LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JANVIER
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

Lectrice, lecteur, réjouissons-nous !

Votre Bulletin Culturel franchit aujourd’hui le cap des trois années de publication. Amère concomitance, une lueur maternelle s’éteint. Mais Noël nous rappelle inlassablement cet événement constant et capital : le début d'une nouvelle vie. De nombreux projets d’édition sont apparus en 2024, portés par L’An Demain et Audasud qui clôture l’année avec un splendide portfolio dédié aux joutes sétoises et régionales de la première moitié du XXe siècle. L’année à venir s’annonce tout aussi prolifique, poussée par une obsession de donner à voir, à lire… à partager !

D’ici là, bien du bonheur chez vous, et que la nouvelle année vous soit capiteuse.

Jean-Renaud Cuaz

MARIANO FORTUNY Y MARSAL

Visions d’Orient

Musée Goya à Castres

Jusqu'au 9 mars 2025


Les 150 ans de la disparition de l’artiste espagnol Mariano Fortuny y Marsal (1838-1874) nous offrent à voir quatre-vingts des œuvres de ce grand virtuose de l’aquarelle. Sa peinture, marquée par le goût d'une époque éprise de bric-à-brac et de morceaux de bravoure, n'est jamais indifférente. Après des séjours au Maroc et à Paris, il retourne en Italie, où il avait eu le Prix de Rome, pour y mourir à l'âge de 36 ans, le 21 novembre 1874 du paludisme, contracté l'été précédent alors qu'il peignait en plein air à Naples et Portici. Il fut l'un des peintres espagnols les plus admirés par ses contemporains, en Espagne mais aussi en Europe et aux États-Unis.


Du mardi au dimanche de 10h à 17h

Contact : 05 63 71 59 30

goya@ville-castres.fr

museegoya.fr

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Musée Goya

Rue de Hôtel de ville, Castres

Toute l’histoire de la peinture, en moins de deux

Samedi 11 janvier à 20h30

Le Corum Salle Berlioz à Montpellier


Voici une belle promesse tenue par Hector Obalk. L’historien et critique d’art présente un spectacle sous forme de stand-up en musique et en images sur l’histoire de la peinture occidentale, accompagné de ses musiciens et d’un écran géant projetant des détails époustouflants. Une présentation complète, visuellement sophistiquée, rythmée et drôle d’un expert original, passionné et pédagogue. Pour tout public, de 9 à 99 ans. Sur la trame d’un mur de 1000 images, chaque représentation propose de visiter toute l’Histoire de la peinture, de Giotto à Yves Klein, et au-delà…


Tarifs : 25 € / 55 €

Réserver

adamconcerts.com


Le Corum Salle Berlioz

Esplanade Charles de Gaulle, Montpellier

Soliste en lumière : Chloé Dufossez

Dimanche 12 janvier à 16h

Théâtre Molière à Sète


En prélude, la flûtiste Chloé Dufossez visite une commande de l’Orchestre mondial pour la paix, Three Paths to Peace de la Britannique Roxanna Panufnik (née en 1968) qui entrecroise les inspirations bibliques, toraniques et coraniques, pour les faire converger vers une harmonie homogène et réjouissante. Elle est la soliste du romantique Concerto pour flûte en ré majeur opus 283 de Carl Reinecke (1824-1910), dernier concerto avant la mort du compositeur romantique en 1910. La plus mozartienne des neuf symphonies de Ludwig van Beethoven (1770-1827), la Symphonie n° 2 en ré majeur opus 36 visitera en conclusion différents styles tout en prenant un malin plaisir à les déjouer.


