LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AVRIL
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

FESTIVAL DU DESSIN

Du 12 avril au 11 mai

Arles


Cette troisième édition aura pour tête d’affiche Jean-Michel Folon, le premier illusionniste à faire voler les livres. Le Museon Arlaten révèle, à travers une centaine de dessins, l’étonnante polyphonie de cet artiste aussi inclassable qu’immédiatement reconnaissable, qui, en quelques traits, montre toute l’absurdité de la guerre, le saccage des forêts, l’invasion des machines, mais aussi la mystérieuse et somptueuse harmonie du monde. Pour les 30 ans du musée départemental Arles Antique, le Festival du dessin propose deux expositions de l’artiste Colette Renée Portal, première épouse de Folon. Née en 1936, initiée à l’histoire de l’art, elle étudia le dessin et la peinture à l’huile chez les sœurs Coutant tout en explorant la photographie. 

Ailleurs, une grande exposition à la gloire du dessin d’humour, une sélection exceptionnelle d’estampes japonaises provenant des Collections de la Bibliothèque nationale de France, une exposition de dessins dédiés à l’art culinaire ou encore 150 dessins de la prestigieuse Collection Antoine de Galbert.

Des débats, des rencontres, des visites guidées, des ateliers, des projections de films et des concerts ponctueront cette édition sur toute sa durée.


Toutes les expos à travers laPetite Rome de Gaule

Les 17 lieux, de l’Espace Van Gogh au musée de Provence

Philippe Judlin et Annie Lacour

dans le cadre du Festival du dessin

Du 12 avril au 10 mai

Galerie Le Corridor à Arles


Les deux séries de dessins que nous propose Philippe Judlin ont en commun l’utilisation de supports pauvres recouverts de couleurs vives. Pour dessiner ses grands formats, l’artiste s’inspire du concept mathématique des fractales, structures complexes, dont la beauté réside dans la répétition infinie de motifs à différentes échelles.

Stromboli, Histoires naturelles, Intérieur-jour, Nature morte, Roches, ce sont les différentes séries de dessins qu’Annie Lacour (photo : Roche, 2019) nous donne à voir. Les choses vues sont le chemin du dessin pour celle qui exécute ses dessins dans un temps bref, toujours sur le motif. Et depuis quelques années, approche le sujet au pinceau pour des œuvres en noir et blanc.


Vernissage samedi 12 avril de 15h à 20h

Du mercredi au samedi : 15h-19h et sur rendez-vous


La galerie Le Corridor

Contact : lecorridorac@gmail.com

04 90 43 63 62 / 06 81 17 94 89

Instagram : lecorridor_arles


Galerie Le Corridor

3 rue de la Roquette, Arles

Rendre visible

Exposition Reichel, Klee, Discrit, Finel

Du 19 avril au 31 août

Musée de Lodève


Cette exposition est d’abord une rencontre avec l’œuvre de Hans Reichel (1892-1958), son univers sensible, poétique, et son impressionnante maîtrise technique de l’aquarelle. À ses débuts, le peintre, venu s’installer à Paris après la première Guerre Mondiale, a été influencé par Paul Klee, son aîné de 13 ans et voisin d’atelier. Chacun a ensuite suivi sa propre voie mais ils sont restés amis. C’est la première fois que leurs œuvres sont réunies dans une exposition. 

Les peintures de Paul Klee (1879-1940) sont extrêmement fragiles ; les musées et collectionneurs hésitent beaucoup avant de les prêter pour une exposition. Sept œuvres de l'artiste à découvrir à Lodève, c’est un événement en soi. 

Comme Paul Klee, Julien Discrit (né en 1978) et Anne-Charlotte Finel (née en 1986) s’inspirent de la science. Pour Discrit, de la géographie, la géologie, la neurologie, créant un télescopage entre le passé et le futur. Pour Finel, des vidéos qui abordent les questions difficiles et cruciales de l’effondrement de la biodiversité et des rapports entre les humains et les autres êtres vivants.


Ouvert tous les jours sauf le lundi 10h30-13h et 14h-18h

Tel : 04 67 88 86 10

Contact : museelodeve@lodevoisetlarzac.fr

Billetterie


Musée de Lodève

Square Georges Auric

Les Rencontres de l’Amadeus

L’aventure de l’Amadeus et des morutiers

Jeudi 3 avril à 18h

À bord de l’Amadeus à Sète


Deuxième table ronde des Rencontres de l’Amadeus animée par son propriétaire, Jean-Christophe Causse. Le capitaine connaît l’histoire de son morutier depuis son origine, un chantier hollandais en 1910. Trois armements sétois basés à Fécamp avaient fait de la pêche à la morue une activité florissante dans les eaux de Terre-Neuve et de la mer du Nord. Plus vieux gréement sétois, ce ketch aurique en est un des derniers acteurs. Il a connu, comme le Belem, de nombreuses vies que raconte Jean-Christophe Causse dans son livre, Amadeus, le livre de bord, qui sera proposé à la vente lors de la table ronde. Laquelle sera offerte au chapeau, et se terminera par une dégustation de produis de la mer, dont une brandade de morue sétoise, spécialité de notre partenaire Azaïs-Polito.


