LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

LE GRAND LIVRE DES JOUTES

de  1900 à  1951

Les palmarès de la Saint-Louis et des tournois régionaux

Portfolio commémoratif de la 280e édition de la Saint-Louis


Un écrin noir aux silhouettes de jouteurs vernies renfermant un livre de 68 pages, 16 feuillets A4 (297x210mm) et 2 feuillets 3-volets A4 (581x210mm), fabriqué en édition limitée.


En 1960, peu après la mort du grand jouteur Vincent Cianni, Clémenceau Terme, appariteur-chef de la mairie de Sète, offrait à Nicolas Cianni, son fils, ses sublimes registres personnels. Ils furent légués plus tard à Jean-Louis Cianni, petit-fils de l’homme aux 100 victoires. Ces annales des joutes de 1900 à 1951 étaient consignées avec une dévotion et une graphie magistrales.   Ce projet éditorial a immédiatement suscité un réel enthousiasme du Maire François Commeinhes, qui dans sa jeunesse avait foulé la tintaine, et de l’éditeur Jean-Renaud Cuaz, également président de la SEHSSER (Société d’études historiques et scientifiques de Sète et sa région).

Ces 4 volumes ne pouvant être intégralement reproduits—une dizaine de pages par registre figurent dans le livre—il a été décidé de les offrir en accès libre sur Internet, afin qu’ils soient partagés avec tous ceux qui aiment Sète et ses joutes.


Les 4 grands registres à feuilleter sur la plateforme Calaméo d’Audasud

Téléchargez le Bon de Commande

Commandez le Grand Livre des Joutes sur Audasud.fr

280e Saint-Louis, le film

Jeudi 12 décembre à 18h30

Cinéma le Palace à Sète


Refaire cette finale des Lourds déchirante qui voit l’ultime trophée nous échapper… Mais revoir aussi sur grand écran une 280e édition homérique, une rétrospective envoûtante à ne pas manquer. Cette sélection des moments forts de la Saint-Louis 2024, entre parades et affrontements, est ouverte à tous. En avant partout ! Mais prenez garde, l’accès se fera dans la limite des places disponibles. Arrivez tôt pour vous garantir le moelleux d’un fauteuil face à l’embrasement du Cadre Royal.


Cinéma Le Palace

24 avenue Victor Hugo, Sète

A Thousand Ways: An Assembly

600 Highwaymen

Vendredi 6 décembre

Mairie de Murviel-lès-Montpellier


Le New York Times itself s’esbaudit dans sa rubrique culturelle : Splendide, drôle, doux et inattendu dans la façon dont cette expérience nous touche, et parle d’une création qui interpelle, une création humaine et profondément tendre. Au fil de l’heure, elle nous défait de notre armure qui nous fait traverser nos journées en étant brusques, indifférents et hostiles. Le pitch : 16 membres du public qui ne se connaissent ni d’Adam, ni de Lodève, vont se rassembler pour une heure sur une scène dubitative. À l’aide d’un scénario écrit avec précision, ils vont construire une histoire qui évoque la persévérance. Une œuvre de théâtre unique et d’une grande actualité.


De 19h à 20h30

Tous publics, à partir de 16 ans

Billetterie

Informations

www.600highwaymen.org


Mairie

5 rue des Lavoirs, Murviel-lès-Montpellier

Séance dédicace et exposition Ceci n’est pas une pipe

Livre de Alice Lugand, illustré par Topolino

Du samedi 14 au mardi 17 décembre

Espace Félix à Sète


Un goéland fureteur a trouvé son prête-plume en la personne d’Alice Lugand. Avec ce volatile, qu’on nomme gabian en île singulière, elle ne pouvait pas mieux tomber. Essentiellement côtier et omnivore comme le Sétois qu’il survole, le gabian ne pêche pas, il escamote d’un coup d’aile sa becquée quotidienne. Alice a donc suivi ce fouinard dans sa quête d’un usage à ce curieux objet qu’un poète-chanteur laissait pendre sous sa moustache. Et s’il lui fallait un complice pour appuyer son propos, Alice le trouva avec Topolino, pour notre plus grand bonheur. Le peintre-dessinateur, répondant au nom de Mickey Mouse en italien, est connu pour réinventer à sa main la ligne claire de la BD, l’épaissir ou l’affiner, la débrider pour la laisser libre courir dans ses innombrables carnets. À peine un diplôme d’histoire contemporaine en poche, qu’il en sortait un feutre pour ne plus le lever de la page, et une palette de couleurs à faire pâlir les rouges-gorges.


