Un bateau-phare (ou bateau-feu) est un bateau de construction spéciale ou parfois un bateau simplement modifié et aménagé, doté d'un mât tubulaire portant un phare, parfois deux à l'image de certains lightships américains ou canadiens, comme le White Island. 

Ces bateaux, la plupart dépourvus de moteur, étaient mouillés en mer, au moyen d'une ancre spéciale, à proximité des hauts-fonds dangereux dont ils signalaient la présence. Ils se trouvaient également aux embouchures des fleuves et dans les passes navigables où il était difficile d'aménager un phare pour délimiter un chenal par manque de fond rocheux. Certains étaient maintenus et manœuvrés par un équipage, d'autres, à fonctionnement automatique, étaient mouillés comme des bouées.

Le premier bateau-feu, le Nore, est mouillé à l'entrée de la Tamise en 1732. On commencera réellement à construire des bateaux-feux en série en Angleterre à partir de 1823. En France, le Service des phares et balises conçut ce genre de navire pour trois ports qui avaient besoin de bateaux-feux pour éclairer leurs approches : Dunkerque, Boulogne et Le Havre. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la flotte française est réduite à trois bâtiments, dont le Dyck construit en 1935 et le Sandettié construit en 1912. Deux nouveaux bâtiments seront mis en chantier : le BF6 (futur Sandettié) et le BF7 (futur Bassurelle). En 126 ans, pas moins de 16 bâtiments se succédèrent ainsi dans le pas de Calais jusqu'en 1989.

Avec la généralisation des balises automatiques et l'avènement des techniques de navigation modernes, leur usage a disparu sur le territoire national. Fin 2018, il n'en subsiste que cinq dont deux seulement sont originaires de France. Ils sont tous en bon état.

Trois bateaux-phares sont conservés dans des musées maritimes :
• LE HAVRE III (ex-Dyck) construit en 1935, il est affecté au banc du Dyck, dans le pas de Calais, et éclaire les approches du Havre à partir de 1948. Une bouée-phare l’a remplacé en 1981. Il est amarré dans le bassin Vauban, devant le centre commercial des Docks Vauban, au Havre (ancien musée maritime et portuaire) et se visite depuis sa restauration.

• Le SCARWEATHER a été construit en 1947 par le chantier Philip and sons à Dartmouth (Grande Bretagne) pour le compte de la Trinity Corporation (équivalent de notre Service des phares et balises). Long de 42,50 m, il fait partie de la dernière série des bateaux-feux de l’après-guerre. En 1947, il est positionné sur le banc Smith Knoll, un des bancs de sable qui longent le Norfolk. Il est ensuite positionné sur les bancs Scarwearther au large de Bristol, en baie de Swansea (pays de Galles). Il prend ainsi son nom actuel. Le bateau-phare est désarmé en 1989. Il est vendu au musée de Douarnenez où il est remorqué en 1992. En 2008, la coque est repeinte et de petites réparations sont effectuées. Il est visible, mais pour des raisons de sécurité, le Scarweather n’est pas visitable.

• LE SANDETTIÉ, ou BF6 (bateau-feu no 6), est le dernier bateau-feu français à avoir été en service. Construit en 1947 et long de 47,50 m, il a d'abord été affecté au banc du Dyck en 1949. En 1978, ce banc de sable n’étant plus balisé, le BF6 est alors affecté au poste du banc du Sandettié jusqu’en 1989 et son désarmement définitif. Il est ensuite reconverti en bateau musée, classé monument historique. Il fait partie depuis 1997 de la collection à flot du Musée portuaire de Dunkerque ; ce dernier disposait également du Dyck (BF2, ex-Havre II) qui a finalement été mis en démolition en juin 2008. Classé également monument historique, il a été décommissionné en 2004.

Les seuls bateaux-phares ayant une activité sont :

• LE BATEAU PHARE

Baptisé Osprey à l'origine, il fut construit à Dartmouth (Royaume-Uni) par le Chantier Philips & Son et lancé le 24 mai 1955. Il fut un des derniers light ships (bateaux-feux) irlandais mis en service pour le compte des Commissioners of Irish Lights. Il était stationné le long des cotes irlandaises de 1955 à 1975, date de sa désaffectation. Il fut alors vendu au port de New Ross (Irlande) où, après une première transformation, il devint un dépôt de fuel à flot, puis servit de logement pour les pilotes jusqu'en 1997.