Réservations au 06 41 01 44 31

b.causse@voilier-amadeus.com

ou sur helloasso


Quai de la République à Sète

Eschaton – Anselm Kiefer Foundation

Du 9 avril au 2 août

La Ribaute à Barjac


Eschaton—Fondation Anselm Kiefer a pour mission de promouvoir l’héritage artistique de son fondateur, Anselm Kiefer, tout en conservant et cataloguant ses archives et en préservant La Ribaute, son ancien atelier-résidence à Barjac, en France, pour les générations futures. Eschaton encourage l’appréciation et la compréhension de l’art contemporain en organisant et en soutenant des expositions, en facilitant les projets de recherche et les publications, et en présentant au public les œuvres de Kiefer ainsi que celles d’autres artistes à La Ribaute. Le nom de la Fondation, Eschaton, fait référence à la nature cyclique de la vie et au concept selon lequel la création et la renaissance naissent des ruines et sont rendues possibles par la disparition et la destruction, un leitmotiv important dans la pratique artistique d’Anselm Kiefer.


Le site de la Fondation

Contact

Billetterie de La Ribaute


La Ribaute, Anselm Kiefer studio museum, Barjac

Concerts de la Saint Georges
Samedi 19 et dimanche 20 avril

Salle Tarbouriech du Théâtre de la Mer à Sète


La saint Georges, sur l’île singulière, c’est précisément la Saint Brassens, icône vénérée de tous Sétois depuis leur naissance, avant même que ne s’affinent leurs esgourdes. Deux soirées de créations musicales originales :


Samedi 19 avril à 20h

Ève Jeca Trio - Le Chat de Georges : Un chat se souvient de ses années passées auprès de son ami Georges Brassens. Au gré de sa promenade, on plonge avec lui dans ses souvenirs. L’occasion de (re)découvrir quelques-unes des plus belles chansons de l’artiste. Un trio né de la rencontre entre une chanteuse et deux jazzmen, réunis par l’œuvre de Brassens, en l’agrémentant d’influences jazz.


Dimanche 20 avril à 17h

Tom Torel - Les Trois Georges : Georges Brassens, Georges Chelon, Georges Moustaki

D’un Georges à l’autre, on aura le plaisir de se délecter du ciselé des mots, de la finesse sensible des écritures, de la profondeur des thèmes et des sentiments déployés, comme de l’infinie variété musicale de 24 chansons empruntées à leurs trois répertoires. Tom Torel guitare et voix, Laurent Zullo guitare manouche et folk, Jean Philippe Cazenove contrebasse.


Entrées : 1 spectacle 15 € - Adhérents Club 12 € / 2 spectacles 25 € - Adhérents Club 20 €

Pour les 2 soirées, réservation clubgbrassens@gmail.com

ou sur helloasso


Salle Tarbouriech du Théâtre de la Mer 

Promenade Maréchal Leclerc à Sète

Charlie Chaplin with a smile

Jeudi 17 avril à 19h

Vendredi 18 avril à 20h

Opéra Berlioz à Montpellier


Le jeune Chaplin avait 20 ans quand il reçut l’un des plus beaux compliments qu’il pouvait espérer, de la bouche de Debussy : « Vous êtes d’instinct un musicien et un danseur ». Il est vrai qu’il jouait en autodidacte piano, violon et violoncelle, qu’il composa lui-même les musiques de la plupart de ses films… Et se vit décerner en 1973 un Oscar de la meilleure musique de film pour Les Feux de la rampe. Dans un ciné-concert alliant images iconiques et inédites, l’Orchestre national de Montpellier rend donc un hommage nécessaire au talent musical de Charlot.


