LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

280e édition de la Saint-Louis

Place aux JOutes olympiennes et leurs anneaux bleu et rouge !
Du jeudi 22 au mardi 27 août

Canal du Cadre royal à Sète


Après le bourdonnement olympique, viendra le temps du lourd et du proverbial. La fête de la Saint-Louis attaquera sa 280e édition, excusez du peu, d'ici un petit mois qui va paraître une éternité. Une place du Pouffre survoltée sonnera alors le branle-bas et sortira de leur moite torpeur les moins attentifs de ses fidèles. Charpenté comme une catalane, ce programme 2024, où l’homérique le dispute à l’insolite, est bâti à grand renfort de défilés, de musiques, d’animations, avec en étrave, 4 jours de joutes dans un Cadre plus Royal que jamais. En avant partout !


Les grandes lignes du programme : JEUDI 22 AOÛT Sacro-sainte ouverture des barquanales depuis le balcon d’honneur de la mairie. Discours lu par le maire avant que le redoutable canon tire à boulets rouges et bleus. Suivra la moins redoutée nuée de confettis lâchés sur la foule, devenue sourde. Premiers défilés et tournoi des petits jouteurs sur chariots dans le Cadre royal, suivi du tournoi des joutes féminines et de la presse. VENDREDI 23 AOÛT Défilé des jeunes jouteurs et des juniors de la gare au Cadre royal. Tournoi de la Coupe d'Or Gaston Macone en soirée. SAMEDI 24 AOÛT Les mi-moyens défilent de la place Léon-Blum au Cadre royal. Remise des prix des vainqueurs à l'issue du tournoi, suivi d’une fantaisie musicale déambulante. DIMANCHE 25 AOÛT Prise des pavois des jouteurs juniors devant le théâtre Molière et grand défilé des moyens, des lourds et des quartiers de la ville jusqu’à la décanale Saint-Louis pour la grand-messe. Tournoi des moyens suivi du Grand Prix de rame de la Saint-Louis, avec Cettarames. LUNDI 26 AOÛT La journée la plus épaisse s’ouvre avec la Traversée de Sète à la nage suivie du défilé des lourds depuis le théâtre Molière et de la place Léon Blum avant d’attraper lances et pavois. Tournoi final des lourds suivi du gala lyrique au parc Simone Veil. MARDI 27 AOÛT Feu d’artifice de clôture avant la prochaine édition.

Festival lyrique de Lamalou-les-Bains

Jusqu’au 18 août

Théâtre municipal


L’enchantement opère, année après année, depuis sa première édition en… 1880. Le plus grand festival lyrique consacré à l’opérette et l’opéra-comique dans un cadre enchanteur. Un patrimoine culturel français unique en 5 grands spectacles avec orchestre, costumes, décors, chœurs et solistes, dans la grande tradition de l’opérette et 5 concerts à travers le Grand Orb. En clôture, La vie parisienne, opéra bouffe d’Offenbach, avec ses dandys désœuvrés, ses touristes floués, ses domestiques déguisés… Sous les froufrous tournicotants, une satire de l’intemporelle contemporanéité. Elle vous transportera bien plus que cette tympanisante horde de festivals…


Tarifs pour les 5 représentations payantes :

Fosse centrale : 45€

Fosse latérale et balcon : 30€


Réservations et billetterie

Par téléphone : 04 67 95 63 07 

Par email : billetterie@mairielamalou.fr


Sur réservation :

Dimanche 4 août à 15h : Gipsy

Mercredi 7 août à 18h : Paris Champagne

Dimanche 11 août à 15h : Belle Hélène

Mercredi 14 août à 18h : Les mousquetaires au couvent

Dimanche 18 août à 15h : La vie parisienne

Offerts : lundi 5, mardi 6, lundi 12, mardi 13 août : Concerts Grand Orb


Théâtre Municipal

24 avenue de la République, Lamalou-les-Bains

Jean-Pierre Blanche Garrigue et lumière

Jusqu’au 15 septembre

Chapelle des Pénitents à Aniane


Disparu en 2022, Jean-Pierre Blanche fréquente les beaux-arts de Montpellier puis à Paris où se révèle sa vocation et se déploie sa technique. Il remporte le Prix Abd-El-Tif en 1956, lequel lui ouvre les portes de 2 années de résidence de création en Algérie. Avec la Casa de Velázquez et la villa Médicis, la villa Abd-el-Tif, ancien palais dominant Alger, formait la trilogie des fondations nationales. À son retour, le désir de revoir les paysages du Languedoc le conduit dans l’arrière-pays montpelliérain où il s’installe dans un mas proche du village de Puéchabon. Il s’établira ensuite à Aix-en-Provence, mais restera très attaché aux paysages de l’Hérault.


