Elizabeth II en est l’incarnation désormais paisible. La preuve qu’une jeune femme sans aucune expérience ni diplôme peut, par le seul hasard des circonstances, gravir quatre à quatre les marches du pouvoir et briser, aussi haut soit-il, le plafond de cristal. Dans le noble dessein de récupérer son prix à la loterie de la primogéniture.

Dans le monde impitoyable des apparitions publiques, elle sut maîtriser les codes sinon vestimentaires — sa garde-robe acidulée lui attirant de fieffés quolibets — tout au moins ceux d’une pendule à coucou lorsqu’il s’agissait de se glisser métronomiquement jusqu’au balcon et y brandiller le bras avant de s’en retourner se faire huiler le mécanisme. 

On chuchote dans les embrasures des imposantes fenêtres l’avoir vue surprendre ses pantoufles ailleurs qu’à leur place désignée par un protocole tout aussi huilé. Ce qui faisait immanquablement sortir son grand chambellan de ses gonds, partir en vrille pour entrer dans des colères étouffées seulement par l’immensité d’un palais humide aux meubles fatigués, ouvert à tous les courants d’air et d’opprobres.

Issue d’une lignée plus habituée à raccourcir les têtes, empaler les dépouilles ou plus récemment décimer des bataillons de pachydermes, Elizabeth ne goûtait que la compagnie de ses derniers corgis et de son comique-troupier qu’elle épousa pour, sur-le-champ… le reléguer deux pas derrière elle. 

Petite fille, elle rêvait d'être actrice. Ironiquement, son vœu fut exaucé. Le premier rôle d’Elizabeth ii sera immuable, uniforme et sans relâche, quel que soit le décor ou les partenaires. Le rôle cérémonial d’un monarque constitutionnel dont le scénario ne prévoyait pas l’ombre d’un fragment de pouvoir exécutif. Sa fin de carrière fut cependant l’occasion de prouver ses talents de cascadeuse. Les dynasties royales ne seraient-elles pas les dernières grandes stars du cinéma muet ?

Du temps du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, ses ancêtres étaient plus loquaces, leurs cours plus cruelles et leurs légions sanguinaires à souhait. Mais on se doit de leur rendre une justice : pour aller occire en fin de semaine quelques Français outre-Manche, ils ne faisaient pas de dettes et payaient tous leurs fournisseurs comptant, au moyen certes de butins et de rançons dont ils accablaient les peuplades alentours.

De nos jours, pour admirer d’aussi brillantes épopées, il faut être abonné à Netflix.

Les monarques d’alors avaient le glaive à fleur de peau et se lavaient les mains régulièrement deux fois par mois. Ils mouraient souvent des suites de leur premier bain et poussaient le luxe jusqu’à se servir de mouchoirs de poche. Les bouleversements de l’histoire les ont par la suite forcés à quelques ajustements, entre autres fiscaux, avec ce flegme so british qui les fait se piquer de politesse et de délicatesse au moindre désastre, à la non moindre disgrâce.

Ainsi en 1992, ce continuum royal fut-il mis à rude épreuve. Le couple de Galles se déchire dans les pages de best-sellers. Les tabloïds londoniens en font leurs choux-gras et claironnent leur séparation. Un incendie se déclare en novembre au château de Windsor, alimenté par les piles de livres et journaux fielleux rachetés par la famille. Annus Horribilis aux dires de la reine car la même année le prince Andrew et la princesse Anne se séparent de leurs moitiés. Hier encore, des folliculaires affolés cherchaient en vain des poux dans l’hermine du prince Edward, quatrième et dernier enfant d’Elizabeth.

Il leur faudra attendre 1996 et le divorce de Charles et Diana virer à la tragédie l’année suivante avec la mort à Paris de la princesse des cœurs. Alors que la foule lui rend hommage devant le palais de Buckingham, on soupçonne aisément le prince Philip, excédé, lancer en se tournant vers sa famille : « Qui de vous, tas de mauviettes, ira lui rendre hommage ? » À ces paroles électrisantes, la reine et ses enfants, comme un seul homme… auraient gardé le plus profond silence. Voyant les grilles du palais dangereusement s’animer, Elizabeth se fit poser par son grand chambellan quelques cataplasmes dont le besoin se faisait cruellement sentir. Après un « Merci mon grand » de circonstance, elle fit baisser le pont-levis, à moitié animée d’une curiosité pour une carte de condoléance parmi les fleurs qui lui soit indulgente.

