LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE MARS
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

HOMMAGE AU POÈTE OCCITAN MAX ROUQUETTE

Jusqu’au 14 mai

Montpellier, Le Crès, Clapiers, St-Jean-de-Védas


À sa disparition il y a 20 ans, il fut tambouriné par Le Monde plus grand écrivain de langue d’oc. Un recueil de courts récits intitulé Vert Paradis, ayant pour cadre les garrigues de l’arrière-pays montpelliérain, est considéré comme son chef-d’œuvre. Le poète Max Rouquette, son œuvre et sa mémoire, seront célébrés tout au long de l’année 2025. Une programmation littéraire et artistique, divertissante, scientifique et même sportive, rendra hommage à un auteur fédérateur, ancré dans son territoire autant que dans les frontons du jeu de balle au tambourin qu’il affectionnait. Les tonneliers de Mèze, entre deux demi-muids, en étaient les premiers fabricants.

 

Du 6 mars au 29 mars 

Exposition éphémère et sonore : la poésie volcanique

Lac Jean-Marie Rouché, Le Crès


Vendredi 7 mars à 19h

Conférence : Max Rouquette et l’occitanisme

Espace culturel Jean Penso, Clapiers

Inscriptions 04 67 55 90 70


Mardi 18 mars à 18h

Table-ronde : traduire la littérature contemporaine occitane

Université Paul Valéry : Site Saint-Charles 2

Possibilité de suivre la rencontre en visio-conférence

Richarme et Maguelone

Jusqu’au 28 avril

Cathédrale de Maguelone


Dans un entretien avec Max Rouquette en 1984, Colette Richarme (1904-1991) révélait avoir découvert un parallèle entre la construction de ses marines et celle des peintures de Turner : « Quel a été mon ahurissement, dans ces trois étages du Grand Palais… Dans toutes les toiles, je voyais tout ce que j’avais mis en pratique chez moi. J’étais abasourdie. Ce fut un bonheur merveilleux ». Un plongeon dans l’œuvre d’une artiste qui, malgré son talent, se vit opposer une fin de non-recevoir après avoir voulu rejoindre le groupe Montpellier-Sète, école de peinture qui se délita avant d’oser la mixité. Le musée Paul Valéry à Sète regroupe la plus grande collection de ses œuvres—88 toiles et 7 carnets—après le musée Fabre de Montpellier.


5 visites guidées programmées :

  • Dimanche 9 mars à 15h
  • Samedi 22 mars à 15h
  • Samedi 12 avril à 11h et 15h
  • Dimanche 27 avril à 15h

Inscription sur info@richarme.fr

Informations sur l’exposition 


Cathédrale de Maguelone

Domaine de Maguelone, Villeneuve-lès-Maguelone

Les chats de Dubout

Jusqu’au 28 mars

Musée Dubout à Palavas-les-Flots


En un demi-siècle, Albert Dubout (1905-1976) a dessiné dans près de 250 journaux et revues ! Une boulimie, à l’image de son modèle fétiche, qui vit passer toute la société sous son crayon : malfrats, bourgeois, prostituées, gendarmes, couples infidèles, foules entortillées—qu’il travaillait à la loupe, sans esquisse préparatoire—et les chats. Il en avait une dizaine, les seuls autorisés à pénétrer dans son atelier. Nombreux sont les caricaturistes d’aujourd’hui qui lui doivent une fieffée chandelle. Cabu confiait : je recopiais ses dessins à douze ans comme on recopie un Rembrandt au Louvre. Pour Wolinski, Dubout est au dessin humoristique ce que Victor Hugo est aux Misérables. Il fait rire, même les imbéciles. Jusqu’à Walt Disney qui lui proposa de rejoindre ses studios. 