Ouvert le mercredi, jeudi, vendredi, samedi 15h30-19h30

Dimanche 10h30-12h30 et 15h30-19h30


Chapelle des Pénitents

10 place des Pénitents, Aniane

Nazanin Pouyandeh Désobéissantes

Jusqu’au 9 novembre

Fondation GGL à Montpellier


Artiste contemporaine d’origine iranienne, Nazanin Pouyandeh s’affirme comme une voix singulière et influente de la scène artistique française. Inspirée par son histoire personnelle et sa lutte pour la liberté des femmes, l’artiste jette le voile, tient tête et s’affranchit effrontément du carcan des règles. Une bouffée de liberté où triomphe l’expression et la création. En résulte une œuvre érudite, dans laquelle, dans une profusion jubilatoire, s’entremêlent éléments religieux et puisés au sein de rituels païens, figures mythologiques et appartenant à l’histoire de l’art.


Contact 04 99 66 18 21

contact@fondation-ggl.com


Fondation GGL

Hôtel Richer de Belleval

Place de la Canourgue, Montpellier

Qui mieux qu’un commissaire de police sétois pour nous faire découvrir, par des faits divers — et variés dans leurs intrigues et leurs décors — une île drôlement singulière ? De la Pointe Courte aux Pierres Blanches, entre mer et étang, suivez à l’imper, de fil en anguille, ce poulardin nommé Maska.

Dans l’atelier de… JonOne

Jusqu’au 13 octobre

Parcelle473 à Montpellier


De son nom extra-muros John Andrew Perello, l’artiste américain d’origine dominicaine JonOne débutait en bombant les trains et les murs du quartier new yorkais qui l’a vu grandir, Harlem. De macule en giclée, le graffeur saute vitement de la frénésie urbaine à la toile, paisible et… monnayable. Installé à Paris depuis plus de 30 ans, l’artiste s’est fait connaître du grand public par ses création murales en faveur des sans-toit.


Du mercredi au samedi 11h-18h
Dimanche et mardi 14h-18h

Tarifs : 4€

Inscription, billetterie ou réservation

contact@parcelle473.com

06 66 02 69 29


Parcelle473

425 avenue des Frères Bühler, Montpellier

Jean-Luc Favéro Supernature
Jusqu’au 1er décembre

Maison des Consuls aux Matelles


Après avoir eu vent de la catastrophe de Fukushima et croisé un cerf mort lors d’une promenade forestière, Jean-Luc Favéro se pose la question, somme toute partagée, d’une nature altérée. Mais cet examen de conscience sera, pour lui, fécond et créatif, à force de dessins au brou de noix et à la cambrousse. Il conjure le sort et redonne vie à son cher cerf en le transfigurant : l’œuvre fera forte impression à l’Espace culturel Louis Vuitton en 2014. Elle occupe, à la Maison des Consuls, un espace entièrement dédié. Cuirassée de métal grillagé, elle projette à la fois grandeur, grâce et délicatesse. Nature et peintures animent un second espace, exposant ses portraits d’arbres nervurés et ses vues du pic Saint-Loup. La troisième partie ne vient pas contredire l’amour de l’artiste pour les animaux, avec ces chevaux blancs sur fond noir et une monumentale sculpture martelée sur de la tôle de récupération.


