sète, dont le pavement des quais aurait fait le bonheur des boutefeux parisiens abonnés à Libération. C’est justement la dernière page du quotidien, un portrait rédigé avec photo, qui titilla l’auteur. Transposant la manière douce-amère à des Sétois plus ou moins sétois, il les a réunis en un kaléïdoscope composant deux tomes et quelques des Figures Singulières. Pas moins de 60 figures d’aujourd’hui sont ainsi adaptées pour cette exposition. Les colonnes du patio de la médiathèque s’habillent de portraits en duos, que l’on retrouve à l’étage, dans la salle documentaire. L’artiste sétois Eddie Morano, qui lui-même est passé sous le scalpel encré de l’écrivain, lui fait écho avec son mur des portraiturés, transposition peinte des figures accrochées dans le forum.


Entrée libre

Samedi 14 juin à 18h : vernissage, dédicace et vente des Tomes 1 & 2 des Figures Singulières (19€ le Tome)

Feuilletez et commandez les livres sur landemain.fr

contact@landemain.fr 

06 71 72 88 71


Fermé dimanche et lundi

Horaires

Mardi et jeudi 10h-12h30 et 14h-18h

Mercredi et samedi 10h-18h

Vendredi 14h-19h

Horaires du 01/07 au 30/08

Mardi et vendredi 9h30-12h30

Mercredi et samedi 9h30-12h30 et 14h-17h

Jeudi 14h-17h


Médiathèque F. Mitterrand

Boulevard Danielle Casanova, Sète

Jazz en Pic Saint-Loup

Du 5 au 7 juin

Parc de la Plaine, Le Triadou


Le Triadou… Une bucolique scène champêtre au pied du pic Saint-Loup, entre les terroirs héraultais et gardois. Et cerise sur le panier, le village d’Assas pour la soirée du jeudi. Un rendez-vous jazzy invité à l’animer et à inscrire sur vos tablettes festivalières. Cette nouvelle édition, organisée depuis 8 ans par Jazz à Junas, est dédiée à une nouvelle scène du jazz avec la pianiste Madeleine Cazenave, lauréate de nombreux prix, et son trio Rouge à Assas et sur la scène du Triadou ainsi qu’à St-Mathieu-de-Tréviers, la harpiste héraultaise, artiste associée de Jazz à Junas, Camille Heim en solo et en duo, la chanteuse Sarah Lenka en quintet et la violoncelliste/chanteuse cubaine Ana Carla Maza pour une ambiance débordante. À leurs côtés, de nombreux artistes confirmés : Géraldine Laurent, Victoire du Jazz 2023 en duo avec Laurent de Wilde autour du répertoire de Monk, Parker, Coltrane ou l’incroyable quatuor formé de Ballaké Sissoko,  Vincent Segal, Émile Parisien et Vincent Peirani, Victoire du jazz 2024, catégorie Concert de l’année. Le trio acoustique de cuivres Sur la bouche et le duo Camille Heim-Léo Danais complèteront un programme issu de plusieurs mois de travail.


Programme sur le site JazzaJunas.fr

Billetterie Jazz à Pic Saint-Loup


Parc de la Plaine

Chemin du Lavoir, Le Triadou

Camille Castillon : Détours d’horizons
Jusqu’au 5 septembre

Château d’Assas au Vigan


Une œuvre à la croisée de l’observation attentive et de la recomposition mentale, marquée par des influences multiples, gravure japonaise, art contemporain occidental, en passant par la cartographie, le dessin industriel… Née en 1997, Camille Castillon vit et travaille à Ganges. Diplômée des Beaux-Arts de Nîmes avec les félicitations du jury, elle développe une œuvre entre peinture, installation et cartographie sensible. Un parcours jalonné de résidences (Montpellier, Serre, Savoillan, Brésil, Inde) et d’expositions (Nîmes, Port-de-Bouc, Sommières, Rio, Aussillon, Montpellier), où elle affirme un style épuré, lumineux et ancré dans les réalités du monde contemporain. Son travail, oscillant entre utopie réaliste et évocations intimes, interroge les manières d’habiter le monde.