Durée : ±1h30 avec entracte

Direction Eduardo Strausser, Flûte Chloé Dufossez

Orchestre national Montpellier Occitanie

Réserver

Informations


Théâtre Molière - Scène nationale Archipel de Thau

Avenue Victor Hugo, Sète

Traversées

Ravel, Barber, Tchaïkovski

Vendredi 31 janvier à 20h

Le Corum Opéra Berlioz à Montpellier


La Pavane pour une infante défunte est à l'origine une pièce pour piano de Maurice Ravel (1875-1937) composée en 1899 et dédiée à la princesse de Polignac. Cette œuvre douce et mélancolique, qui fut toujours bien accueillie par le public, fait partie des compositions emblématiques de Ravel. Première symphonie d’un compositeur américain à avoir été interprétée en 1937 au festival de Salzbourg, la Symphonie n° 1 de Samuel Barber (1910-1981) est un trait d’union entre l’Europe et l’Amérique : composée à Roquebrune dans les Alpes françaises, elle est dédiée à son compagnon, le compositeur italien Gian Carlo Menotti. Quant à la Symphonie n° 4, elle inaugure une période de reconnaissance du talent de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) comme personnalité musicale de premier plan. De grandes pages voient le jour à sa proximité, notamment le Concerto n° 1 pour piano, Le Lac des cygnes, Eugène Onéguine et le Concerto pour violon. Trois uniques symphonies sur les pupitres de l’Orchestre national Montpellier Occitanie et sous la baguette de son directeur musical Roderick Cox.


Prélude au concert : 19h

Durée : ±1h50 avec entracte

Tarifs : de 25€ à 45€

Réservation à la billetterie de l’Opéra Comédie

Par tél. 04 67 60 19 99 du mardi au samedi 10h-13h et 14h-18h

Réserver en ligne

Informations

L’Agnus Dei de l'Adagio for Strings sur YouTube (désolé pour la pub en plein milieu… sacrilège) par le Rotterdam Symphony Chorus


Le Corum Opéra Berlioz

Esplanade Charles de Gaulle, Montpellier

Festival  Flamenco

Du 9 au 18 janvier

Théâtre B. Lafont et Odéon à Nîmes


La folie flamenca sera nîmoise en ce début 2025. Comme chaque année, diront les aficionados. Les raclettes vont avoir le goût de pata negra pendant 9 jours de festivité et un duende nourri de pas moins de 20 programmes dans une ciudad qui célèbre cette année les 35 ans d'un festival incontournable.


Plus d’information et réservation : theatredenimes.com

Contact : 04 66 36 65 00 / contact@theatredenimes.com

Télécharger le programme

Billetterie

Accueil du public du mardi au samedi 11h-13h et 14h-18h

Par téléphone du mardi au samedi 14h30-18h 

Contact : 04 66 36 65 10 / billetterie@theatredenimes.com

Billetterie en ligne : theatredenimes.com 


Théâtre Bernadette Lafont, 1 place de la Calade 

Odéon, 7 rue Pierre Semard

Jazz à Bayssan : Lionel Suarez & Friends
Hommage à Sylvain Luc et Marcel Azzola

Vendredi 31 janvier à 20h

Domaine de Bayssan à Béziers


Le temps d’un week-end, le festival Jazz à Bayssan insuffle la note jazz au cœur du Domaine de Bayssan, le théâtre Michel Galabru.

Vendredi 31 janvier, le festival donne carte blanche au grand accordéoniste Lionel Suarez pour un hommage aux deux grands noms du jazz : Sylvain Luc et Marcel Azzola. 

Samedi 1er février, une ambiance sud-américaine avec d’abord PulciPerla, quarter iconoclaste et énergique venu de Toulouse associé à un trio féminin de Bogota. Puis Flavia Coelho viendra présenter son dernier album, Ginga.

Dimanche 2 février, la voix magnétique et envoûtante de Dafne Kritharas fera voyager vers les mélodies grecques, bosniaques et arméniennes. Enfin, le trio composé du clarinettiste Yom et des frères Ceccaldi, au violon et violoncelle insuffleront leurs Rythmes du silence. En conclusion, un duo mêlant jazz et magie, un ciné-concert dédié à Buster Keaton, une masterclass, une jazz balade, des apéros-jazz…