Samedi 14 décembre, à 19h, rencontrez la conteuse Alice Lugand et Topolino pour des dédicaces illustrées.

Exposition jusqu’au mardi 17 décembre, suivie d’un accrochage des Topoks du chroniqueur feutré Topolino, qui à son habitude, croque tous ceux qui bougent…


Espace Félix

2 quai Général Durand, Sète

En regard : Brigitte Aubignac / Nazanin Pouyandeh

Du 14 décembre au 2 mars

Musée Paul Valéry à Sète


Mises en regard par leur approche figurative, les expositions de deux femmes peintres, Brigitte Aubignac et Nazanin Pouyandeh, sont traversées par des questionnements sur le masculin-féminin et le réalisme dans la peinture. Un dialogue à leur corps défendant, des autoportraits sans fard affirmant une exigence de vérité sans concession. Étrangères l’une à l’autre, les deux artistes partagent néanmoins des questions inhérentes à la pratique de la représentation. Brigitte Aubignac sollicite l’histoire de l’art, tandis que Nazanin Pouyandeh assigne l’art de l’histoire, de la religion et du symbolisme.


Vernissage : vendredi 13 décembre 18h30

Ouvert tous les jours 10h-18h sauf le lundi
Contact 
04 99 04 76 16

museepaulvalery@ville-sete.fr


Musée Paul Valéry

148 rue François Desnoyer, Sète

René-François Grégogna (1926-2011)
Peintre, mec créant, anartiste, aux univers multiples

Jusqu’au 10 janvier

Château Faiteau à La Livinière


En riposte aux Frac du ministère de la Culture, ces marécageux Fonds Régionaux d’Art Contemporain, un artiste piscénois allait initier ses Vrac (Volume Relief Action Couleur) et battre le rappel. Une mesure de rétorsion des plus créatives et fédératrices. René-François Grégogna accueillit une ribambelle de plasticiens alentour et s’enticha de matières à créer pas banales. Les plaques de rouille rongées par le temps. La laine tapissée pour un hommage à l’autre marginal de l’étape, Boby Lapointe. Il se disait peintre, mec créant, anartiste. Se plaisait à mettre en rogne les idées reçues, à faire sortir de leur gonds les images toutes faites. L’ami Grégo vraquait à ses occupations, baignées de naturel, de grâce et de poésie.


Entrée libre et gratuite

Lundi, jeudi, vendredi 9h30-12h30 et 14h-18h

Contact 06 23 00 45 61 

contact@chateaufaiteau.com


Château Faiteau

17 bis route des Mourgues, La Livinière

Mistral Superstar ! De Maillane à Stockholm

Jusqu’au 8 février

Domaine Pierresvives à Montpellier


Comme un pied de nez à la parlure officielle, Frédéric Mistral et 6 autres poètes lancent le Félibrige en 1854, pour défendre la langue et la culture provençales. L’Almanach provençal, publié dès l’année suivante, sera leur étendard, faisant des émules en Hérault. Une exposition, Les figures héraultaises du Félibrige, leur est consacrée. Son influence dépasse les frontières, et va même trouver un écho auprès des Italiens et des Catalans. La publication de Mireille en 1859 changera la dimension de ce petit cercle. Charles Gounod en fera un opéra en 1863. Le prix Nobel de littérature 1904 fera de Mistral une star, une dimension révélée dans sa correspondance, les demandes de photographies, d’objets ou de souvenirs du maître, comme on demande une photo dédicacée à une idole. De grandes institutions nationales se sont associées à cette exposition : le Musée du Louvre, la Bibliothèque Nationale de France, le Centre National du Costume de Scène à Moulins, le Musée des Arts Décoratifs et le Mucem (musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée).


Entrée libre et gratuite du mardi au samedi 10h-19h

Visites guidées de l'exposition les mercredis à 16h et les samedis à 11h et 16h

Contact 04 67 67 30 00


Domaine départemental Pierresvives 

907 rue du Professeur Blayac, Montpellier

Le carnaval des animaux

Samedi 14 décembre

Scène de Bayssan à Béziers


Ils ont fait allégeance à Count Basie, Duke Ellington, Thad Jones. Il y a de pires contagions. Les bouillonnants musiciens du Amazing Keystone Big Band, créé en 2010, et leur orchestre d’amis triés sur le volet expérimentent les idées neuves, tout en revisitant les perles d’un répertoire increvable. Complices depuis le Conservatoire, le pianiste Fred Nardin, le saxophoniste Jon Boutellier, le tromboniste Bastien Ballaz et le trompettiste David Enhco (Révélation aux Victoires du Jazz) assurent la direction et les arrangements de l’orchestre. Sur la scène du Baysan, les 17 trublions surdoués du Keystone vont s’emparer du classique de Saint-Saëns pour une version jazz & swing détonante. Le carnaval des animaux ne fut qu’une parenthèse dans la carrière du musicien. Sous couvert d'une description animalière, ce pastiche musical, grande fantaisie zoologique, allait voir son dompteur achever la même année sa Symphonie n°3 avec orgue, son chef-d’œuvre.