Horaires : du lundi au vendredi 9h30-12h et 13h30-17h

Visites commentées tout public en présence de l’artiste (gratuites, sans réservation) les mercredis matins : 

4 juin - 2 juillet - 30 juillet - 13 août - 27 août

Visites commentées pour groupes (à partir de 10 personnes) possibles sur réservation

Informations 

Contact : poleculturel@gard.fr

04 99 64 26 62 


Château d’Assas

11 rue des Barris, Le Vigan

Gaulois, mais Romains !

Jusqu’au 4 janvier 2026

Musée de la Romanité à Nîmes


Culminant les 12 travaux d’Hercule, celui d’en finir avec le stéréotype du Gaulois, rustique barbare couvert de peaux de bêtes, a la dent dure et de beaux jours devant lui. Le musée de la Romanité s’est donc donné pour mission de bousculer nos fourbes imaginaires. Et de nous démontrer comment, durant près de trois siècles, les habitants de la Gaule conquise par Rome en ont digéré la culture. Avant cela, les Gaulois possédaient déjà un assortiment de divinités assez complet et une kyrielle de druides chargés de la cueillette du gui sacré. Jules César s’employa donc à établir un peu d’ordre dans les mœurs et la tenue des livres de ses voisins, de les mettre à sa caliga, l’ancêtre de la botte. Mais après sa mort, les empereurs qui prirent son fonds s’arrangèrent si bien que la conquête de l’Imperator leur échappa peu à peu. Entre temps, le musée de la Romanité n’a jamais si bien porté son nom, n’en déplaise aux gauloiseries ambiantes. Une immersion fascinante dans l’histoire et l’art de vivre gallo-romain.


Ouvert tous les jours d’avril à octobre : 10h-19h

Dernière entrée une heure avant la fermeture


Billetterie

Télécharger le plan du musée

Plus d’informations


Musée de la Romanité

16 boulevard des Arènes, Nîmes

Luca Arruda : Deserto-Modelo

Jusqu’au 5 octobre

Carré d’art à Nîmes


Dans le cadre de la Saison du Brésil en France 2025, cette importante rétrospective d’œuvres de Lucas Arruda (né en 1983) présente des peintures, des films et des installations de différentes périodes de sa carrière, dont certaines ont été produites spécifiquement pour l’occasion. Son travail est souvent présenté dans des séries de peintures de petit format regroupées sous le titre Deserto-Modelo, un terme qu’il a emprunté au poète brésilien Joao Cabral de Melo Neto afin de souligner l’idée de prototype et de répétition, « alliée à la métaphore du désert compris comme un lieu atemporel qui ne peut être saisi par le langage ».


Du mardi au vendredi de 10h à 18h

Samedi et dimanche de 10h à 18h30

Fermé le lundi

Contact 04 66 76 35 70

Le week-end et les jours fériés 04 66 76 35 35

Télécharger le dossier de presse


Carré d’Art

16 place de la Maison Carrée, Nîmes

Café littéraire : rencontre avec Valérie Benaïm

Jeudi 12 juin à 18h

Médiathèque Mitterrand à Sète


Dans le cadre de son Café littéraire, Tino Di Martino reçoit Valérie Benaïm pour son roman Il n’est pas celui que vous croyez, publié aux éditions Fayard. Un tas de questions assaillent la romancière et journaliste : qui sont ces femmes qui éprouvent de l’intérêt, de la compassion, de l’attirance et même de l’amour pour des hommes accusés de meurtres, de viols ? Que recherchent-elles ? Y a-t-il un profil particulier ? Ou bien chacune d’entre nous peut-elle tomber sous le charme de ces hommes ? Valérie Benaïm anime l’émission littéraire Droits d’Auteurs sur Mycanal et présente des chroniques de l’émission Touche pas à mon poste ! sur C8. 