Remorqué cette année-là au Havre, le bateau arrive à Paris à la fin de l’année suivante. Il est progressivement réhabilité en équipement culturel par une association qui le baptisa Batofar en 1999. À Paris, la transformation technique est réalisée par Herskovits, Thômé & Tobie, architecte naval. Après son rachat en 2018, la structure éclairante du navire est démontée marquant le signal de son prochain transfert au Havre pour rénovation. En 2019, la nouvelle direction a ouvert une terrasse saisonnière à quai, en prélude à une réouverture du bateau, finalement dénommé Bateau Phare.

• L’IBOAT 

Souvent comparé au Batofar, l’IBoat en est même le petit frère. Il été transformé en ferry pour relier l’île d’Yeu sous le nom de La Vendée, avant d’être reconverti à bordeaux en lieu culturel flottant en 2011, dans le quartier en plein renouveau du Bassin à Flot n°1. Après un mois de cale sèche pour réparations en 2019, il est revenu s’amarrer quai Armand-Lalande.

• LE ROQUEROLS

1939 Londres : le Lightship no. 94 (LV 94) construit à l’origine pour la Trinity House Lighthouse Service en 1939 fut affecté à Londres pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il a écumé les ports anglais pour remplir sa mission jusqu’en 1990, année de sa décommission.


1998 Amsterdam : le LS 94 sert un temps de musée après des travaux de réaménagement, puis de lieu d’événements privés avec salle de conférence sous le nom de Zeeburg.

2013 Lyon : racheté par un investisseur français pour être reconverti en salle de spectacle et amarré sur le Rhône. Dans cette perspective il est renommé Razzle mais le bateau est refusé par la ville de Lyon.


2017 Marseille : il est remorqué vers le chantier naval de Marseille. Après plusieurs mois de travaux, le Razzle est amarré au port de l’Estaque. Quatre ans de réhabilitation de fond en comble auront été nécessaires pour remettre en l’état le navire qui accueille une salle de concert, un club, un restaurant et un bar terrasse installé sur le pont.


2021 Sète : le 19 février 2021, le Razzle est remorqué jusqu’à Sète où il deviendra le vaisseau amiral des célébrations du centenaire de la naissance de Georges Brassens. À cette occasion, il est renommé Roquerols en hommage au phare du rocher de Roquerols entre Sète et Balaruc-les-Bains, sur l'Étang de Thau où Georges Brassens aimait se rendre.

Long de 56 mètres, il restera amarré au quai d'Alger le temps de réaliser quelques travaux d'aménagements intérieurs et extérieurs avant de trouver son point d’attache permanent, quai du Maroc.

