LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

3e FESTIVAL AGNÈS VARDA
Du jeudi 19 au dimanche 22 septembre

Foyer Louis Roustan de la Pointe Courte à Sète


Le revoici ! Un festival à taille humaine si l’on prend pour mètre étalon celle à qui cette kermesse est dédiée. Me revoilà nous fait signe Agnès Varda à travers une sélection de films signés de la cinéaste, artiste visuelle… et photographe avec une exposition de clichés inédits de ses tournages sur l’île singulière. À découvrir dans la traverse des Pêcheurs pendant le festival. Le vendredi 20 à 19h30, place au groupe Au bois de mon cœur, un quintet sétois qui en envoie quand il s’agit de rendre hommage au troubadour des Copains d’abord


Les films à (re)voir :

En ouverture, jeudi 19 à 18h : La Pointe courte (1954)

Vendredi 20 à 18h : Jane B. par Agnès V. (1988)

Samedi 21 à 18h : Le Bonheur (1965)

Dimanche 22 à 16h : Les Créatures (1965)

et en clôture à 18h : Les plages d’Agnès (2008)


Entrée gratuite sur réservation au 06 31 00 16 10


Foyer Louis Roustan

61 traverse des Pêcheurs

La Pointe Courte, Sète

Faire signe. Pierre Di Sciullo

Jusqu’au 22 septembre

Musée Champollion à Figeac


L’écriture, marqueur essentiel de nos civilisations, s’est parallèlement développée et enrichie au fil des siècles. Des signes cunéiformes aux capitales romaines et plus tard aux minuscules carolingiennes, on arrive à ces lignes que vous lisez. Depuis, les typographes contemporains, pour se désennuyer, s’attachent à décliner ces formes abouties jusqu’à la limite de la lisibilité. Quand la magie opère, avec Pierre Di Sciullo notamment, une écriture typo-graphique joue les passe-murailles. Deux cents ans après le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens par Champollion dans cette même ville où il naquit en 1790.


Tarif plein 7 € : musée et exposition
Tarif réduit 4 € : musée et exposition
Exposition seule 3 €

Gratuit les 1er dimanches du mois


10h30-12h30 et 14h-18h, tous les jours sauf le lundi

Tél. 05 65 50 31 08

Le musée Champollion


Musée Champollion

Place Champollion, Vigeac

Gabriele Münter, Eudora Welly : Au début, la photographie

Jusqu’au 29 septembre

Pavillon Populaire à Montpellier


Deux photographes du sud des États-Unis des années 1900 confrontent leurs approches, l’une amateure, incarnée par Gabriele Münter, l’autre professionnelle, avec Eudora Welly. Une vision de ce qui l’entoure, une technique réfléchie et sensible, d’un côté. Un œil acéré d’un État, le Mississippi, aussi pauvre que ségrégationniste, de l’autre. Leur renommée viendra plus tard. Par la peinture pour Münter, cofondatrice du groupe expressionniste Le Cavalier bleu (Der Blaue Reiter), et un temps compagne de Vassily Kandinsky. Par la littérature pour Welly, l’une des plus talentueuses écrivaines sudistes américains, dont l’œuvre n’a d’égale que celle de William Faulkner, natif comme elle du Mississippi. Pour leur œuvre photographique, longtemps ignorée, il y a le Pavillon populaire jusqu’à fin septembre.


Entrée gratuite

Du mardi au dimanche 11h-13h et 14h-19h


Pavillon Populaire

Esplanade Charles de Gaulle, Montpellier

Festival des arts de la rue

Festin de Rue

Samedi 14 et dimanche 15 septembre

Saint-Jean-de-Védas


Festin de Rue propose une soixantaine de représentations gratuites d’arts de la rue au cœur de Saint-Jean-de-Védas. Deux temps forts à ne pas manquer : le spectacle de haute-voltige Pigments de la Cie CirkVost et la déambulation Be hop! de danseurs hip-hop. Les Batteurs de Pavés s’approprient le grand classique Les Misérables de manière joviale et entraînante. La représentation féministe haute en couleurs, Josiane ou l’art de la résistance mêle théâtre et cirque. Un spectacle pour toutes les espèces avec la représentation burlesque de Galactica Korp, clown extraterrestre dans un space opéra. Et un moment de délicatesse par le couple circassien Alta Gama avec Mentir lo Minimo. Les enfants, pourront participer activement au festival avec les Ateliers du cirque.