Durée : ±1h45 avec entracte
Tarif : de 18€ à 20€ / – 16ans : 10€

Le teaser sur Vimeo

Billetterie :

Guichet Opéra Comédie du mardi au samedi 10h-13h et 14h-18h
Par email :
location.opera@oonm.fr
Par téléphone :
04 67 60 19 99


Opéra Berlioz

440 Esplanade Charles de Gaulle, Montpellier

Café littéraire : rencontre avec René Frégni

Vendredi 11 avril à 18h

Médiathèque Mitterrand à Sète


Dans le cadre de son Café littéraire, Tino Di Martino reçoit le romancier René Frégni, auteur d’une importante œuvre littéraire qui comprend notamment Les Chemins noirs (Prix populiste 1989), Tu tomberas avec la nuit (Prix Nice Baie des Anges 2008), La Fiancée des corbeaux (Prix Jean Carrière 2011), Elle danse dans le noir (Prix Paul Léautaud 1998) et Minuit dans la ville des songes (Prix Malesherbes, le libraire du roi 2022). René Frégni présentera son livre Déserter, publié en 2024 dans la collection Versant intime des éditions Arthaud. Dirigée par Fabrice Lardreau, cette collection propose des entretiens avec de grandes figures des lettres, des arts, des sciences ou du voyage, qui évoquent leur attachement passionné à la nature. 


Entrée libre

Médiathèque F. Mitterrand

Boulevard Danielle Casanova, Sète

Documentaires des Amis du Musée Paul Valéry

Jeudi 10 avril à 17h : La galerie du temps Louvre-Lens

Dimanche 27 avril à 15h : Le sculpteur César, l’art et la matière

Médiathèque F. Mitterrand

Musée Paul Valéry à Sète


Les Amis du Musée Paul Valéry ont programmé pour ce mois d’avril :

Jeudi 10 avril à 17h Documentaire La galerie du temps Louvre-Lens de Michaël Gaumnitz à la Médiathèque

Mardi 15 et vendredi 25 avril Visites guidées de l'exposition En dépôt au musée Paul Valéry

Dimanche 27 avril à 15h Documentaire le sculpteur César, l'art et la matière de Sandra Paugam au musée Paul Valéry


Entrée libre

Médiathèque F. Mitterrand

Boulevard Danielle Casanova, Sète

Musée Paul Valéry

148 rue François Desnoyer, Sète

Richarme et Maguelone
Jusqu’au 28 avril

Cathédrale de Maguelone


Dans un entretien avec Max Rouquette en 1984, Colette Richarme (1904-1991) révélait avoir découvert un parallèle entre la construction de ses marines et celle des peintures de Turner : « Quel a été mon ahurissement, dans ces trois étages du Grand Palais… Dans toutes les toiles, je voyais tout ce que j’avais mis en pratique chez moi. J’étais abasourdie. Ce fut un bonheur merveilleux ». Un plongeon dans l’œuvre d’une artiste qui, malgré son talent, se vit opposer une fin de non-recevoir après avoir voulu rejoindre le groupe Montpellier-Sète, école de peinture qui se délita avant d’oser la mixité. Le musée Paul Valéry à Sète regroupe la plus grande collection de ses œuvres—88 toiles et 7 carnets—après le musée Fabre de Montpellier.


5 visites guidées programmées :

  • Dimanche 9 mars à 15h
  • Samedi 22 mars à 15h
  • Samedi 12 avril à 11h et 15h
  • Dimanche 27 avril à 15h