Tous les jours d’août 10h-13h et 14h-19h

À partir de septembre du mercredi au dimanche 14h-17h

Contact 04 99 63 25 46


Maison des Consuls

Rue des Consul, Les Matelles

Cinéma de la Mer

Du 16 au 20 août

Théâtre de la Mer à Sète


En clôture du cinéma de la Mer : mardi 20 août

Le Comte de Monte-Cristo au théâtre de la mer, c’est une expérience quasi immersive dans cet ancien fort Saint-Pierre surplombant la grande bleue. De celles que l’on imagine, comme revoir La Pointe Courte au foyer Louis Roustan dans la traverse des Pêcheurs. La rudesse de vos assises vous transportera au Château d’If où, sur une litière du même bois, Edmond Dantès rongeait tantôt son frein, tantôt celui de l’abbé Faria.

Adaptation d’un des plus célèbres romans d’aventure de la littérature française, par Matthieu Delaporte & Alexandre de la Patellière, avec Pierre Niney dans le rôle titre.


Ouverture des portes à 20h15 

Début des projections à 21h30

Réservation sur véo


Théâtre de la Mer

Promenade Maréchal Leclerc, Sète

Bonnard et le Japon

Jusqu’au 6 octobre

Caumont Centre d’Art à Aix-en-Provence


La première participation du Japon à l’Exposition universelle de 1867, année de naissance de Pierre Bonnard, allait voir pendant près d’un demi-siècle, une folie pour tout ce qui vient du pays du Soleil-Levant déferler en France puis en Angleterre. Surnommé le Nabi très japonard par la critique, l’artiste se détourne du naturalisme et de l’impressionnisme pour adopter une esthétique faite de souplesse dans les mouvements, de contraste dans les couleurs et de lignes en arabesque. L’espace s’aplanit, le décor envahit ses toiles. Dès lors, son style est véritablement empreint de japonisme.

Les œuvres de Bonnard exposées font face à une sélection d’estampes japonaises afin de bien comprendre comment son style fut marqué jusqu’au bout par les concepts et l’esthétique nippone.


Tous les jours 10h-19h

Dernière admission 30 minutes avant la fermeture du musée

Billetterie


Visite du Centre d’Art (jardins, salons historiques et film Cézanne) + exposition

Plein tarif 15,50€

Tarif sénior (plus de 65 ans) 14,50 €

Tarif réduit (étudiants, porteurs du Pass Education et demandeurs d’emploi) 12,50€

Tarif jeune (7-25 ans) 10€

Tarif famille (2 adultes et 2 enfants de 7 à 25 ans) 45€

Visite commentée tous les jours à 17h : entrée + 7,50€


Caumont Centre d’Art

Hôtel de Caumont

3 rue Joseph Cabassol, Aix-en-Provence

Gérard Calvet prémices d’une œuvre (1945-1955)

Jusqu’au 3 novembre

Musée de Vulliod-Saint-Germain à Pézenas


Chambre rue 4 vents de 1949 est le titre de l'une des 30 toiles retrouvées enroulées dans un cagibi. Le poêle, peint au centre, n'existait pas. Gérard Calvet, en l’imaginant, espérait réchauffer ses doigts engourdis, tant il souffrait du froid dans ces années d’après-guerre. Une vieille clef étiquetée Cagibi révéla ce rouleau poussiéreux—quelques années après le décès du peintre sétois en 2017—au fond d'un couloir sans lumière, derrière une vieille porte. Coutil de matelas, toile de jute de sac de pommes de terre envoyées par sa mère… Support/Surface n’était pas encore un mouvement artistique, mais un défi quotidien pour y coucher des couleurs chèrement payées. Ces œuvres, parmi les toutes premières réalisées par l’artiste, sont inédites. Les circonstances hasardeuses de leur découverte, en 2021, ajoutées à la relative modestie de ce superbe musée piscénois dépourvu de conservateur, en font une destination précieuse. Fondateur de l’École de Sète avec André Blondel et François Desnoyer, Gabriel Couderc adhéra avec ce dernier au groupe Montpellier-Sète et fut curateur du musée Paul Valéry où son œuvre est abondamment représentée.