Du mardi au dimanche de 14h à 17h

Entrée 5€

Informations et réservations 04 67 68 56 41

ou musee@palavaslesflots.com


Musée Albert Dubout

Redoute de Ballestras, Palavas-les-Flots

Gustave Fayet, illustrateur de Poésie

Du 7 mars au 9 avril 2025

Médiathèque André Malraux à Béziers


Fontfroide dans l’œil de Gustave Fayet

Du 20 mars au 30 novembre

Abbaye de Fonfroide à Narbonne


Gustave Fayet en Provence

Jusqu’au 31 octobre

Museon Arlaten à Arles


Le journaliste, critique d’art et co-fondateur du Goncourt, Gustave Geffroy disait de lui : Un artiste de haut mérite…Il se nomme Gustave Fayet, il était inconnu hier, il sera célèbre demain quand on aura vu ses œuvres. Toujours peu connu du grand public, Gustave Fayet (1865-1925) a pourtant marqué de son empreinte tous les domaines dans lesquels il s’est aventuré. À l’occasion du centenaire de sa disparition, l’association Musée d’Art Gustave Fayet à Fontfroide (MAGFF) s’associe à de nombreuses institutions pour rendre hommage à cette figure centrale de l’histoire de l’art moderne. Portée par une programmation culturelle ambitieuse (expositions, concerts, colloques) et de nombreuses publications, la Saison du centenaire Gustave Fayet explore les multiples facettes de cet artiste et collectionneur biterrois. 


Une vie pour l’art : Gustave Fayet raconté par sa fille Yseult


Médiathèque André Malraux

1 place du 14 Juillet, Béziers


Abbaye de Fontfroide

RD 613 Chemin de Fontfroide, Narbonne


Museon Arlaten

29 rue de la République, Arles

Tosca

Vendredi 7 mars à 20h

Théâtre Molière à Sète


Créé d’après La Tosca, pièce de Victorien Sardou et Sarah Bernhardt, Tosca fut un échec lors de sa représentation par Puccini à Rome, en 1900. Le purgatoire de cet opéra en 3 actes dura 8 ans au bout duquel, Alea Jacta est, ce drame mythique et populaire, bouleversant d’intensité théâtrale, devient un grand chef-d’œuvre intemporel. Repris en 1965 avec Maria Callas au mythique Covent Garden de Londres, Tosca arrive 60 ans plus tard, au théâtre Molière de Sète. La soprano Axelle Fanyo, née en 1989 d’un père togolais et d’une mère antillaise, reprend le flambeau d’une poigne fascinante et assurée. La récipiendaire du Grand Prix 2021 du Concours international Nadia et Lili Boulanger y déploie tout son talent dans une version concise, mettant en scène la bataille d’Eros et Thanatos. Pour Fiora Tosca, les dés sont jetés.


Tarifs : de 15€ à 38€

Durée : 1h40

Billetterie en ligne


Théâtre Molière

Avenue Victor Hugo, Sète

Café littéraire : rencontre avec Éric Fottorino
Jeudi 13 mars à 18h

Médiathèque Mitterrand à Sète


Dans le cadre de son Café littéraire, Tino Di Martino reçoit le romancier et journaliste Éric Fottorino pour son roman Mon enfant, ma sœur, publié aux éditions Gallimard. Ce monologue sensible, long poème en prose, se transforme peu à peu en une sidérante enquête qui conduira le narrateur sur la trace de sa sœur disparue. Éric Fottorino continue sa bouleversante recherche d’identité entamée en 1991 avec Rochelle, et poursuivie depuis avec Korsakov et L’homme qui m’aimait tout bas. En partenariat avec l’association Lire, Dire.


Médiathèque Mitterrand

Boulevard Danielle Casanova, Sète

Pire est la mer que les déserts

Mercredi 26 mars à 18h

Maison Régionale de la Mer à Sète


À Sète, la mer a sa maison, sur le quai Régy. L’ancien palais consulaire accueille le poète Pierre Ech-Ardour pour son recueil Pire est la mer que les déserts publié aux éditions Domens. L’avant-propos est signé Jean-Claude Gayssot. Les poèmes seront lus par Pascale Goëta. Des intermèdes musicaux de Marcel Camill’ seront suivis d’une dédicace du recueil et d’une collation.


Accueil du public à partir de 17h30

Entrée libre dans la limite des places disponibles après inscription obligatoire avec mention des noms et prénoms par email : pireestlamerquelesdeserst@gmail.com


Maison Régionale de la Mer

Entrée Tribunal de Commerce

2 quai Philippe Régy, Sète

Festival Flamenco

Du 13 au 23 mars

Béziers


Une cité irriguée par une histoire deux fois millénaire, le sera, en ce mois de mars, par un folklore venu de Séville aussi illustre. Le Festival Flamenco y pose ses castagnettes pour 11 jours de danses, récitals de chant, ateliers d’art, bal sévillan… Au cœur des festivités, Ana Pérez Servius, danseuse encensée dans les tablaos flamencos, avec, sur ses talons endiablés, les artistes Los Gallos, El Arenal, El Cordobés.