Les derniers séismes windsoriens allaient concerner à nouveau Andrew et son favori, Harry. Le premier, pour un libertinage somme toute assez partagé, mais exercé chez un hôte sulfureux en compagnie d’une blondinette effarouchée une fois devenue adulte. Le second avoua très tôt un penchant pour les filles sentant le graillon et les sauteries entre nazillons. Granny, que ces errements désobligeaient, l’excommunia raid. Ce qui ne fit pas plus d’effet sur son petit-fils que si l’on fût venu lui annoncer que son fish and chips était servi. Encore une année cahoteuse, soupira-t-elle en saluant la foule d’un balcon de plus en plus dégarni.

Dans un empire sur lequel le ciel ne s’éclaircit jamais, Elizabeth trouvait encore la force de rouler sa bosse, suivie de quinze mille douzaines de kilos de bagages dans lesquels tenait place un petit chambellan. C’est ainsi qu’en 2011 elle s’offrit un voyage en Irlande, le premier d’un monarque britannique en un siècle, pour mettre un terme à une querelle de religion ou pour une question de mur mitoyen. On n’a jamais su au juste.

Multipliant les symboles vestimentaires, son unique libre expression, elle imagina à l’aide d’une couturière irlandaise un fagotage des plus perçants : une robe ornée de 2091 trèfles cousus à la main, des chapeaux aux plumes vertes, une broche en harpe irlandaise, des dames d’honneur en 50 nuances de vert. Une empathie taillée sur mesure qu’elle eut été bien avisée plus tard de faire montre à la mort d’une princesse citée plus haut.

La reine y prononça une circonvolution en gaélique parfait, regrettant la façon dont la Grande-Bretagne avait fait souffrir l’Irlande, mais oubliant que les Tommies avaient fait quasiment disparaître ce dialecte. Huit petits siècles d’effusions de sang et de haine, ravagés par de sinistres famines, grêlés d’un Bloody Sunday lorsqu’en 1972 les forces britanniques abattirent 14 civils innocents. Et ponctués d’un attentat retentissant en 1979 dont furent victimes son cousin Lord Mountbatten et son petit-fils de 14 ans.

Alors que les anciens de l’i.r.a. aujourd’hui au pouvoir auraient préféré attendre un siècle de plus, à la fin de la visite, les Irlandais amollis avaient fondu. Ils appelaient Elizabeth leur mère prodigue, Liz, et certains agitaient même des Union Jacks. Le dernier avatar du népotisme et du colonialisme déchaînait, à mesure que le temps passait et que la victimisation devenait tendance, une admiration rampante pour son stoïcisme, aussi isolée fut-elle de son peuple que ne l’est des visiteurs dans un parc animalier la doyenne des bêtes.