Contact 04 67 98 90 59


Musée de Vulliod Saint-Germain

3 rue Albert-Paul Alliès, Pézenas

Les Costières de l’art

Jusqu’au 15 août

Costières de Nîmes


6 grands domaines des Costières invitent 20 artistes plasticiens à exposer dans les vignes, les chais et les salles de dégustation. Les Costières de l’Art sont le meilleur moyen de découvrir la région des Costières de Nîmes. Passez une demi-journée mémorable en vous laissant guider par votre passion pour le vin, l’art contemporain, la nature et le patrimoine. Elles mettent à l’honneur les artistes plasticiens ayant développé une technique, un geste ou un savoir-faire unique, et valorisent des univers créatifs en résonance avec les paysages exceptionnels des Costières de Nîmes.


3 Pass exclusifs :

Pass TOUTES EXPOS : accès libre aux expositions et œuvres de Land art du 1er juillet au 15 août, 1 dégustation de vin par domaine et 10% de remise sur le vin acheté. Options disponibles : location vélo et/ou vernissage privé.

Pass UNE EXPO : accès à une exposition spécifique avec dégustation de vins du domaine.

Pass GRATUIT : pour les mineurs de moins de 18 ans.

Réserver

contact@costieresdelart.com

costieresdelart.fr


•⁠ ⁠Domaine de Poulvarel : du lundi au samedi 10h-12h et 14h-19h
•⁠ ⁠Château Beaubois : le lundi 9h-17h30, du mardi au vendredi 9h-18h, et le samedi 10h-18h
•⁠ ⁠Château Mourgues du Grès : du lundi au vendredi de 9h30 à 12h et de 13h30 à 18h30, et le samedi de 10h à 12h30 et 13h30-18h
•⁠ ⁠Gallician-Signature : du lundi au samedi 10h-12h et 14h-18h
•⁠ Château Guiot : en accès libre toute la journée
•⁠ Noria Gassier Mas Beck : en accès libre toute la journée