Programme des spectacles

Tél. 04 67 97 83 00

festinderue.com

LES ÉDITEURS

L’An Demain (Éric Béchetoille, Michel Brel, Pierre Ech-Ardour, Jacques Ibanès, François Mottier, Christophe & Djinn Naigeon, Thea Sieger-Girard) Chèvre-feuille (Manuela Parra, Monique Sérot Chaibi, Janine Teisson) Domens (Yves Gourmelon, Bernard Lagarrigue) Kailash Cap Béar (Isabelle Hamet, Janine Léger, Patrick Misse, Alaint Rollat, Yves Rouvière, Francis Vennat)


LES AUTEURS INDÉPENDANTS

Didier Amouroux Mona Azzam Patrice Bourderioux Béatrice Bourrier Cédric Busque Régine Fournon Moni Grego Francine Héry Alain Lasverne Patrick Lebrat Marie-Claire Mir Élisabeth Pacchiano Nathalie Petit Loïc Robinot Moquaden Shomiti

100% Classique

Festival International

Du 13 au 21 septembre

Église Saint-Augustin et Palais des Congrès à La Grande Motte


100% Classique célèbre ses 10 ans en 2024. Pour marquer l’événement, toujours sous la direction artistique d’Alexandre Benderski, l’Orchestre de Chambre du Languedoc et celui de Toulouse joueront des œuvres musicales du XVIIIe au XXe siècle créées dans le monde entier (Argentine, Norvège, Italie…)

Vendredi 13 septembre : Célèbres tangos classiques de concert, interprétés par l’Orchestre de Chambre du Languedoc et quatre solistes (bandoneon, guitares et violon)

Samedi 14 septembre : Bach, Haydn, Mendelssohn par l’Orchestre de Chambre de Toulouse et dirigé par Gilles Collard

Vendredi 20 septembre : Musique italienne par l’Orchestre de Chambre du Languedoc et quatre solistes (contre-ténor, soprano, violons)

Samedi 21 septembre : Classique & Folklore par l’Orchestre de Chambre du Languedoc dirigé par Alexandre Benderski


Directeur artistique : Alexandre Benderski

Infos et Billetterie

orchestredechambredulanguedoc.com

Festival Accordéon Pluriel
Du 13 au 15 septembre

Quartier Celleneuve à Montpellier


Les accordéonistes d’avant faisaient leurs gammes sur leurs pianos à bretelle dans les estaminets et les bals populaires. Une espèce qu’on croyait en voie de disparition. Sauf que le festival Accordéon Pluriel nous offre pour ses 10 ans un superbe démenti. Une programmation de haut vol et dans tous les styles. En témoignent les artistes invités, le one-woman-show de Jet Black Pearl (photo), un ciné-concert avec Benjamin Macke, le duo Histoire d’Eux, Konoz, un bal afro-latin avec Kalangatà… Les boîtes à frissons proposent également des stages d’accordéon chromatique avec Daniel Mille et diatonique animé par Jean-Loup Sacchettini, une initiation aux danses bretonnes, un atelier découverte, L’accordéon, un instrument multiple, avec Virgille Goller, des puces musicales… Une édition bath !


Information Association Montpellier Accordéon

contact@montpellier-accordeon.fr

Tél. 06 52 11 77 67

accordeonpluriel.fr

Réservation sur les lieux d’animation et de concerts (CB non acceptée)

En ligne via la plateforme HelloAsso


Nombre de places limité

Réservations et achats en ligne conseillés

Buvette et petite restauration sur les lieux d'animation et de concerts

à la Maison pour tous Marie Curie (CB non acceptée)