Inscription sur info@richarme.fr

Informations sur l’exposition 


Cathédrale de Maguelone

Domaine de Maguelone, Villeneuve-lès-Maguelone

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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par Jean-Renaud Cuaz 29 novembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 13 novembre 2025
De l’obscurité des music-halls à l’obscurantisme des mollah, des Parapluies de Cherbourg aux machettes de boucher, des Tontons flingueurs aux massacreurs du Bataclan… il n’aura fallu qu’une soixantaine d’années. Les justaucorps jacquard et chapeaux melon ont fait place aux amples cafetans et coiffures d’imam qui peinent à cacher le sang d’un islamofrérisme rampant et son faux frère, l’islamo-gauchisme. Il y a quatre-vingts ans, la guerre, lassée de tant de vacarme, s’en est allée finir ailleurs. Les ondes radiophoniques, jusque-là traumatisées par les sirènes, reprennent du service : elles décident de diffuser autre chose que des alertes. Le 26 mai 1945 , on cherche un quatuor vocal pour mettre un peu de facétie. Quatre jeunes gens se présentent, aussi dégingandés qu’enthousiastes. On leur demande leur nom : ils n’en ont pas. — Appelez-nous les Frères Quelque Chose , proposent-ils avec modestie. Un technicien, homme d’un grand sens du hasard, s’écrie Les Frères Jacques ! Et l’affaire est faite, aussi vite qu’un jeu de mots en goguette. Le nom fleure bon la chanson enfantine et la plaisanterie potache, parfait pour faire les pitres avec gravité. Ils chantent, gesticulent, font le Jacques avec l’élégance d’un sémaphore en délire. Un soir, entre deux refrains et trois nœuds papillon, ils croisent Francis Blanche, qui leur écrit des textes où l’intelligence fait des claquettes. Leur premier répertoire ? Un buffet à volonté : folklore, negro spirituals, chants religieux, le tout saupoudré de synchronisation labiale approximative. En 1948 sort leur premier 78 tours, à une époque où la musique tournait plus lentement et durait plus longtemps. Le succès vient, trébuchant mais poli, et c’est Jacques Canetti qui, tel un bon génie en complet sombre, les propulse dans la lumière des projecteurs. Les voilà chantant sur des ondes enfin réconciliées avec l’humanité. Le 3 janvier 1982, un drame national — que dis-je, cosmique — s’est joué au Théâtre de l’Ouest parisien : les Frères Jacques ont décidé d’arrêter de chanter. Les âmes sensibles ont aussitôt crié au scandale, les autres ont continué à mâcher leur cacahuète, car c’était un dimanche. À la fin du spectacle, quatre chapeaux comiques ont salué le public avant de disparaître dans les coulisses. On raconte qu’ils se sont séparés pour vaquer à leurs occupations. J’en ai interrogé un : il comptait élever des silences en batterie. Un autre envisageait d’ouvrir un magasin de chaussettes pour mains, parce que les gants, c’est surfait . Pendant ce temps, leur pianiste Pierre Philippe, brave homme à doigts multiples, a décidé en 1995 de donner son dernier concert... à Saint-Bouize. Lieu prédestiné, car Saint-Bouize, comme son nom l’indique, est la capitale mondiale du soupir discret. En 1996, au Casino de Paris, on leur rend hommage. Cinq-mille spectateurs émus, pas une seule caméra. C’est dire si la télévision sait se tenir. Elle préfère filmer des débats sur la cuisson du flan plutôt que la gloire des artistes. Les années filent ensuite comme des croches sans mesure. Jean-Denis Malclès, tailleur en habits d’humour, quitte ce monde en 2002. François Soubeyran le suit de près, sans doute pour vérifier les coutures de ses ailes. Puis les frères Bellec s’en vont, l’un après l’autre, avec une ponctualité presque suisse. Paul Tourenne, fidèle jusqu’à la dernière note, s’éclipse en 2016 à Montréal — preuve que même les Jacques ont besoin d’un peu d’exil pour mourir tranquilles. Enfin, Hubert Degex, le dernier pianiste, rend les touches en 2021, à 92 ans, après avoir sans doute trouvé une partition d’éternité en ré majeur.
 La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve leurs chapeaux, leurs partitions et même leurs coupures de presse — tout ce qu’il faut pour organiser un sabbat érudit. Il ne manque que le son de leurs voix et le rire suspendu entre deux couplets. Leur répertoire, quant à lui, relève de la haute voltige intellectuelle : ils ont tout chanté, du général Castagnetas à la confiture , du Complexe de la truite (de Schubert) au derrière du peuple (voir La Digue du cul , œuvre d’intérêt public). Ils ont prouvé qu’on pouvait philosopher en collant des grimaces sur des vers de Prévert, et pleurer d’émotion tout en chantant des sottises. Ainsi s’achève cette chronique du souvenir. Les Frères Jacques ? Des poètes de velours à la boutonnière, des funambules du calembour, des anges qui savaient rimer avec dingue . Et s’ils nous entendent — là-haut, dans la stratosphère mélodique — qu’ils sachent une chose : le monde est bien triste depuis qu’il ne fait plus le Jacques.
par Jean-Renaud Cuaz 25 octobre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE NOVEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 30 septembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’OCTOBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 septembre 2025