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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par Jean-Renaud Cuaz 29 novembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 13 novembre 2025
De l’obscurité des music-halls à l’obscurantisme des mollah, des Parapluies de Cherbourg aux machettes de boucher, des Tontons flingueurs aux massacreurs du Bataclan… il n’aura fallu qu’une soixantaine d’années. Les justaucorps jacquard et chapeaux melon ont fait place aux amples cafetans et coiffures d’imam qui peinent à cacher le sang d’un islamofrérisme rampant et son faux frère, l’islamo-gauchisme. Il y a quatre-vingts ans, la guerre, lassée de tant de vacarme, s’en est allée finir ailleurs. Les ondes radiophoniques, jusque-là traumatisées par les sirènes, reprennent du service : elles décident de diffuser autre chose que des alertes. Le 26 mai 1945 , on cherche un quatuor vocal pour mettre un peu de facétie. Quatre jeunes gens se présentent, aussi dégingandés qu’enthousiastes. On leur demande leur nom : ils n’en ont pas. — Appelez-nous les Frères Quelque Chose , proposent-ils avec modestie. Un technicien, homme d’un grand sens du hasard, s’écrie Les Frères Jacques ! Et l’affaire est faite, aussi vite qu’un jeu de mots en goguette. Le nom fleure bon la chanson enfantine et la plaisanterie potache, parfait pour faire les pitres avec gravité. Ils chantent, gesticulent, font le Jacques avec l’élégance d’un sémaphore en délire. Un soir, entre deux refrains et trois nœuds papillon, ils croisent Francis Blanche, qui leur écrit des textes où l’intelligence fait des claquettes. Leur premier répertoire ? Un buffet à volonté : folklore, negro spirituals, chants religieux, le tout saupoudré de synchronisation labiale approximative. En 1948 sort leur premier 78 tours, à une époque où la musique tournait plus lentement et durait plus longtemps. Le succès vient, trébuchant mais poli, et c’est Jacques Canetti qui, tel un bon génie en complet sombre, les propulse dans la lumière des projecteurs. Les voilà chantant sur des ondes enfin réconciliées avec l’humanité. Le 3 janvier 1982, un drame national — que dis-je, cosmique — s’est joué au Théâtre de l’Ouest parisien : les Frères Jacques ont décidé d’arrêter de chanter. Les âmes sensibles ont aussitôt crié au scandale, les autres ont continué à mâcher leur cacahuète, car c’était un dimanche. À la fin du spectacle, quatre chapeaux comiques ont salué le public avant de disparaître dans les coulisses. On raconte qu’ils se sont séparés pour vaquer à leurs occupations. J’en ai interrogé un : il comptait élever des silences en batterie. Un autre envisageait d’ouvrir un magasin de chaussettes pour mains, parce que les gants, c’est surfait . Pendant ce temps, leur pianiste Pierre Philippe, brave homme à doigts multiples, a décidé en 1995 de donner son dernier concert... à Saint-Bouize. Lieu prédestiné, car Saint-Bouize, comme son nom l’indique, est la capitale mondiale du soupir discret. En 1996, au Casino de Paris, on leur rend hommage. Cinq-mille spectateurs émus, pas une seule caméra. C’est dire si la télévision sait se tenir. Elle préfère filmer des débats sur la cuisson du flan plutôt que la gloire des artistes. Les années filent ensuite comme des croches sans mesure. Jean-Denis Malclès, tailleur en habits d’humour, quitte ce monde en 2002. François Soubeyran le suit de près, sans doute pour vérifier les coutures de ses ailes. Puis les frères Bellec s’en vont, l’un après l’autre, avec une ponctualité presque suisse. Paul Tourenne, fidèle jusqu’à la dernière note, s’éclipse en 2016 à Montréal — preuve que même les Jacques ont besoin d’un peu d’exil pour mourir tranquilles. Enfin, Hubert Degex, le dernier pianiste, rend les touches en 2021, à 92 ans, après avoir sans doute trouvé une partition d’éternité en ré majeur.
 La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve leurs chapeaux, leurs partitions et même leurs coupures de presse — tout ce qu’il faut pour organiser un sabbat érudit. Il ne manque que le son de leurs voix et le rire suspendu entre deux couplets. Leur répertoire, quant à lui, relève de la haute voltige intellectuelle : ils ont tout chanté, du général Castagnetas à la confiture , du Complexe de la truite (de Schubert) au derrière du peuple (voir La Digue du cul , œuvre d’intérêt public). Ils ont prouvé qu’on pouvait philosopher en collant des grimaces sur des vers de Prévert, et pleurer d’émotion tout en chantant des sottises. Ainsi s’achève cette chronique du souvenir. Les Frères Jacques ? Des poètes de velours à la boutonnière, des funambules du calembour, des anges qui savaient rimer avec dingue . Et s’ils nous entendent — là-haut, dans la stratosphère mélodique — qu’ils sachent une chose : le monde est bien triste depuis qu’il ne fait plus le Jacques.
par Jean-Renaud Cuaz 25 octobre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE NOVEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 30 septembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’OCTOBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 septembre 2025