À 20h - durée 1h30

Tarifs : 14€ à 28€

Réservez

Contact : 04 67 28 37 32

scenedebayssan.fr


Théâtre Michel Galabru

Route de Vendres, Béziers

Les arbres s’émerveillent

Jusqu’au 12 janvier

Domaine Restinclières à Prades-le-Leze


Comprendre les arbres mais aussi en (re)découvrir les usages pour l’homme, l’agroforesterie. La Maison départementale de l’environnement vous embarque à travers 3 expositions. Explorez l’écrin sacré de ce domaine qui abrite des écosystèmes insoupçonnés, percez les mystères de cet ambassadeur du vivant à travers un parcours pédagogique. Ancré dans le sol par ses racines, ses feuilles suivent le rythme des saisons, il peut être urbain, montagnard. On le trouve en bord de mer ou en pleine jungle. Un trublion moustachu a même fait du chêne son copain, son alter ego. Il était du même bois, un peu rustique, un peu brut.


240 hectares d'Espaces Naturel Sensible (ENS)

Ouverture 7j/7

Parking gratuit

Aire de jeux

Aires de pique-nique

Divers sentiers de randonnées et de balades

Accès libre et gratuit à tous les équipements

Des animations toute l'année

Informations : 04 67 67 82 20

domainederestinclieres.herault.fr


Domaine du Département Restinclières

Prades-le-Lez

Voyage dans la lune

15, 17, 20 et 22 décembre

Opéra Comédie à Montpellier


Dix ans après la triomphale parution du roman De la Terre à la Lune de Jules Verne, Offenbach imagine son second opéra-féerie en quatre actes qui constitue un de ses plus beaux succès lyriques au Théâtre de la Gaîté. À une allure trépidante, l’oiseau moqueur du Second Empire déroule ses gags, quiproquos et dialogues parlés hauts en couleurs. Au passage, on s’apercevra que les péripéties qui agitaient la société au XIXe siècle sont toujours celles qui gouvernent le monde en 2024. Éclairé d’une lumière nouvelle par la mise en scène d’Olivier Fredj, ce batifolage revisité avec brio augure un Noël ébouriffant !