par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE JUILLET Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 29 mai 2025
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par Jean-Renaud Cuaz 29 avril 2025
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par Jean-Renaud Cuaz 16 avril 2025
FRANCK JALLEAU (1962-2025) Le N d’ANCT est parti. N comme Nieul-sur-l’Autise où Franck a vu le jour en 1962. Ses origines vendéennes feront dire à José Mendoza, l’un de nos professeurs un brin souverainiste, qu’il ne démériterait pas à avoir un peu plus de sang chouan. La typographie française a perdu ce 13 avril un de ses apôtres, la gravure lapidaire, un de ses artisans les plus prolifiques. Nous étions 4 mousquetaires à l’Atelier National de Création Typographique (ANCT devenu ANRT) en 1986. L’année précédente, Franck avait étrenné nos tables à dessin et inauguré le programme de réhabilitation de la typographie française. Le benjamin du quarteron en était pourtant le grand frère, animant nos fins de journée avinées aux abords de l’Imprimerie Nationale, sous le regard bienveillant de Gutenberg qui nous toisait de son regard de bronze et semblait, on l’aurait juré, opiner du chef. Un caractère bien trempé, ciselé par une passion pour la capitale romaine, dont Franck vantait à s’en arracher les cheveux la perfection millénaire. C’est à coup de maillet sur un ciseau magique qu’il ravinait la pierre avec une assurance confondante. Franck creusa son sillon avec un même aplomb au service de projets humanitaires. En témoignent les parvis du Trocadero à Paris et des Nations Unies à New York. Allez leur/lui rendre hommage en foulant leurs dalles gravées de ces capitales immuables. Lui n’a sans doute pas eu le temps de graver la sienne là où il va reposer. Nul doute qu’un de ses disciples aura répondu à l’appel pour lui offrir une stèle digne de son œuvre. Avec gravées deux dates bien trop rapprochées, à notre goût. Quand il trouvait le temps, il partait à Nieule restaurer sa tanière, une vieille demeure faite évidemment de pierres qu’il taillait et montait avec l’aide d’anciens protes devenus potes, prêts à se retrousser les manches pour lui et Sylvie. Une copine qu’il avait embarquée en mobylette à un âge où on jouait au flipper. Elle l’accompagnera jusqu’à son dernier souffle. Il y avait chez Franck une rectitude dans ses choix intimes autant que professionnels, que rien ne pouvait distraire. L’enseignement sera la pierre angulaire d’une vie entièrement dédiée au partage d’un savoir-faire acquis à la force du poignet. De l’école Estienne à ses ateliers de gravure lapidaire, on aurait suivi ce gourou jusqu’au précipice. Il inspirait la confiance et un respect dont se parent les vétérans du métier. Franck n’aura pas eu besoin d’atteindre cet âge canonique pour entrer dans l’Histoire. Mais on aurait bien aimé qu’il s’en approchât. À Sylvie, Baptiste et Alice, mes tendres et affectueuses pensées. À Franck, la douloureuse gratitude d’avoir côtoyé une belle âme. Jean-Renaud
par Jean-Renaud Cuaz 29 mars 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AVRIL Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 mars 2025
Un peu d’histoire… Une page méconnue de l’histoire du port de Sète nous amène à… Fécamp, en Seine-Maritime. En 1855, trois groupements d’armateurs sétois y possédaient le quart de la flotte fécampoise des morutiers armés pour la pêche au large de Terre-Neuve. Les ketchs et autres bricks, une fois leurs cales remplies, mettaient le cap sur le détroit de Gibraltar pour décharger leur cargaison de morues dans le port de Sète. Le poisson y était salé et séché, dans une région riche en sel. Les bateaux repartaient ensuite vers Fécamp, les cales remplies cette fois de vin du Languedoc et de sel destiné au commerce. Ce négoce prospéra jusqu’à la guerre franco-prussienne de 1870 qui marqua un coup d’arrêt fatal. Les derniers morutiers sétois de Fécamp sont désarmés en 1890. Mais l’activité perdurera quelques dizaines d’années dans le port de Sète. À BORD DE L’AMADEUS Ce ketch aurique* est le plus vieux gréement amarré dans le port de Sète. Il fut mis à l’eau le 17 juillet 1910, sous le nom d’Agatha pour la pêche à la morue. Jean-Christophe Causse, son propriétaire depuis 1989, l’a acheté à une association de musiciens qui avait rebaptisé leur navire en hommage à Mozart.  Bienvenue à bord ! Amarré au cœur de la cité portuaire, le long du quai de la République, sur le canal Maritime, l’Amadeus vous tend sa passerelle entre les ponts de Tivoli et de la Victoire, entre mer et étang. Les mille vies que ce porte-étendard des expéditions morutières a connues feront l’objet de débats animés programmés tout le long de l’année. Les deux ponts du morutier, couvert à l’arrière, ouvert à l’avant, vous accueilleront pour des tables rondes, des dégustations de produits du terroir. * Voilier à deux mâts dont le grand mât est situé à l’avant. Ketch vient du mot anglais catch, signifiant prendre au sens de prise de pêche. Le gréement aurique de l’Amadeus comprend 6 voiles : mât d’artimon (une voile aurique et un flèche), mât principal (une voile aurique et un flèche) et sur le beaupré (trinquette et foc).
par Jean-Renaud Cuaz 1 mars 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE MARS Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 29 janvier 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS DE FÉVRIER Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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