ISO Photo Festival

Samedi 14 et dimanche 15 septembre

Vandémian


Dans la foulée paralympique, la 6e édition du ISO Photo Festival affiche pour thème Le sport à toute épreuve. Et pour valeurs, humanisme et environnement déployées sur grand format à ciel ouvert le temps d’un week-end. Plongée, course à pied, judo… Parcourez, à travers les rues de Vandémian, ces instants de force et de grâce saisis à travers les regards variés de Nicolas Gallon, Océane Guérin, Jean-Baptiste Liautard, Céline Roy… Au programme du festival : ateliers, rencontres, conférences, prix du public, marathon photo, soirée projection & musique live, le pôle Jeunes Talents, découverte du sport Tambourin, la librairie ISO, résultats du concours Le sport dans ma vallée, déambulation en fanfare, concert classique jazz Quintet 5 têtes…


Télécharger le plan du festival

Contact : festival@iso-photo.fr

Solid’Art

Du 20 au 22 septembre

Zénith Sud à Montpellier


Solid’Art, c’est le salon solidaire d’art contemporain du Secours populaire : Une œuvre achetée c'est un sourire pour un enfant ! L’artiste JonOne parraine l’édition 2024 de Solid’Art Montpellier. À ses côtés, 90 artistes exposeront pour soutenir le Secours populaire : peintres, photographes, sculpteurs, street-artistes, sérigraphes… Venez rencontrer les artistes et découvrir leur univers, il y en aura pour tous les goûts et tous les budgets. Solid’Art s’adresse aux amateurs d’art, aux personnes aidées par le Secours Populaire ainsi qu’à tous ceux qui souhaitent connaître l’association et exprimer leur solidarité.


Entrée libre

Vendredi 14h > 22h

Samedi 11h > 20h

Dimanche 10h > 19h

Le site et le catalogue Solid’Art


Zénith Sud

2733 avenue Albert Einstein, Montpellier

Ma vigne en musique

Du 1er septembre au 12 octobre

Narbonne et alentours


Après une première partie en juin, place à l’acte II du 8e Festival Ma Vigne en Musique avec une programmation de haute qualité à vivre sur le territoire narbonnais.
Dimanche 1er septembre : Les talents de demain, deux concerts de violoncelle avec les jeunes Michelle Tang et Léo Ispir

Samedi 21 septembre : récital De Vilnius à Venise avec la pianiste Müza Rubackyté

Dimanche 22 septembre : Strauss & Co avec le quatuor de clarinettes Anches hantées

Vendredi 11 octobre : Alice au pays des merveilles, avec Florent Nagel (compositeur en résidence) et Bona Song, tous deux au piano, et le comédien Yves Penay

Samedi 12 octobre : soirée de clôture avec l’Orchestre de Chambre de Toulouse (direction Gilles Colliard), Cyril Guillotin et Florent Nagel au piano. Au programme, la création mondiale de l’œuvre commandée à Florent Nagel pour piano et orchestre.


Tél. 07 63 18 52 45

narbonne-classic-festival.fr

Être Méditerranée

Jusqu’au 22 septembre

MO.CO. Panacée à Montpellier


40 œuvres invitent à un cabotage visuel le long des côtes méditerranéennes. Les 22 artistes y sont parfois nés, ils y vivent et y travaillent, ou s’en inspirent depuis un ailleurs pour proposer des œuvres aux formes et esthétiques multiples. Trois caps plus ou moins raccordés émergent de leurs réflexions : l’histoire, l'archéologie, le patrimoine matériel et immatériel ; les mémoires et les héritages autour des récits intimes, des contes et des légendes ; les savoir-faire et pratiques ancestrales, réinterrogés ou assimilés par les artistes :

Nelly Agassi, Diana Al-Hadid, Andreas Angelidakis, Chiara Camoni, Ali Cherri, Aysha E Arar, Simone Fattal, Mounir Gouri, Nour Jaouda, Melike Kara, Elias Kurdy, Teresa Lanceta, Sanaa Mejjadi, Mladen Miljanović, Sara Ouhaddou, Adrian Paci, Zoë Paul, Aïcha Snoussi, TARWUK, Elif Uras, Adrien Vescovi, Marina Xenofontos