Elizabeth se retira à Balmoral, sa retraite estivale, où sa santé se dégrada vitement. Elle laisse inachevés un Yorkshire pudding et un héritier aux oreilles pourtant prêtes depuis des lustres à le faire décoller du cocon familial. La reine meurt à 96 ans de la peur qu’elle avait de ne pouvoir entrer dans le Guinness des records du règne le plus long. Elle n’en marqua après sa mort aucun regret.
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUILLET Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 29 mai 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUIN Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 29 avril 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE MAI Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 16 avril 2025
FRANCK JALLEAU (1962-2025) Le N d’ANCT est parti. N comme Nieul-sur-l’Autise où Franck a vu le jour en 1962. Ses origines vendéennes feront dire à José Mendoza, l’un de nos professeurs un brin souverainiste, qu’il ne démériterait pas à avoir un peu plus de sang chouan. La typographie française a perdu ce 13 avril un de ses apôtres, la gravure lapidaire, un de ses artisans les plus prolifiques. Nous étions 4 mousquetaires à l’Atelier National de Création Typographique (ANCT devenu ANRT) en 1986. L’année précédente, Franck avait étrenné nos tables à dessin et inauguré le programme de réhabilitation de la typographie française. Le benjamin du quarteron en était pourtant le grand frère, animant nos fins de journée avinées aux abords de l’Imprimerie Nationale, sous le regard bienveillant de Gutenberg qui nous toisait de son regard de bronze et semblait, on l’aurait juré, opiner du chef. Un caractère bien trempé, ciselé par une passion pour la capitale romaine, dont Franck vantait à s’en arracher les cheveux la perfection millénaire. C’est à coup de maillet sur un ciseau magique qu’il ravinait la pierre avec une assurance confondante. Franck creusa son sillon avec un même aplomb au service de projets humanitaires. En témoignent les parvis du Trocadero à Paris et des Nations Unies à New York. Allez leur/lui rendre hommage en foulant leurs dalles gravées de ces capitales immuables. Lui n’a sans doute pas eu le temps de graver la sienne là où il va reposer. Nul doute qu’un de ses disciples aura répondu à l’appel pour lui offrir une stèle digne de son œuvre. Avec gravées deux dates bien trop rapprochées, à notre goût. Quand il trouvait le temps, il partait à Nieule restaurer sa tanière, une vieille demeure faite évidemment de pierres qu’il taillait et montait avec l’aide d’anciens protes devenus potes, prêts à se retrousser les manches pour lui et Sylvie. Une copine qu’il avait embarquée en mobylette à un âge où on jouait au flipper. Elle l’accompagnera jusqu’à son dernier souffle. Il y avait chez Franck une rectitude dans ses choix intimes autant que professionnels, que rien ne pouvait distraire. L’enseignement sera la pierre angulaire d’une vie entièrement dédiée au partage d’un savoir-faire acquis à la force du poignet. De l’école Estienne à ses ateliers de gravure lapidaire, on aurait suivi ce gourou jusqu’au précipice. Il inspirait la confiance et un respect dont se parent les vétérans du métier. Franck n’aura pas eu besoin d’atteindre cet âge canonique pour entrer dans l’Histoire. Mais on aurait bien aimé qu’il s’en approchât. À Sylvie, Baptiste et Alice, mes tendres et affectueuses pensées. À Franck, la douloureuse gratitude d’avoir côtoyé une belle âme. Jean-Renaud
par Jean-Renaud Cuaz 29 mars 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AVRIL Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 mars 2025
Un peu d’histoire… Une page méconnue de l’histoire du port de Sète nous amène à… Fécamp, en Seine-Maritime. En 1855, trois groupements d’armateurs sétois y possédaient le quart de la flotte fécampoise des morutiers armés pour la pêche au large de Terre-Neuve. Les ketchs et autres bricks, une fois leurs cales remplies, mettaient le cap sur le détroit de Gibraltar pour décharger leur cargaison de morues dans le port de Sète. Le poisson y était salé et séché, dans une région riche en sel. Les bateaux repartaient ensuite vers Fécamp, les cales remplies cette fois de vin du Languedoc et de sel destiné au commerce. Ce négoce prospéra jusqu’à la guerre franco-prussienne de 1870 qui marqua un coup d’arrêt fatal. Les derniers morutiers sétois de Fécamp sont désarmés en 1890. Mais l’activité perdurera quelques dizaines d’années dans le port de Sète. À BORD DE L’AMADEUS Ce ketch aurique* est le plus vieux gréement amarré dans le port de Sète. Il fut mis à l’eau le 17 juillet 1910, sous le nom d’Agatha pour la pêche à la morue. Jean-Christophe Causse, son propriétaire depuis 1989, l’a acheté à une association de musiciens qui avait rebaptisé leur navire en hommage à Mozart.  Bienvenue à bord ! Amarré au cœur de la cité portuaire, le long du quai de la République, sur le canal Maritime, l’Amadeus vous tend sa passerelle entre les ponts de Tivoli et de la Victoire, entre mer et étang. Les mille vies que ce porte-étendard des expéditions morutières a connues feront l’objet de débats animés programmés tout le long de l’année. Les deux ponts du morutier, couvert à l’arrière, ouvert à l’avant, vous accueilleront pour des tables rondes, des dégustations de produits du terroir. * Voilier à deux mâts dont le grand mât est situé à l’avant. Ketch vient du mot anglais catch, signifiant prendre au sens de prise de pêche. Le gréement aurique de l’Amadeus comprend 6 voiles : mât d’artimon (une voile aurique et un flèche), mât principal (une voile aurique et un flèche) et sur le beaupré (trinquette et foc).
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