Plein tarif : 28 €

Contact : 04 67 28 37 32

scene-de-bayssan.herault.fr


Domaine de Bayssan
Route de Vendres, Béziers

De Renoir à Van Dongen

Jusqu’au 5 mai

Musée de Bagnole-Sur-Cèze

Musée de Pont-Saint-Esprit


Si le musée laïque d’art sacré du Gard, à Pont-Saint-Esprit, est riche d’objets religieux de toute époque, qui a connaissance des œuvres de Renoir ou de Valtat conservées en ses murs ? Ayant bénéficié d’importantes donations, l’histoire de cet établissement s’inscrit dans la continuité de celle du musée Albert-André de Bagnole-Sur-Cèze qui, avec l’arrivée du peintre éponyme à sa tête en 1917, s’enrichissait d’un fonds exceptionnel : Marquet, Signac, Matisse, Bonnard ou Van Dongen sont parmi les quelques artistes ayant offert des œuvres à leur ami, alors Conservateur du lieu. L’exposition proposée, conçue en deux parties, et présentée dans chacun des musées, retracera l’histoire extraordinaire de ces donations successives et permettra de découvrir l’incroyable richesse de ces collections.


Vendredi 3 janvier, à 10h30, visite guidée au musée d’art sacré de Pont-Saint-Esprit, puis à 14h30, atelier Peinture impressionnante, à partir des œuvres de l’exposition (à partir de 6 ans, gratuit dans la limite des places disponibles, 04 66 3917 61).

Visites guidées suivantes : le 3 janvier, les 21 et 28 février (10h30) pour le musée laïque d’art sacré ; les 18 et 25 février (10h30) au musée Albert-André.


Musée laïque d'art sacré du Gard

2 rue Saint-Jacques, Pont-Saint-Esprit

Musée Albert-André

Place Auguste Mallet, Bagnols-sur-Cèze

La Haute note jaune

Jusqu’au 2 février

Fondation Van Gogh à Arles


Nombre d’artistes, Asger Jorn pour n’en citer qu’un, ne sont toujours pas revenus de cette fascination pour une couleur chère à van Gogh. Le jaune. Une couleur et un mot qui apparaît une centaine de fois dans sa correspondance avec Théo au cours de la seule année 1888. Le peintre des Tournesols y voyait, plus qu’une couleur, un idéal artistique, une quête de l’expression maximale, un sommet à atteindre. La recherche de sa « haute note jaune » était une exploration profonde de ses propres émotions. L’exposition propose d’explorer cette notion insaisissable à travers les œuvres de 22 artistes :

Richard Artschwager, Paul Blanchet dit le Sauvage, Louise Bourgeois, Vittorio Brodmann, Claude Cahun, Nina Childress, Martin Disler, Valie Export, Markus Gadient, Bruno Jakob, Asger Jorn, Martha Jungwirth, Karen Kilimnik, Verena Loewensberg, Albert Oehlen, Thomias Radin, Pipilotti Rist, Klaudia Schifferle, Pierre Schwerzmann, Hyun-Sook Song, Vincent van Gogh, Dominique White.


Du mardi au dimanche 10h-18h

dernière entrée à 17h15

Plein tarif 10€ 

Tarif étudiant 3€ 

Tarif Réduit 8€

Gratuit moins de 18 ans

Billetterie


Fondation Vincent Van Gogh

35 rue du Dr Fanton, Arles

Gisèle Freund

Jusqu’au 9 février

Pavillon populaire à Montpellier


Immanquablement réduite à son étourdissante galerie de portraits issus de l’art et de la littérature, l’œuvre de Gisèle Freund (1908-2000) est avant tout multiforme. La photo-journaliste d’origine allemande entretenait un rapport complexe à la photographie, au cœur duquel se trouve l’écriture. Sociologue de formation devenue historienne de la photographie, et autrice de nombreux ouvrages, dont l‘incontournable Photographie et Société (1974), Gisèle Freund occupe une position à part, celle d’une créatrice d’images qui n’a eu de cesse de réfléchir à leur sens et leur impact sur notre manière de percevoir le monde.