Entrée libre

Dédicace et vente du livre sur place (22 €)


Médiathèque F. Mitterrand

Boulevard Danielle Casanova, Sète

Concert Carnatique d’Inde du Sud
Mercredi 18 juin à 19h

Librairie Kailash à Sète


Raj de Condappa vous accueille dans sa nouvelle librairie avec un concert de musique carnatique. Originaire du sud de l’Inde, ce genre musical met l’accent sur la structure et l’improvisation. Une tradition très ancienne, dont les fondations furent écrites entre le IVe siècle av. J.-C. et le IIe siècle av. J.-C, découle de la religion et du théâtre. Profitez-en pour parcourir les rayons des Éditions Kailash, une maison franco-indienne spécialisée sur l’Asie fondée en 1991, basée à Sète et à Pondichéry (Inde du Sud). Dans son catalogue, de grands écrivains voyageurs d’hier et d’aujourd’hui, des spécialistes de cette région, des romanciers français et asiatiques. Et 9 collections réunissant des textes inédits ou épuisés, selon leur genre, leur spécificité, et leur langue d’origine (romans, nouvelles, récits, témoignages, études historiques ou géographiques…).


Concert privé - réservation obligatoire (places limitées)

Participation 50€ suivi d’un verre dinatoire


Contact et réservations :

editionskailash@gmail.com

06 01 12 41 89


Éditions Kailash

4 rue du 14 Juillet, Sète

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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8 avenue Victor Hugo, 34200 Sète