MO.CO. Panacée

14 rue de l'Ecole de Pharmacie, Montpellier

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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par Jean-Renaud Cuaz 29 novembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE DÉCEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 13 novembre 2025
De l’obscurité des music-halls à l’obscurantisme des mollah, des Parapluies de Cherbourg aux machettes de boucher, des Tontons flingueurs aux massacreurs du Bataclan… il n’aura fallu qu’une soixantaine d’années. Les justaucorps jacquard et chapeaux melon ont fait place aux amples cafetans et coiffures d’imam qui peinent à cacher le sang d’un islamofrérisme rampant et son faux frère, l’islamo-gauchisme. Il y a quatre-vingts ans, la guerre, lassée de tant de vacarme, s’en est allée finir ailleurs. Les ondes radiophoniques, jusque-là traumatisées par les sirènes, reprennent du service : elles décident de diffuser autre chose que des alertes. Le 26 mai 1945 , on cherche un quatuor vocal pour mettre un peu de facétie. Quatre jeunes gens se présentent, aussi dégingandés qu’enthousiastes. On leur demande leur nom : ils n’en ont pas. — Appelez-nous les Frères Quelque Chose , proposent-ils avec modestie. Un technicien, homme d’un grand sens du hasard, s’écrie Les Frères Jacques ! Et l’affaire est faite, aussi vite qu’un jeu de mots en goguette. Le nom fleure bon la chanson enfantine et la plaisanterie potache, parfait pour faire les pitres avec gravité. Ils chantent, gesticulent, font le Jacques avec l’élégance d’un sémaphore en délire. Un soir, entre deux refrains et trois nœuds papillon, ils croisent Francis Blanche, qui leur écrit des textes où l’intelligence fait des claquettes. Leur premier répertoire ? Un buffet à volonté : folklore, negro spirituals, chants religieux, le tout saupoudré de synchronisation labiale approximative. En 1948 sort leur premier 78 tours, à une époque où la musique tournait plus lentement et durait plus longtemps. Le succès vient, trébuchant mais poli, et c’est Jacques Canetti qui, tel un bon génie en complet sombre, les propulse dans la lumière des projecteurs. Les voilà chantant sur des ondes enfin réconciliées avec l’humanité. Le 3 janvier 1982, un drame national — que dis-je, cosmique — s’est joué au Théâtre de l’Ouest parisien : les Frères Jacques ont décidé d’arrêter de chanter. Les âmes sensibles ont aussitôt crié au scandale, les autres ont continué à mâcher leur cacahuète, car c’était un dimanche. À la fin du spectacle, quatre chapeaux comiques ont salué le public avant de disparaître dans les coulisses. On raconte qu’ils se sont séparés pour vaquer à leurs occupations. J’en ai interrogé un : il comptait élever des silences en batterie. Un autre envisageait d’ouvrir un magasin de chaussettes pour mains, parce que les gants, c’est surfait . Pendant ce temps, leur pianiste Pierre Philippe, brave homme à doigts multiples, a décidé en 1995 de donner son dernier concert... à Saint-Bouize. Lieu prédestiné, car Saint-Bouize, comme son nom l’indique, est la capitale mondiale du soupir discret. En 1996, au Casino de Paris, on leur rend hommage. Cinq-mille spectateurs émus, pas une seule caméra. C’est dire si la télévision sait se tenir. Elle préfère filmer des débats sur la cuisson du flan plutôt que la gloire des artistes. Les années filent ensuite comme des croches sans mesure. Jean-Denis Malclès, tailleur en habits d’humour, quitte ce monde en 2002. François Soubeyran le suit de près, sans doute pour vérifier les coutures de ses ailes. Puis les frères Bellec s’en vont, l’un après l’autre, avec une ponctualité presque suisse. Paul Tourenne, fidèle jusqu’à la dernière note, s’éclipse en 2016 à Montréal — preuve que même les Jacques ont besoin d’un peu d’exil pour mourir tranquilles. Enfin, Hubert Degex, le dernier pianiste, rend les touches en 2021, à 92 ans, après avoir sans doute trouvé une partition d’éternité en ré majeur.