Dimanche 15 décembre : 17h

Mardi 17 décembre : 19h

Vendredi 20 décembre : 20h

Dimanche 22 décembre : 17h

Prévoir d'arriver 30 mn avant le spectacle

Billetterie


Opéra Comédie

1 place de la Comédie, Montpellier

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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par Jean-Renaud Cuaz 29 novembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 13 novembre 2025
De l’obscurité des music-halls à l’obscurantisme des mollah, des Parapluies de Cherbourg aux machettes de boucher, des Tontons flingueurs aux massacreurs du Bataclan… il n’aura fallu qu’une soixantaine d’années. Les justaucorps jacquard et chapeaux melon ont fait place aux amples cafetans et coiffures d’imam qui peinent à cacher le sang d’un islamofrérisme rampant et son faux frère, l’islamo-gauchisme. Il y a quatre-vingts ans, la guerre, lassée de tant de vacarme, s’en est allée finir ailleurs. Les ondes radiophoniques, jusque-là traumatisées par les sirènes, reprennent du service : elles décident de diffuser autre chose que des alertes. Le 26 mai 1945 , on cherche un quatuor vocal pour mettre un peu de facétie. Quatre jeunes gens se présentent, aussi dégingandés qu’enthousiastes. On leur demande leur nom : ils n’en ont pas. — Appelez-nous les Frères Quelque Chose , proposent-ils avec modestie. Un technicien, homme d’un grand sens du hasard, s’écrie Les Frères Jacques ! Et l’affaire est faite, aussi vite qu’un jeu de mots en goguette. Le nom fleure bon la chanson enfantine et la plaisanterie potache, parfait pour faire les pitres avec gravité. Ils chantent, gesticulent, font le Jacques avec l’élégance d’un sémaphore en délire. Un soir, entre deux refrains et trois nœuds papillon, ils croisent Francis Blanche, qui leur écrit des textes où l’intelligence fait des claquettes. Leur premier répertoire ? Un buffet à volonté : folklore, negro spirituals, chants religieux, le tout saupoudré de synchronisation labiale approximative. En 1948 sort leur premier 78 tours, à une époque où la musique tournait plus lentement et durait plus longtemps. Le succès vient, trébuchant mais poli, et c’est Jacques Canetti qui, tel un bon génie en complet sombre, les propulse dans la lumière des projecteurs. Les voilà chantant sur des ondes enfin réconciliées avec l’humanité. Le 3 janvier 1982, un drame national — que dis-je, cosmique — s’est joué au Théâtre de l’Ouest parisien : les Frères Jacques ont décidé d’arrêter de chanter. Les âmes sensibles ont aussitôt crié au scandale, les autres ont continué à mâcher leur cacahuète, car c’était un dimanche. À la fin du spectacle, quatre chapeaux comiques ont salué le public avant de disparaître dans les coulisses. On raconte qu’ils se sont séparés pour vaquer à leurs occupations. J’en ai interrogé un : il comptait élever des silences en batterie. Un autre envisageait d’ouvrir un magasin de chaussettes pour mains, parce que les gants, c’est surfait . Pendant ce temps, leur pianiste Pierre Philippe, brave homme à doigts multiples, a décidé en 1995 de donner son dernier concert... à Saint-Bouize. Lieu prédestiné, car Saint-Bouize, comme son nom l’indique, est la capitale mondiale du soupir discret. En 1996, au Casino de Paris, on leur rend hommage. Cinq-mille spectateurs émus, pas une seule caméra. C’est dire si la télévision sait se tenir. Elle préfère filmer des débats sur la cuisson du flan plutôt que la gloire des artistes. Les années filent ensuite comme des croches sans mesure. Jean-Denis Malclès, tailleur en habits d’humour, quitte ce monde en 2002. François Soubeyran le suit de près, sans doute pour vérifier les coutures de ses ailes. Puis les frères Bellec s’en vont, l’un après l’autre, avec une ponctualité presque suisse. Paul Tourenne, fidèle jusqu’à la dernière note, s’éclipse en 2016 à Montréal — preuve que même les Jacques ont besoin d’un peu d’exil pour mourir tranquilles. Enfin, Hubert Degex, le dernier pianiste, rend les touches en 2021, à 92 ans, après avoir sans doute trouvé une partition d’éternité en ré majeur.
 La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve leurs chapeaux, leurs partitions et même leurs coupures de presse — tout ce qu’il faut pour organiser un sabbat érudit. Il ne manque que le son de leurs voix et le rire suspendu entre deux couplets. Leur répertoire, quant à lui, relève de la haute voltige intellectuelle : ils ont tout chanté, du général Castagnetas à la confiture , du Complexe de la truite (de Schubert) au derrière du peuple (voir La Digue du cul , œuvre d’intérêt public). Ils ont prouvé qu’on pouvait philosopher en collant des grimaces sur des vers de Prévert, et pleurer d’émotion tout en chantant des sottises. Ainsi s’achève cette chronique du souvenir. Les Frères Jacques ? Des poètes de velours à la boutonnière, des funambules du calembour, des anges qui savaient rimer avec dingue . Et s’ils nous entendent — là-haut, dans la stratosphère mélodique — qu’ils sachent une chose : le monde est bien triste depuis qu’il ne fait plus le Jacques.
par Jean-Renaud Cuaz 25 octobre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE NOVEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 30 septembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’OCTOBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 septembre 2025