Entrée gratuite du mardi au dimanche 10h-13h et 14h-18h


Pavillon populaire

Esplanade Charles-de-Gaulle, Montpellier

Jean-Michel Othoniel
Jusqu’au 5 janvier

Musée Ingres Bourdelle à Montauban


Le Sétois Desnoyer y est né. Deux autres Montalbanais y ont poussé leur premier cri, non des moindres, Ingres et Bourdelle. Il n’en fallait pas plus pour attirer Jean-Michel Othoniel, un artiste connu en île singulière pour ses interventions place Victor Hugo : la décoration de la fontaine, et à venir, l’aménagement des bains douches. À Montauban, c’est la salle du Prince Noir qui accueille une de ses œuvres des plus énigmatiques, Sur les ruines du Prince Noir. Une structure XXL toute en briques de verre et inox. Comme à son habitude, l’artiste privilégie les matériaux aux propriétés poétiques et sensibles. Parfaitement insérés dans un espace et une architecture chargés d’histoire.


Ouvert du mardi au vendredi 10h-17h30

Samedi & dimanche 10h-19h

Plein tarif 10€

Tarif réduit 5€

Billetterie

Contact 05 63 22 12 91


Musée Ingres Bourdelle

19 rue de l'Hôtel de ville, Montauban

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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8 avenue Victor Hugo, 34200 Sète