Fin septembre, les Automn’Halles lanceront leur 16e édition. Seize années qu’un pari un peu fou a pris vie : celui de faire vibrer une île singulière au rythme des mots, de la lecture, de la musique et de la peinture. Depuis quatre ans, la reconnaissance officielle du Centre National du Livre est venue confirmer ce que les Sétois savaient déjà : que ce festival a gagné sa place dans le paysage littéraire national. Des partenaires fidèles — le réseau des Médiathèques de l’Agglo, le musée Paul Valéry, les librairies, le Plateau, l’Amadeus et désormais la Maison Régionale de la Mer — apportent leurs sites, leurs énergies. Grâce à eux, la littérature s’installe partout, elle respire dans chaque recoin de la ville, elle s’offre au plus grand nombre. Durant cinq jours, les auteurs se disperseront comme autant de semeurs de songes. Dans les classes, pour éveiller les élèves à la puissance des mots. Dans les espaces de rencontre, pour échanger directement avec leurs lecteurs. Dans les dédicaces, pour ce moment simple et rare où une phrase manuscrite scelle un souvenir. Le programme est riche, multiple, ouvert. Il accueille des figures déjà consacrées, et des voix nouvelles qui montent, prometteuses et fragiles. Il fait place aux auteurs et éditeurs locaux et régionaux, car la littérature vit aussi des racines qui nourrissent son terreau. Il tend la main aux talents en herbe, avec son Concours de nouvelles. Pendant cinq jours, Sète se transforme en une île de papier et de voix, où chaque rencontre devient une aventure, chaque lecture un voyage, chaque instant une célébration. Nous dédions cette édition des Automn’Halles à un auteur que nous avons accueilli au Crac en 2022. Boualem Sansal est emprisonné depuis plus de dix mois par un pouvoir totalitaire. Condamné pour exercice illégal de… sa liberté de penser et d’écrire. En appel de sa condamnation le 24 juin dernier, l’écrivain âgé et malade lâchait devant un tribunal de façade : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là » . Yves Izard animait la rencontre avec l’auteur de Abraham ou La Cinquième Alliance paru aux Éditions Gallimard en 2020. En charge avec une équipe des Automn’Halles des relations avec les écrivains et les éditeurs, Yves va vous dire quelques mots sur cette rencontre à laquelle certains d’entre vous ont assistée. Boualem a dû laissé une belle empreinte dans vos mémoires. Les Automn’Halles… Ce pourrait être un titre-valise inventé par Erik Satie pour une de ses mystérieuses pièces musicales. On entendrait presque dans nos halles, haranguer : mercredi je peux pas, j’ai gymnopédie ! La question que vous êtes en droit de vous poser, c’est… qu’ont donc en commun Erik Satie et la littérature? Outre le fait qu’Alfred Satie, son père, fut un temps éditeur… Noble métier, s’il en est… Je répondrai qu’après tout, nous recevons samedi Hubert Haddad, l’auteur de… la Symphonie atlantique . Pour le clou de ce festival, car Il faut toujours un clou dans un festival qui se respecte, j’hésite entre… Laurent Mauvignier, l’aspirant au Goncourt, et Michel Zambrano, le sauveteur aux ondes courtes… Lequel nous lira des inédits vendredi à bord de l’Amadeus. Laurent Mauvignier, lui, nous fera l’inventaire de la Maison vide à la Maison de la Mer lors du premier grand entretien demain. L’inventaire d’une maison vide, ça devrait être court me direz-vous… Mais comme c’est Laurent Cachard qui se charge de l’animer, vous en aurez pour votre argent, même si l’entrée est gratuite. C’est simple, les Éditions de Minuit ne jurent que par Mauvignier et ne changeraient pas un traitre-mot de leur auteur fétiche. Je rapprocherais Erik Sati de… Jules Verne, dont nous accueillons samedi l’arrière-petit-fils, Jean Verne, pour les 150 ans de la parution de l’Île mystérieuse . Erik Satie prétendait faire de la musique d’ameublement, allant jusqu’à l’assimiler à du papier peint musical. De là à parler de papier peint littéraire il n’y a qu’un lai à tourner, un pas que des érudits franchissent à propos de Jules Verne. On objectera qu’il y a des papiers peints qui font voyager. Mais je préfère laisser les exzézettes , comme on dit ici, s’exprimer. Pianiste-concertiste international et musicologue, Jean-Pierre Armengaud est également l’auteur d’une colossale biographie du compositeur de Parade , que vous pouvez vous procurer ici ou à la librairie Gavaudan. Jean-Pierre Armengaud va nous rythmer cette rencontre par des illustrations musicales de Satie jouées au piano. À ses côtés, Patrice Legay animera cette soirée. Patrice est musicien et préside l’AMA Languedoc, l’association des Musiciens Amateurs du Languedoc. L’AMA Languedoc animera ici même demain de 10h à 12h une Master Classe de Jean-Pierre Armengaud avec des œuvres de Satie jouées au piano et chantées. Puis à la Médiathèque Mitterrand… le concert Erik Satie vendredi de 18h à 19h30 et la clôture des Automn’Halles dimanche à 18h, un Clin d’œil à Satie par le groupe de jazz Les Smiles. Je terminerai par un précepte que je fais mien : « Je ne me reconnais pas le droit d’abuser des instants de mes contemporains » disait le plus littéraire des compositeurs, celui qu’Alphonse Allais appelait Esoterik Satie. Merci et belles Automn’Halles à toutes et à tous ! Jean-Renaud Cuaz Président du Festival du Livre de Sète – Les Automn’Halles
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
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par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
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