 La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve leurs chapeaux, leurs partitions et même leurs coupures de presse — tout ce qu’il faut pour organiser un sabbat érudit. Il ne manque que le son de leurs voix et le rire suspendu entre deux couplets. Leur répertoire, quant à lui, relève de la haute voltige intellectuelle : ils ont tout chanté, du général Castagnetas à la confiture , du Complexe de la truite (de Schubert) au derrière du peuple (voir La Digue du cul , œuvre d’intérêt public). Ils ont prouvé qu’on pouvait philosopher en collant des grimaces sur des vers de Prévert, et pleurer d’émotion tout en chantant des sottises. Ainsi s’achève cette chronique du souvenir. Les Frères Jacques ? Des poètes de velours à la boutonnière, des funambules du calembour, des anges qui savaient rimer avec dingue . Et s’ils nous entendent — là-haut, dans la stratosphère mélodique — qu’ils sachent une chose : le monde est bien triste depuis qu’il ne fait plus le Jacques.
par Jean-Renaud Cuaz 25 octobre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE NOVEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 30 septembre 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’OCTOBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 septembre 2025
Fin septembre, les Automn’Halles lanceront leur 16e édition. Seize années qu’un pari un peu fou a pris vie : celui de faire vibrer une île singulière au rythme des mots, de la lecture, de la musique et de la peinture. Depuis quatre ans, la reconnaissance officielle du Centre National du Livre est venue confirmer ce que les Sétois savaient déjà : que ce festival a gagné sa place dans le paysage littéraire national. Des partenaires fidèles — le réseau des Médiathèques de l’Agglo, le musée Paul Valéry, les librairies, le Plateau, l’Amadeus et désormais la Maison Régionale de la Mer — apportent leurs sites, leurs énergies. Grâce à eux, la littérature s’installe partout, elle respire dans chaque recoin de la ville, elle s’offre au plus grand nombre. Durant cinq jours, les auteurs se disperseront comme autant de semeurs de songes. Dans les classes, pour éveiller les élèves à la puissance des mots. Dans les espaces de rencontre, pour échanger directement avec leurs lecteurs. Dans les dédicaces, pour ce moment simple et rare où une phrase manuscrite scelle un souvenir. Le programme est riche, multiple, ouvert. Il accueille des figures déjà consacrées, et des voix nouvelles qui montent, prometteuses et fragiles. Il fait place aux auteurs et éditeurs locaux et régionaux, car la littérature vit aussi des racines qui nourrissent son terreau. Il tend la main aux talents en herbe, avec son Concours de nouvelles. Pendant cinq jours, Sète se transforme en une île de papier et de voix, où chaque rencontre devient une aventure, chaque lecture un voyage, chaque instant une célébration. Nous dédions cette édition des Automn’Halles à un auteur que nous avons accueilli au Crac en 2022. Boualem Sansal est emprisonné depuis plus de dix mois par un pouvoir totalitaire. Condamné pour exercice illégal de… sa liberté de penser et d’écrire. En appel de sa condamnation le 24 juin dernier, l’écrivain âgé et malade lâchait devant un tribunal de façade : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là » . Yves Izard animait la rencontre avec l’auteur de Abraham ou La Cinquième Alliance paru aux Éditions Gallimard en 2020. En charge avec une équipe des Automn’Halles des relations avec les écrivains et les éditeurs, Yves va vous dire quelques mots sur cette rencontre à laquelle certains d’entre vous ont assistée. Boualem a dû laissé une belle empreinte dans vos mémoires. Les Automn’Halles… Ce pourrait être un titre-valise inventé par Erik Satie pour une de ses mystérieuses pièces musicales. On entendrait presque dans nos halles, haranguer : mercredi je peux pas, j’ai gymnopédie ! La question que vous êtes en droit de vous poser, c’est… qu’ont donc en commun Erik Satie et la littérature? Outre le fait qu’Alfred Satie, son père, fut un temps éditeur… Noble métier, s’il en est… Je répondrai qu’après tout, nous recevons samedi Hubert Haddad, l’auteur de… la Symphonie atlantique . Pour le clou de ce festival, car Il faut toujours un clou dans un festival qui se respecte, j’hésite entre… Laurent Mauvignier, l’aspirant au Goncourt, et Michel Zambrano, le sauveteur aux ondes courtes… Lequel nous lira des inédits vendredi à bord de l’Amadeus. Laurent