Tarifs : de 11€ à 16,50€

Tél. : 04 67 36 82 82


Théâtre municipal

Allée Paul Riquet, Béziers


Théâtre des Franciscains

13 boulevard Bertrand Du Guesclin, Béziers

20 000 lieux sous les mers

Vendredi 21 et samedi 22 mars à 20h

Théâtre Molière à Sète


Embarquez à bord du Nautilus et fermez les écoutilles. Cette féerie subaquatique raconte une autre histoire du capitaine Nemo et de son équipage, adaptée du roman de Jules Verne. À travers leurs créations hybrides entre deux eaux—poissons, méduses, poulpe géant—la plasticienne Valérie Lesort et le comédien Christian Hecq mettent en scène des marionnettes, des machines et des acteurs. Cet enchantement fantasmagorique a reçu en 2016 le Molière de la meilleure création visuelle et le Prix de la Critique du meilleur créateur d’éléments scéniques. Une production Scène Nationale Archipel de Thau.


Tarifs : de 8€ à 33€

Billetterie en ligne

Durée : 1h20

Tél. 04 67 74 02 02

tmsete.com


Théâtre Molière

Avenue Victor Hugo, Sète

Dames : Exposition Grâce Pégéron
Jusqu’au 18 avril

Le Piano-tiroir à Balaruc-les-Bains


« Au sein de la Grande Histoire, chaque individu porte en lui son propre récit, unique et singulier. Ce sont les défis de chacun que capturent mes portraits, dévoilant des profondeurs inattendues. Pour cette exposition, toutes les femmes choisies pour modèle ont laissé une empreinte dans l’Histoire. Certaines ont été acclamées pour leur réalisation, d’autres ont été marginalisées, ignorées ou réprimées par les conventions de leur temps. Quels portraits vous toucheront ? Quelles émotions viendront à vous ? Explorez votre sensibilité et vivez la puissance de ces récits individuels ».


Du lundi au vendredi 8h30-12h et 13h30-17h


Le Piano-Tiroir

15 avenue de la Pinède, Balaruc-les-Bains

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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8 avenue Victor Hugo, 34200 Sète