Fin septembre, les Automn’Halles lanceront leur 16e édition. Seize années qu’un pari un peu fou a pris vie : celui de faire vibrer une île singulière au rythme des mots, de la lecture, de la musique et de la peinture. Depuis quatre ans, la reconnaissance officielle du Centre National du Livre est venue confirmer ce que les Sétois savaient déjà : que ce festival a gagné sa place dans le paysage littéraire national. Des partenaires fidèles — le réseau des Médiathèques de l’Agglo, le musée Paul Valéry, les librairies, le Plateau, l’Amadeus et désormais la Maison Régionale de la Mer — apportent leurs sites, leurs énergies. Grâce à eux, la littérature s’installe partout, elle respire dans chaque recoin de la ville, elle s’offre au plus grand nombre. Durant cinq jours, les auteurs se disperseront comme autant de semeurs de songes. Dans les classes, pour éveiller les élèves à la puissance des mots. Dans les espaces de rencontre, pour échanger directement avec leurs lecteurs. Dans les dédicaces, pour ce moment simple et rare où une phrase manuscrite scelle un souvenir. Le programme est riche, multiple, ouvert. Il accueille des figures déjà consacrées, et des voix nouvelles qui montent, prometteuses et fragiles. Il fait place aux auteurs et éditeurs locaux et régionaux, car la littérature vit aussi des racines qui nourrissent son terreau. Il tend la main aux talents en herbe, avec son Concours de nouvelles. Pendant cinq jours, Sète se transforme en une île de papier et de voix, où chaque rencontre devient une aventure, chaque lecture un voyage, chaque instant une célébration. Nous dédions cette édition des Automn’Halles à un auteur que nous avons accueilli au Crac en 2022. Boualem Sansal est emprisonné depuis plus de dix mois par un pouvoir totalitaire. Condamné pour exercice illégal de… sa liberté de penser et d’écrire. En appel de sa condamnation le 24 juin dernier, l’écrivain âgé et malade lâchait devant un tribunal de façade : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là » . Yves Izard animait la rencontre avec l’auteur de Abraham ou La Cinquième Alliance paru aux Éditions Gallimard en 2020. En charge avec une équipe des Automn’Halles des relations avec les écrivains et les éditeurs, Yves va vous dire quelques mots sur cette rencontre à laquelle certains d’entre vous ont assistée. Boualem a dû laissé une belle empreinte dans vos mémoires. Les Automn’Halles… Ce pourrait être un titre-valise inventé par Erik Satie pour une de ses mystérieuses pièces musicales. On entendrait presque dans nos halles, haranguer : mercredi je peux pas, j’ai gymnopédie ! La question que vous êtes en droit de vous poser, c’est… qu’ont donc en commun Erik Satie et la littérature? Outre le fait qu’Alfred Satie, son père, fut un temps éditeur… Noble métier, s’il en est… Je répondrai qu’après tout, nous recevons samedi Hubert Haddad, l’auteur de… la Symphonie atlantique . Pour le clou de ce festival, car Il faut toujours un clou dans un festival qui se respecte, j’hésite entre… Laurent Mauvignier, l’aspirant au Goncourt, et Michel Zambrano, le sauveteur aux ondes courtes… Lequel nous lira des inédits vendredi à bord de l’Amadeus. Laurent Mauvignier, lui, nous fera l’inventaire de la Maison vide à la Maison de la Mer lors du premier grand entretien demain. L’inventaire d’une maison vide, ça devrait être court me direz-vous… Mais comme c’est Laurent Cachard qui se charge de l’animer, vous en aurez pour votre argent, même si l’entrée est gratuite. C’est simple, les Éditions de Minuit ne jurent que par Mauvignier et ne changeraient pas un traitre-mot de leur auteur fétiche. Je rapprocherais Erik Sati de… Jules Verne, dont nous accueillons samedi l’arrière-petit-fils, Jean Verne, pour les 150 ans de la parution de l’Île mystérieuse . Erik Satie prétendait faire de la musique d’ameublement, allant jusqu’à l’assimiler à du papier peint musical. De là à parler de papier peint littéraire il n’y a qu’un lai à tourner, un pas que des érudits franchissent à propos de Jules Verne. On objectera qu’il y a des papiers peints qui font voyager. Mais je préfère laisser les exzézettes , comme on dit ici, s’exprimer. Pianiste-concertiste international et musicologue, Jean-Pierre Armengaud est également l’auteur d’une colossale biographie du compositeur de Parade , que vous pouvez vous procurer ici ou à la librairie Gavaudan. Jean-Pierre Armengaud va nous rythmer cette rencontre par des illustrations musicales de Satie jouées au piano. À ses côtés, Patrice Legay animera cette soirée. Patrice est musicien et préside l’AMA Languedoc, l’association des Musiciens Amateurs du Languedoc. L’AMA Languedoc animera ici même demain de 10h à 12h une Master Classe de Jean-Pierre Armengaud avec des œuvres de Satie jouées au piano et chantées. Puis à la Médiathèque Mitterrand… le concert Erik Satie vendredi de 18h à 19h30 et la clôture des Automn’Halles dimanche à 18h, un Clin d’œil à Satie par le groupe de jazz Les Smiles. Je terminerai par un précepte que je fais mien : « Je ne me reconnais pas le droit d’abuser des instants de mes contemporains » disait le plus littéraire des compositeurs, celui qu’Alphonse Allais appelait Esoterik Satie. Merci et belles Automn’Halles à toutes et à tous ! Jean-Renaud Cuaz Président du Festival du Livre de Sète – Les Automn’Halles
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUILLET Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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