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par Jean-Renaud Cuaz 29 novembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 13 novembre 2025
De l’obscurité des music-halls à l’obscurantisme des mollah, des Parapluies de Cherbourg aux machettes de boucher, des Tontons flingueurs aux massacreurs du Bataclan… il n’aura fallu qu’une soixantaine d’années. Les justaucorps jacquard et chapeaux melon ont fait place aux amples cafetans et coiffures d’imam qui peinent à cacher le sang d’un islamofrérisme rampant et son faux frère, l’islamo-gauchisme. Il y a quatre-vingts ans, la guerre, lassée de tant de vacarme, s’en est allée finir ailleurs. Les ondes radiophoniques, jusque-là traumatisées par les sirènes, reprennent du service : elles décident de diffuser autre chose que des alertes. Le 26 mai 1945 , on cherche un quatuor vocal pour mettre un peu de facétie. Quatre jeunes gens se présentent, aussi dégingandés qu’enthousiastes. On leur demande leur nom : ils n’en ont pas. — Appelez-nous les Frères Quelque Chose , proposent-ils avec modestie. Un technicien, homme d’un grand sens du hasard, s’écrie Les Frères Jacques ! Et l’affaire est faite, aussi vite qu’un jeu de mots en goguette. Le nom fleure bon la chanson enfantine et la plaisanterie potache, parfait pour faire les pitres avec gravité. Ils chantent, gesticulent, font le Jacques avec l’élégance d’un sémaphore en délire. Un soir, entre deux refrains et trois nœuds papillon, ils croisent Francis Blanche, qui leur écrit des textes où l’intelligence fait des claquettes. Leur premier répertoire ? Un buffet à volonté : folklore, negro spirituals, chants religieux, le tout saupoudré de synchronisation labiale approximative. En 1948 sort leur premier 78 tours, à une époque où la musique tournait plus lentement et durait plus longtemps. Le succès vient, trébuchant mais poli, et c’est Jacques Canetti qui, tel un bon génie en complet sombre, les propulse dans la lumière des projecteurs. Les voilà chantant sur des ondes enfin réconciliées avec l’humanité. Le 3 janvier 1982, un drame national — que dis-je, cosmique — s’est joué au Théâtre de l’Ouest parisien : les Frères Jacques ont décidé d’arrêter de chanter. Les âmes sensibles ont aussitôt crié au scandale, les autres ont continué à mâcher leur cacahuète, car c’était un dimanche. À la fin du spectacle, quatre chapeaux comiques ont salué le public avant de disparaître dans les coulisses. On raconte qu’ils se sont séparés pour vaquer à leurs occupations. J’en ai interrogé un : il comptait élever des silences en batterie. Un autre envisageait d’ouvrir un magasin de chaussettes pour mains, parce que les gants, c’est surfait . Pendant ce temps, leur pianiste Pierre Philippe, brave homme à doigts multiples, a décidé en 1995 de donner son dernier concert... à Saint-Bouize. Lieu prédestiné, car Saint-Bouize, comme son nom l’indique, est la capitale mondiale du soupir discret. En 1996, au Casino de Paris, on leur rend hommage. Cinq-mille spectateurs émus, pas une seule caméra. C’est dire si la télévision sait se tenir. Elle préfère filmer des débats sur la cuisson du flan plutôt que la gloire des artistes. Les années filent ensuite comme des croches sans mesure. Jean-Denis Malclès, tailleur en habits d’humour, quitte ce monde en 2002. François Soubeyran le suit de près, sans doute pour vérifier les coutures de ses ailes. Puis les frères Bellec s’en vont, l’un après l’autre, avec une ponctualité presque suisse. Paul Tourenne, fidèle jusqu’à la dernière note, s’éclipse en 2016 à Montréal — preuve que même les Jacques ont besoin d’un peu d’exil pour mourir tranquilles. Enfin, Hubert Degex, le dernier pianiste, rend les touches en 2021, à 92 ans, après avoir sans doute trouvé une partition d’éternité en ré majeur.
 La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve leurs chapeaux, leurs partitions et même leurs coupures de presse — tout ce qu’il faut pour organiser un sabbat érudit. Il ne manque que le son de leurs voix et le rire suspendu entre deux couplets. Leur répertoire, quant à lui, relève de la haute voltige intellectuelle : ils ont tout chanté, du général Castagnetas à la confiture , du Complexe de la truite (de Schubert) au derrière du peuple (voir La Digue du cul , œuvre d’intérêt public). Ils ont prouvé qu’on pouvait philosopher en collant des grimaces sur des vers de Prévert, et pleurer d’émotion tout en chantant des sottises. Ainsi s’achève cette chronique du souvenir. Les Frères Jacques ? Des poètes de velours à la boutonnière, des funambules du calembour, des anges qui savaient rimer avec dingue . Et s’ils nous entendent — là-haut, dans la stratosphère mélodique — qu’ils sachent une chose : le monde est bien triste depuis qu’il ne fait plus le Jacques.
par Jean-Renaud Cuaz 25 octobre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE NOVEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 30 septembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’OCTOBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 septembre 2025