Fin septembre, les Automn’Halles lanceront leur 16e édition. Seize années qu’un pari un peu fou a pris vie : celui de faire vibrer une île singulière au rythme des mots, de la lecture, de la musique et de la peinture. Depuis quatre ans, la reconnaissance officielle du Centre National du Livre est venue confirmer ce que les Sétois savaient déjà : que ce festival a gagné sa place dans le paysage littéraire national. Des partenaires fidèles — le réseau des Médiathèques de l’Agglo, le musée Paul Valéry, les librairies, le Plateau, l’Amadeus et désormais la Maison Régionale de la Mer — apportent leurs sites, leurs énergies. Grâce à eux, la littérature s’installe partout, elle respire dans chaque recoin de la ville, elle s’offre au plus grand nombre. Durant cinq jours, les auteurs se disperseront comme autant de semeurs de songes. Dans les classes, pour éveiller les élèves à la puissance des mots. Dans les espaces de rencontre, pour échanger directement avec leurs lecteurs. Dans les dédicaces, pour ce moment simple et rare où une phrase manuscrite scelle un souvenir. Le programme est riche, multiple, ouvert. Il accueille des figures déjà consacrées, et des voix nouvelles qui montent, prometteuses et fragiles. Il fait place aux auteurs et éditeurs locaux et régionaux, car la littérature vit aussi des racines qui nourrissent son terreau. Il tend la main aux talents en herbe, avec son Concours de nouvelles. Pendant cinq jours, Sète se transforme en une île de papier et de voix, où chaque rencontre devient une aventure, chaque lecture un voyage, chaque instant une célébration. Nous dédions cette édition des Automn’Halles à un auteur que nous avons accueilli au Crac en 2022. Boualem Sansal est emprisonné depuis plus de dix mois par un pouvoir totalitaire. Condamné pour exercice illégal de… sa liberté de penser et d’écrire. En appel de sa condamnation le 24 juin dernier, l’écrivain âgé et malade lâchait devant un tribunal de façade : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là » . Yves Izard animait la rencontre avec l’auteur de Abraham ou La Cinquième Alliance paru aux Éditions Gallimard en 2020. En charge avec une équipe des Automn’Halles des relations avec les écrivains et les éditeurs, Yves va vous dire quelques mots sur cette rencontre à laquelle certains d’entre vous ont assistée. Boualem a dû laissé une belle empreinte dans vos mémoires. Les Automn’Halles… Ce pourrait être un titre-valise inventé par Erik Satie pour une de ses mystérieuses pièces musicales. On entendrait presque dans nos halles, haranguer : mercredi je peux pas, j’ai gymnopédie ! La question que vous êtes en droit de vous poser, c’est… qu’ont donc en commun Erik Satie et la littérature? Outre le fait qu’Alfred Satie, son père, fut un temps éditeur… Noble métier, s’il en est… Je répondrai qu’après tout, nous recevons samedi Hubert Haddad, l’auteur de… la Symphonie atlantique . Pour le clou de ce festival, car Il faut toujours un clou dans un festival qui se respecte, j’hésite entre… Laurent Mauvignier, l’aspirant au Goncourt, et Michel Zambrano, le sauveteur aux ondes courtes… Lequel nous lira des inédits vendredi à bord de l’Amadeus. Laurent Mauvignier, lui, nous fera l’inventaire de la Maison vide à la Maison de la Mer lors du premier grand entretien demain. L’inventaire d’une maison vide, ça devrait être court me direz-vous… Mais comme c’est Laurent Cachard qui se charge de l’animer, vous en aurez pour votre argent, même si l’entrée est gratuite. C’est simple, les Éditions de Minuit ne jurent que par Mauvignier et ne changeraient pas un traitre-mot de leur auteur fétiche. Je rapprocherais Erik Sati de… Jules Verne, dont nous accueillons samedi l’arrière-petit-fils, Jean Verne, pour les 150 ans de la parution de l’Île mystérieuse . Erik Satie prétendait faire de la musique d’ameublement, allant jusqu’à l’assimiler à du papier peint musical. De là à parler de papier peint littéraire il n’y a qu’un lai à tourner, un pas que des érudits franchissent à propos de Jules Verne. On objectera qu’il y a des papiers peints qui font voyager. Mais je préfère laisser les exzézettes , comme on dit ici, s’exprimer. Pianiste-concertiste international et musicologue, Jean-Pierre Armengaud est également l’auteur d’une colossale biographie du compositeur de Parade , que vous pouvez vous procurer ici ou à la librairie Gavaudan. Jean-Pierre Armengaud va nous rythmer cette rencontre par des illustrations musicales de Satie jouées au piano. À ses côtés, Patrice Legay animera cette soirée. Patrice est musicien et préside l’AMA Languedoc, l’association des Musiciens Amateurs du Languedoc. L’AMA Languedoc animera ici même demain de 10h à 12h une Master Classe de Jean-Pierre Armengaud avec des œuvres de Satie jouées au piano et chantées. Puis à la Médiathèque Mitterrand… le concert Erik Satie vendredi de 18h à 19h30 et la clôture des Automn’Halles dimanche à 18h, un Clin d’œil à Satie par le groupe de jazz Les Smiles. Je terminerai par un précepte que je fais mien : « Je ne me reconnais pas le droit d’abuser des instants de mes contemporains » disait le plus littéraire des compositeurs, celui qu’Alphonse Allais appelait Esoterik Satie. Merci et belles Automn’Halles à toutes et à tous ! Jean-Renaud Cuaz Président du Festival du Livre de Sète – Les Automn’Halles
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUILLET Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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