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par Jean-Renaud Cuaz 29 novembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 13 novembre 2025
De l’obscurité des music-halls à l’obscurantisme des mollah, des Parapluies de Cherbourg aux machettes de boucher, des Tontons flingueurs aux massacreurs du Bataclan… il n’aura fallu qu’une soixantaine d’années. Les justaucorps jacquard et chapeaux melon ont fait place aux amples cafetans et coiffures d’imam qui peinent à cacher le sang d’un islamofrérisme rampant et son faux frère, l’islamo-gauchisme. Il y a quatre-vingts ans, la guerre, lassée de tant de vacarme, s’en est allée finir ailleurs. Les ondes radiophoniques, jusque-là traumatisées par les sirènes, reprennent du service : elles décident de diffuser autre chose que des alertes. Le 26 mai 1945 , on cherche un quatuor vocal pour mettre un peu de facétie. Quatre jeunes gens se présentent, aussi dégingandés qu’enthousiastes. On leur demande leur nom : ils n’en ont pas. — Appelez-nous les Frères Quelque Chose , proposent-ils avec modestie. Un technicien, homme d’un grand sens du hasard, s’écrie Les Frères Jacques ! Et l’affaire est faite, aussi vite qu’un jeu de mots en goguette. Le nom fleure bon la chanson enfantine et la plaisanterie potache, parfait pour faire les pitres avec gravité. Ils chantent, gesticulent, font le Jacques avec l’élégance d’un sémaphore en délire. Un soir, entre deux refrains et trois nœuds papillon, ils croisent Francis Blanche, qui leur écrit des textes où l’intelligence fait des claquettes. Leur premier répertoire ? Un buffet à volonté : folklore, negro spirituals, chants religieux, le tout saupoudré de synchronisation labiale approximative. En 1948 sort leur premier 78 tours, à une époque où la musique tournait plus lentement et durait plus longtemps. Le succès vient, trébuchant mais poli, et c’est Jacques Canetti qui, tel un bon génie en complet sombre, les propulse dans la lumière des projecteurs. Les voilà chantant sur des ondes enfin réconciliées avec l’humanité. Le 3 janvier 1982, un drame national — que dis-je, cosmique — s’est joué au Théâtre de l’Ouest parisien : les Frères Jacques ont décidé d’arrêter de chanter. Les âmes sensibles ont aussitôt crié au scandale, les autres ont continué à mâcher leur cacahuète, car c’était un dimanche. À la fin du spectacle, quatre chapeaux comiques ont salué le public avant de disparaître dans les coulisses. On raconte qu’ils se sont séparés pour vaquer à leurs occupations. J’en ai interrogé un : il comptait élever des silences en batterie. Un autre envisageait d’ouvrir un magasin de chaussettes pour mains, parce que les gants, c’est surfait . Pendant ce temps, leur pianiste Pierre Philippe, brave homme à doigts multiples, a décidé en 1995 de donner son dernier concert... à Saint-Bouize. Lieu prédestiné, car Saint-Bouize, comme son nom l’indique, est la capitale mondiale du soupir discret. En 1996, au Casino de Paris, on leur rend hommage. Cinq-mille spectateurs émus, pas une seule caméra. C’est dire si la télévision sait se tenir. Elle préfère filmer des débats sur la cuisson du flan plutôt que la gloire des artistes. Les années filent ensuite comme des croches sans mesure. Jean-Denis Malclès, tailleur en habits d’humour, quitte ce monde en 2002. François Soubeyran le suit de près, sans doute pour vérifier les coutures de ses ailes. Puis les frères Bellec s’en vont, l’un après l’autre, avec une ponctualité presque suisse. Paul Tourenne, fidèle jusqu’à la dernière note, s’éclipse en 2016 à Montréal — preuve que même les Jacques ont besoin d’un peu d’exil pour mourir tranquilles. Enfin, Hubert Degex, le dernier pianiste, rend les touches en 2021, à 92 ans, après avoir sans doute trouvé une partition d’éternité en ré majeur.
 La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve leurs chapeaux, leurs partitions et même leurs coupures de presse — tout ce qu’il faut pour organiser un sabbat érudit. Il ne manque que le son de leurs voix et le rire suspendu entre deux couplets. Leur répertoire, quant à lui, relève de la haute voltige intellectuelle : ils ont tout chanté, du général Castagnetas à la confiture , du Complexe de la truite (de Schubert) au derrière du peuple (voir La Digue du cul , œuvre d’intérêt public). Ils ont prouvé qu’on pouvait philosopher en collant des grimaces sur des vers de Prévert, et pleurer d’émotion tout en chantant des sottises. Ainsi s’achève cette chronique du souvenir. Les Frères Jacques ? Des poètes de velours à la boutonnière, des funambules du calembour, des anges qui savaient rimer avec dingue . Et s’ils nous entendent — là-haut, dans la stratosphère mélodique — qu’ils sachent une chose : le monde est bien triste depuis qu’il ne fait plus le Jacques.
par Jean-Renaud Cuaz 25 octobre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE NOVEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 30 septembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’OCTOBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 septembre 2025