Fin septembre, les Automn’Halles lanceront leur 16e édition. Seize années qu’un pari un peu fou a pris vie : celui de faire vibrer une île singulière au rythme des mots, de la lecture, de la musique et de la peinture. Depuis quatre ans, la reconnaissance officielle du Centre National du Livre est venue confirmer ce que les Sétois savaient déjà : que ce festival a gagné sa place dans le paysage littéraire national. Des partenaires fidèles — le réseau des Médiathèques de l’Agglo, le musée Paul Valéry, les librairies, le Plateau, l’Amadeus et désormais la Maison Régionale de la Mer — apportent leurs sites, leurs énergies. Grâce à eux, la littérature s’installe partout, elle respire dans chaque recoin de la ville, elle s’offre au plus grand nombre. Durant cinq jours, les auteurs se disperseront comme autant de semeurs de songes. Dans les classes, pour éveiller les élèves à la puissance des mots. Dans les espaces de rencontre, pour échanger directement avec leurs lecteurs. Dans les dédicaces, pour ce moment simple et rare où une phrase manuscrite scelle un souvenir. Le programme est riche, multiple, ouvert. Il accueille des figures déjà consacrées, et des voix nouvelles qui montent, prometteuses et fragiles. Il fait place aux auteurs et éditeurs locaux et régionaux, car la littérature vit aussi des racines qui nourrissent son terreau. Il tend la main aux talents en herbe, avec son Concours de nouvelles. Pendant cinq jours, Sète se transforme en une île de papier et de voix, où chaque rencontre devient une aventure, chaque lecture un voyage, chaque instant une célébration. Nous dédions cette édition des Automn’Halles à un auteur que nous avons accueilli au Crac en 2022. Boualem Sansal est emprisonné depuis plus de dix mois par un pouvoir totalitaire. Condamné pour exercice illégal de… sa liberté de penser et d’écrire. En appel de sa condamnation le 24 juin dernier, l’écrivain âgé et malade lâchait devant un tribunal de façade : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là » . Yves Izard animait la rencontre avec l’auteur de Abraham ou La Cinquième Alliance paru aux Éditions Gallimard en 2020. En charge avec une équipe des Automn’Halles des relations avec les écrivains et les éditeurs, Yves va vous dire quelques mots sur cette rencontre à laquelle certains d’entre vous ont assistée. Boualem a dû laissé une belle empreinte dans vos mémoires. Les Automn’Halles… Ce pourrait être un titre-valise inventé par Erik Satie pour une de ses mystérieuses pièces musicales. On entendrait presque dans nos halles, haranguer : mercredi je peux pas, j’ai gymnopédie ! La question que vous êtes en droit de vous poser, c’est… qu’ont donc en commun Erik Satie et la littérature? Outre le fait qu’Alfred Satie, son père, fut un temps éditeur… Noble métier, s’il en est… Je répondrai qu’après tout, nous recevons samedi Hubert Haddad, l’auteur de… la Symphonie atlantique . Pour le clou de ce festival, car Il faut toujours un clou dans un festival qui se respecte, j’hésite entre… Laurent Mauvignier, l’aspirant au Goncourt, et Michel Zambrano, le sauveteur aux ondes courtes… Lequel nous lira des inédits vendredi à bord de l’Amadeus. Laurent Mauvignier, lui, nous fera l’inventaire de la Maison vide à la Maison de la Mer lors du premier grand entretien demain. L’inventaire d’une maison vide, ça devrait être court me direz-vous… Mais comme c’est Laurent Cachard qui se charge de l’animer, vous en aurez pour votre argent, même si l’entrée est gratuite. C’est simple, les Éditions de Minuit ne jurent que par Mauvignier et ne changeraient pas un traitre-mot de leur auteur fétiche. Je rapprocherais Erik Sati de… Jules Verne, dont nous accueillons samedi l’arrière-petit-fils, Jean Verne, pour les 150 ans de la parution de l’Île mystérieuse . Erik Satie prétendait faire de la musique d’ameublement, allant jusqu’à l’assimiler à du papier peint musical. De là à parler de papier peint littéraire il n’y a qu’un lai à tourner, un pas que des érudits franchissent à propos de Jules Verne. On objectera qu’il y a des papiers peints qui font voyager. Mais je préfère laisser les exzézettes , comme on dit ici, s’exprimer. Pianiste-concertiste international et musicologue, Jean-Pierre Armengaud est également l’auteur d’une colossale biographie du compositeur de Parade , que vous pouvez vous procurer ici ou à la librairie Gavaudan. Jean-Pierre Armengaud va nous rythmer cette rencontre par des illustrations musicales de Satie jouées au piano. À ses côtés, Patrice Legay animera cette soirée. Patrice est musicien et préside l’AMA Languedoc, l’association des Musiciens Amateurs du Languedoc. L’AMA Languedoc animera ici même demain de 10h à 12h une Master Classe de Jean-Pierre Armengaud avec des œuvres de Satie jouées au piano et chantées. Puis à la Médiathèque Mitterrand… le concert Erik Satie vendredi de 18h à 19h30 et la clôture des Automn’Halles dimanche à 18h, un Clin d’œil à Satie par le groupe de jazz Les Smiles. Je terminerai par un précepte que je fais mien : « Je ne me reconnais pas le droit d’abuser des instants de mes contemporains » disait le plus littéraire des compositeurs, celui qu’Alphonse Allais appelait Esoterik Satie. Merci et belles Automn’Halles à toutes et à tous ! Jean-Renaud Cuaz Président du Festival du Livre de Sète – Les Automn’Halles
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
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par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
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