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par Jean-Renaud Cuaz 29 novembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 13 novembre 2025
De l’obscurité des music-halls à l’obscurantisme des mollah, des Parapluies de Cherbourg aux machettes de boucher, des Tontons flingueurs aux massacreurs du Bataclan… il n’aura fallu qu’une soixantaine d’années. Les justaucorps jacquard et chapeaux melon ont fait place aux amples cafetans et coiffures d’imam qui peinent à cacher le sang d’un islamofrérisme rampant et son faux frère, l’islamo-gauchisme. Il y a quatre-vingts ans, la guerre, lassée de tant de vacarme, s’en est allée finir ailleurs. Les ondes radiophoniques, jusque-là traumatisées par les sirènes, reprennent du service : elles décident de diffuser autre chose que des alertes. Le 26 mai 1945 , on cherche un quatuor vocal pour mettre un peu de facétie. Quatre jeunes gens se présentent, aussi dégingandés qu’enthousiastes. On leur demande leur nom : ils n’en ont pas. — Appelez-nous les Frères Quelque Chose , proposent-ils avec modestie. Un technicien, homme d’un grand sens du hasard, s’écrie Les Frères Jacques ! Et l’affaire est faite, aussi vite qu’un jeu de mots en goguette. Le nom fleure bon la chanson enfantine et la plaisanterie potache, parfait pour faire les pitres avec gravité. Ils chantent, gesticulent, font le Jacques avec l’élégance d’un sémaphore en délire. Un soir, entre deux refrains et trois nœuds papillon, ils croisent Francis Blanche, qui leur écrit des textes où l’intelligence fait des claquettes. Leur premier répertoire ? Un buffet à volonté : folklore, negro spirituals, chants religieux, le tout saupoudré de synchronisation labiale approximative. En 1948 sort leur premier 78 tours, à une époque où la musique tournait plus lentement et durait plus longtemps. Le succès vient, trébuchant mais poli, et c’est Jacques Canetti qui, tel un bon génie en complet sombre, les propulse dans la lumière des projecteurs. Les voilà chantant sur des ondes enfin réconciliées avec l’humanité. Le 3 janvier 1982, un drame national — que dis-je, cosmique — s’est joué au Théâtre de l’Ouest parisien : les Frères Jacques ont décidé d’arrêter de chanter. Les âmes sensibles ont aussitôt crié au scandale, les autres ont continué à mâcher leur cacahuète, car c’était un dimanche. À la fin du spectacle, quatre chapeaux comiques ont salué le public avant de disparaître dans les coulisses. On raconte qu’ils se sont séparés pour vaquer à leurs occupations. J’en ai interrogé un : il comptait élever des silences en batterie. Un autre envisageait d’ouvrir un magasin de chaussettes pour mains, parce que les gants, c’est surfait . Pendant ce temps, leur pianiste Pierre Philippe, brave homme à doigts multiples, a décidé en 1995 de donner son dernier concert... à Saint-Bouize. Lieu prédestiné, car Saint-Bouize, comme son nom l’indique, est la capitale mondiale du soupir discret. En 1996, au Casino de Paris, on leur rend hommage. Cinq-mille spectateurs émus, pas une seule caméra. C’est dire si la télévision sait se tenir. Elle préfère filmer des débats sur la cuisson du flan plutôt que la gloire des artistes. Les années filent ensuite comme des croches sans mesure. Jean-Denis Malclès, tailleur en habits d’humour, quitte ce monde en 2002. François Soubeyran le suit de près, sans doute pour vérifier les coutures de ses ailes. Puis les frères Bellec s’en vont, l’un après l’autre, avec une ponctualité presque suisse. Paul Tourenne, fidèle jusqu’à la dernière note, s’éclipse en 2016 à Montréal — preuve que même les Jacques ont besoin d’un peu d’exil pour mourir tranquilles. Enfin, Hubert Degex, le dernier pianiste, rend les touches en 2021, à 92 ans, après avoir sans doute trouvé une partition d’éternité en ré majeur.
 La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve leurs chapeaux, leurs partitions et même leurs coupures de presse — tout ce qu’il faut pour organiser un sabbat érudit. Il ne manque que le son de leurs voix et le rire suspendu entre deux couplets. Leur répertoire, quant à lui, relève de la haute voltige intellectuelle : ils ont tout chanté, du général Castagnetas à la confiture , du Complexe de la truite (de Schubert) au derrière du peuple (voir La Digue du cul , œuvre d’intérêt public). Ils ont prouvé qu’on pouvait philosopher en collant des grimaces sur des vers de Prévert, et pleurer d’émotion tout en chantant des sottises. Ainsi s’achève cette chronique du souvenir. Les Frères Jacques ? Des poètes de velours à la boutonnière, des funambules du calembour, des anges qui savaient rimer avec dingue . Et s’ils nous entendent — là-haut, dans la stratosphère mélodique — qu’ils sachent une chose : le monde est bien triste depuis qu’il ne fait plus le Jacques.
par Jean-Renaud Cuaz 25 octobre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE NOVEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 30 septembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’OCTOBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 septembre 2025