Mauvignier, lui, nous fera l’inventaire de la Maison vide à la Maison de la Mer lors du premier grand entretien demain. L’inventaire d’une maison vide, ça devrait être court me direz-vous… Mais comme c’est Laurent Cachard qui se charge de l’animer, vous en aurez pour votre argent, même si l’entrée est gratuite. C’est simple, les Éditions de Minuit ne jurent que par Mauvignier et ne changeraient pas un traitre-mot de leur auteur fétiche. Je rapprocherais Erik Sati de… Jules Verne, dont nous accueillons samedi l’arrière-petit-fils, Jean Verne, pour les 150 ans de la parution de l’Île mystérieuse . Erik Satie prétendait faire de la musique d’ameublement, allant jusqu’à l’assimiler à du papier peint musical. De là à parler de papier peint littéraire il n’y a qu’un lai à tourner, un pas que des érudits franchissent à propos de Jules Verne. On objectera qu’il y a des papiers peints qui font voyager. Mais je préfère laisser les exzézettes , comme on dit ici, s’exprimer. Pianiste-concertiste international et musicologue, Jean-Pierre Armengaud est également l’auteur d’une colossale biographie du compositeur de Parade , que vous pouvez vous procurer ici ou à la librairie Gavaudan. Jean-Pierre Armengaud va nous rythmer cette rencontre par des illustrations musicales de Satie jouées au piano. À ses côtés, Patrice Legay animera cette soirée. Patrice est musicien et préside l’AMA Languedoc, l’association des Musiciens Amateurs du Languedoc. L’AMA Languedoc animera ici même demain de 10h à 12h une Master Classe de Jean-Pierre Armengaud avec des œuvres de Satie jouées au piano et chantées. Puis à la Médiathèque Mitterrand… le concert Erik Satie vendredi de 18h à 19h30 et la clôture des Automn’Halles dimanche à 18h, un Clin d’œil à Satie par le groupe de jazz Les Smiles. Je terminerai par un précepte que je fais mien : « Je ne me reconnais pas le droit d’abuser des instants de mes contemporains » disait le plus littéraire des compositeurs, celui qu’Alphonse Allais appelait Esoterik Satie. Merci et belles Automn’Halles à toutes et à tous ! Jean-Renaud Cuaz Président du Festival du Livre de Sète – Les Automn’Halles
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE SEPTEMBRE Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 15 août 2025
L’auteur ouvre son Concours de pêche en le dédiant à son ami Toto Neige, à l’origine de ce roman, ainsi qu’à tous ces clochards célestes sans lesquels il manquerait quelque chose au monde . Dans les premières pages, Alex, le narrateur nous invite à le suivre le long d’un quai avec son enfant Jonas qui découvre sous un palmier une dalle avec inscrit « ici a vécu Jonas le pêcheur ». Le Jonas que j’ai connu était l’homme le plus gentil du monde , lui dit-il. Je vais même te dire un secret, c’est grâce à lui si tu t’appelles Jonas . Il lui fait alors la promesse de lui raconter l’histoire de Jonas le pêcheur, plus tard, quand il sera plus grand. L’histoire d’un miracle . Mis sous pression par son boss , Alex croule sous un gros dossier, une de ces tours géantes qu’on aperçoit en atterrissant à Charles-de-Gaulle imaginées pour des gens qui y vivent. Son travail d’architecte c’est de faire en sorte qu’ils y restent le plus longtemps possible . La vie parisienne l’assomme, une vie au milieu de fantômes cravatés, les cernes tirés jusque là, éteints comme des cierges consumés . Un soir qu’il manque l’arrêt de sa station de métro et finit le trajet à pied, il surprend sa compagne à la terrasse d’un restaurant, dans les bras d’un autre, dont elle s’extirpe par un guttural « désolé Alex ! » . Il venait de casser sa tire-lire pour un gros diamant, décidé à lui faire sa demande dans le mois. Cinq années de vie commune partent en sucette et s’en vont valdinguer sur le trottoir. Il reconnaît pourtant qu’elle l’a libéré d’un cachot où il s’était enfermé lui-même à double-tour, en jetant la clé par la fenêtre . Un coup de pouce du destin qui le fera plonger dans l’alcool et enjamber son balcon d’où il tombera… du bon côté. jusqu’à trouver la rédemption auprès d’un réconfort maternel et d’un miroir qui renvoie l’image hirsute d’ un drôle de type . Un amour perdu peut mener à ça, une sorte de clandestinité vis-à-vis de