Fin septembre, les Automn’Halles lanceront leur 16e édition. Seize années qu’un pari un peu fou a pris vie : celui de faire vibrer une île singulière au rythme des mots, de la lecture, de la musique et de la peinture. Depuis quatre ans, la reconnaissance officielle du Centre National du Livre est venue confirmer ce que les Sétois savaient déjà : que ce festival a gagné sa place dans le paysage littéraire national. Des partenaires fidèles — le réseau des Médiathèques de l’Agglo, le musée Paul Valéry, les librairies, le Plateau, l’Amadeus et désormais la Maison Régionale de la Mer — apportent leurs sites, leurs énergies. Grâce à eux, la littérature s’installe partout, elle respire dans chaque recoin de la ville, elle s’offre au plus grand nombre. Durant cinq jours, les auteurs se disperseront comme autant de semeurs de songes. Dans les classes, pour éveiller les élèves à la puissance des mots. Dans les espaces de rencontre, pour échanger directement avec leurs lecteurs. Dans les dédicaces, pour ce moment simple et rare où une phrase manuscrite scelle un souvenir. Le programme est riche, multiple, ouvert. Il accueille des figures déjà consacrées, et des voix nouvelles qui montent, prometteuses et fragiles. Il fait place aux auteurs et éditeurs locaux et régionaux, car la littérature vit aussi des racines qui nourrissent son terreau. Il tend la main aux talents en herbe, avec son Concours de nouvelles. Pendant cinq jours, Sète se transforme en une île de papier et de voix, où chaque rencontre devient une aventure, chaque lecture un voyage, chaque instant une célébration. Nous dédions cette édition des Automn’Halles à un auteur que nous avons accueilli au Crac en 2022. Boualem Sansal est emprisonné depuis plus de dix mois par un pouvoir totalitaire. Condamné pour exercice illégal de… sa liberté de penser et d’écrire. En appel de sa condamnation le 24 juin dernier, l’écrivain âgé et malade lâchait devant un tribunal de façade : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là » . Yves Izard animait la rencontre avec l’auteur de Abraham ou La Cinquième Alliance paru aux Éditions Gallimard en 2020. En charge avec une équipe des Automn’Halles des relations avec les écrivains et les éditeurs, Yves va vous dire quelques mots sur cette rencontre à laquelle certains d’entre vous ont assistée. Boualem a dû laissé une belle empreinte dans vos mémoires. Les Automn’Halles… Ce pourrait être un titre-valise inventé par Erik Satie pour une de ses mystérieuses pièces musicales. On entendrait presque dans nos halles, haranguer : mercredi je peux pas, j’ai gymnopédie ! La question que vous êtes en droit de vous poser, c’est… qu’ont donc en commun Erik Satie et la littérature? Outre le fait qu’Alfred Satie, son père, fut un temps éditeur… Noble métier, s’il en est… Je répondrai qu’après tout, nous recevons samedi Hubert Haddad, l’auteur de… la Symphonie atlantique . Pour le clou de ce festival, car Il faut toujours un clou dans un festival qui se respecte, j’hésite entre… Laurent Mauvignier, l’aspirant au Goncourt, et Michel Zambrano, le sauveteur aux ondes courtes… Lequel nous lira des inédits vendredi à bord de l’Amadeus. Laurent Mauvignier, lui, nous fera l’inventaire de la Maison vide à la Maison de la Mer lors du premier grand entretien demain. L’inventaire d’une maison vide, ça devrait être court me direz-vous… Mais comme c’est Laurent Cachard qui se charge de l’animer, vous en aurez pour votre argent, même si l’entrée est gratuite. C’est simple, les Éditions de Minuit ne jurent que par Mauvignier et ne changeraient pas un traitre-mot de leur auteur fétiche. Je rapprocherais Erik Sati de… Jules Verne, dont nous accueillons samedi l’arrière-petit-fils, Jean Verne, pour les 150 ans de la parution de l’Île mystérieuse . Erik Satie prétendait faire de la musique d’ameublement, allant jusqu’à l’assimiler à du papier peint musical. De là à parler de papier peint littéraire il n’y a qu’un lai à tourner, un pas que des érudits franchissent à propos de Jules Verne. On objectera qu’il y a des papiers peints qui font voyager. Mais je préfère laisser les exzézettes , comme on dit ici, s’exprimer. Pianiste-concertiste international et musicologue, Jean-Pierre Armengaud est également l’auteur d’une colossale biographie du compositeur de Parade , que vous pouvez vous procurer ici ou à la librairie Gavaudan. Jean-Pierre Armengaud va nous rythmer cette rencontre par des illustrations musicales de Satie jouées au piano. À ses côtés, Patrice Legay animera cette soirée. Patrice est musicien et préside l’AMA Languedoc, l’association des Musiciens Amateurs du Languedoc. L’AMA Languedoc animera ici même demain de 10h à 12h une Master Classe de Jean-Pierre Armengaud avec des œuvres de Satie jouées au piano et chantées. Puis à la Médiathèque Mitterrand… le concert Erik Satie vendredi de 18h à 19h30 et la clôture des Automn’Halles dimanche à 18h, un Clin d’œil à Satie par le groupe de jazz Les Smiles. Je terminerai par un précepte que je fais mien : « Je ne me reconnais pas le droit d’abuser des instants de mes contemporains » disait le plus littéraire des compositeurs, celui qu’Alphonse Allais appelait Esoterik Satie. Merci et belles Automn’Halles à toutes et à tous ! Jean-Renaud Cuaz Président du Festival du Livre de Sète – Les Automn’Halles
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUILLET Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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