Fin septembre, les Automn’Halles lanceront leur 16e édition. Seize années qu’un pari un peu fou a pris vie : celui de faire vibrer une île singulière au rythme des mots, de la lecture, de la musique et de la peinture. Depuis quatre ans, la reconnaissance officielle du Centre National du Livre est venue confirmer ce que les Sétois savaient déjà : que ce festival a gagné sa place dans le paysage littéraire national. Des partenaires fidèles — le réseau des Médiathèques de l’Agglo, le musée Paul Valéry, les librairies, le Plateau, l’Amadeus et désormais la Maison Régionale de la Mer — apportent leurs sites, leurs énergies. Grâce à eux, la littérature s’installe partout, elle respire dans chaque recoin de la ville, elle s’offre au plus grand nombre. Durant cinq jours, les auteurs se disperseront comme autant de semeurs de songes. Dans les classes, pour éveiller les élèves à la puissance des mots. Dans les espaces de rencontre, pour échanger directement avec leurs lecteurs. Dans les dédicaces, pour ce moment simple et rare où une phrase manuscrite scelle un souvenir. Le programme est riche, multiple, ouvert. Il accueille des figures déjà consacrées, et des voix nouvelles qui montent, prometteuses et fragiles. Il fait place aux auteurs et éditeurs locaux et régionaux, car la littérature vit aussi des racines qui nourrissent son terreau. Il tend la main aux talents en herbe, avec son Concours de nouvelles. Pendant cinq jours, Sète se transforme en une île de papier et de voix, où chaque rencontre devient une aventure, chaque lecture un voyage, chaque instant une célébration. Nous dédions cette édition des Automn’Halles à un auteur que nous avons accueilli au Crac en 2022. Boualem Sansal est emprisonné depuis plus de dix mois par un pouvoir totalitaire. Condamné pour exercice illégal de… sa liberté de penser et d’écrire. En appel de sa condamnation le 24 juin dernier, l’écrivain âgé et malade lâchait devant un tribunal de façade : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là » . Yves Izard animait la rencontre avec l’auteur de Abraham ou La Cinquième Alliance paru aux Éditions Gallimard en 2020. En charge avec une équipe des Automn’Halles des relations avec les écrivains et les éditeurs, Yves va vous dire quelques mots sur cette rencontre à laquelle certains d’entre vous ont assistée. Boualem a dû laissé une belle empreinte dans vos mémoires. Les Automn’Halles… Ce pourrait être un titre-valise inventé par Erik Satie pour une de ses mystérieuses pièces musicales. On entendrait presque dans nos halles, haranguer : mercredi je peux pas, j’ai gymnopédie ! La question que vous êtes en droit de vous poser, c’est… qu’ont donc en commun Erik Satie et la littérature? Outre le fait qu’Alfred Satie, son père, fut un temps éditeur… Noble métier, s’il en est… Je répondrai qu’après tout, nous recevons samedi Hubert Haddad, l’auteur de… la Symphonie atlantique . Pour le clou de ce festival, car Il faut toujours un clou dans un festival qui se respecte, j’hésite entre… Laurent Mauvignier, l’aspirant au Goncourt, et Michel Zambrano, le sauveteur aux ondes courtes… Lequel nous lira des inédits vendredi à bord de l’Amadeus. Laurent Mauvignier, lui, nous fera l’inventaire de la Maison vide à la Maison de la Mer lors du premier grand entretien demain. L’inventaire d’une maison vide, ça devrait être court me direz-vous… Mais comme c’est Laurent Cachard qui se charge de l’animer, vous en aurez pour votre argent, même si l’entrée est gratuite. C’est simple, les Éditions de Minuit ne jurent que par Mauvignier et ne changeraient pas un traitre-mot de leur auteur fétiche. Je rapprocherais Erik Sati de… Jules Verne, dont nous accueillons samedi l’arrière-petit-fils, Jean Verne, pour les 150 ans de la parution de l’Île mystérieuse . Erik Satie prétendait faire de la musique d’ameublement, allant jusqu’à l’assimiler à du papier peint musical. De là à parler de papier peint littéraire il n’y a qu’un lai à tourner, un pas que des érudits franchissent à propos de Jules Verne. On objectera qu’il y a des papiers peints qui font voyager. Mais je préfère laisser les exzézettes , comme on dit ici, s’exprimer. Pianiste-concertiste international et musicologue, Jean-Pierre Armengaud est également l’auteur d’une colossale biographie du compositeur de Parade , que vous pouvez vous procurer ici ou à la librairie Gavaudan. Jean-Pierre Armengaud va nous rythmer cette rencontre par des illustrations musicales de Satie jouées au piano. À ses côtés, Patrice Legay animera cette soirée. Patrice est musicien et préside l’AMA Languedoc, l’association des Musiciens Amateurs du Languedoc. L’AMA Languedoc animera ici même demain de 10h à 12h une Master Classe de Jean-Pierre Armengaud avec des œuvres de Satie jouées au piano et chantées. Puis à la Médiathèque Mitterrand… le concert Erik Satie vendredi de 18h à 19h30 et la clôture des Automn’Halles dimanche à 18h, un Clin d’œil à Satie par le groupe de jazz Les Smiles. Je terminerai par un précepte que je fais mien : « Je ne me reconnais pas le droit d’abuser des instants de mes contemporains » disait le plus littéraire des compositeurs, celui qu’Alphonse Allais appelait Esoterik Satie. Merci et belles Automn’Halles à toutes et à tous ! Jean-Renaud Cuaz Président du Festival du Livre de Sète – Les Automn’Halles
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUILLET Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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