soi-même . Et une résolution, avant que s’ouvre le chapitre paternel, Je vais voir la mer, là où est papa . La disparition du père, parti pêcher seul en mer, est l’occasion pour l’auteur, et pour Jack London, de nous rappeler, que l’on peut partir à la manière de Martin Eden, dans un océan de désespoir qui prend fin quelque part dans les abysses intimes et sourdes . La veille de son ultime sortie en mer, il avait emmené son fils pêcher au phare de Roquerols sur l’étang de Thau (…) Ses yeux étaient mouillés comme la coque d’un bateau flottant à la dérive . À Sète, en pleines festivités de la Saint-Louis, Alex revient loger sous un toit du quai d’Orient, avec sous les yeux le croisement des canaux et des ponts, et le douloureux rappel d’un lointain bonheur familial. À une encablure de là, à la terrasse animée du Barbu (devenu depuis quelques semaines le Bar Muge) Alex fait l’apprentissage auprès d’une autochtone de quelques leçons de savoir-vivre sétois, c’est-à-dire sans savoir-vivre du tout, sinon la gentillesse du cœur , qui, au réveil s’avèrent être tarifées. Plus tard et sans le vouloir, Alex le Parigot se retrouve au beau milieu d’une partie de pêche le long du canal , découvrant à la fois la scène et les acteurs d’une comédie dramatique à la sétoise. Il aura beau faire valoir une naissance des plus locales, Auguste et ses comparses le traiteront comme il se doit en île singulière, un estranger , trahi par le manque d’accent d’ici-bas. À force d’invectives et de fanfaronnades, voilà Auguste qui met au défi le plus vieux d’entre eux, surnommé le Turc , d’accrocher une dorade royale de 5 kilos, pas un de moins, prenant le quai de la République et ses flâneurs à témoins. Le Concours est lancé. L’Ancien sortira de sa torpeur pour une ultime bravade. Pour son Concours de pêche , Loris Chavanette en appelle à l’auteur du Vieil homme et la mer , autant que du vieil homme et l’amertume, ce fil discret comme un goût salé qui persiste et révèle des valeurs hemingwayennes : La perte et la privation . Alex vit avec une blessure d’enfance qui ne s’est jamais refermée : la disparition en mer de son père. Ce vide n’est pas seulement une douleur, c’est aussi une forme d’amertume envers le destin — un sentiment que la vie a triché, qu’elle lui a pris quelque chose de fondamental avant qu’il ait pu se construire. Cette aigreur se renforce au moment de la rupture amoureuse, comme une perte réveille les précédentes. Les affres du temps perdu. Le roman nous dépeint un homme qui, en revenant à Sète, mesure la distance entre ce qu’il aurait pu vivre et ce qu’il vit. Ce constat donne un ton désabusé, teinté d’une mélancolie que semble incarner Jonas l’Ancien, objet de toutes les attentions et de tous les superlatifs. Le concours, en apparence anodin, devient le théâtre de cette confrontation au temps qui passe — un temps qui n’a pas toujours été bien employé, ou qui a filé sans laisser de traces heureuses. L’âpreté des vies cabossées. Jonas, le sans-abri, incarne une autre forme d’amertume : celle des coups reçus par la vie et qui finissent par former une carapace. Derrière son pari du briquet en or, il y a sans doute des pertes, des humiliations, et la nostalgie d’un passé révolu. Ce personnage fait écho à Alex, comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. Enfin, une amertume adoucie par la rencontre. Même si le roman laisse planer ce goût amer, il ne s’y enferme pas. Les dialogues colorés, les situations cocasses, la tendresse qui se noue entre Alex et Jonas viennent diluer cette sensation. On pourrait dire que le roman n’est pas une plongée dans l’amertume, mais une t entative de la transformer — comme si le sel de la mer pouvait devenir saveur plutôt que blessure. Le Concours de pêche Loris Chavanette Allary Éditions (21 août 2025) Loris Chavanette, historien et romancier, présentera son roman samedi 23 août à 11h, à bord de l’Amadeus, amarré, comme il se doit, quai de la République. Il est l’auteur de La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.
par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUILLET Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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