Les Eaux et Forêts, ainsi que les sous-bois de Château-Thierry, dont Jean de La Fontaine fut, après son père, maître des premières et capitaine des chasses des seconds, voient leurs bestioles rendre un hommage ému au père du Corbeau et le Renard, né il y a 400 ans.

Georges Brassens comptait les fables de La Fontaine parmi ses principales sources d’inspiration. Poussant l’adulation jusqu’au paroxysme, il demanda à être inhumé avec la dernière pipe qu’il avait culottée, quand il apprit que le fabuliste avait opté pour le portrait de la dernière protectrice qu’il avait déculottée. Nous tairons son nom par respect envers ses descendants.

Jean de La Fontaine est né le 8 juillet 1621, à une époque où superstition et religion décidaient, main dans la main, du sort des âmes, avec le bienveillant concours des guerres et des pandémies. Ainsi, un coupe-chou sur une table, formant par hasard une croix avec un canif, était à cette époque le présage d'une tuile.

Et dès qu’on se trouvait treize à cette table de malheur, on trucidait l'un d’eux avec ce qu’on avait sous la main afin d'empêcher que ce nombre nuisible ne fît mourir quelqu'un dans l'année. On comprend que le petit Jean se détourna de ses contemporains, pour aller trouver refuge et l’inspiration, pour notre plus grand plaisir, parmi les bêtes de tout poil.

« Je me sers des animaux pour instruire les hommes. » se plaisait-il à jaspiner dans les futaies. « Vaste programme… », nous plairons-nous d’ajouter.

À l’âge de 74 ans, sa santé ne tarda pas à s'altérer… quoiqu'il bût beaucoup. Avant d’expirer le 13 avril 1695, il fit venir un confesseur qu'il pria de lui régulariser son passeport pour l'éternité. En procédant à sa toilette mortuaire, on trouva sur son corps, outre le portrait d’une bienfaitrice (clin d’œil), un cilice…

Objet supplicieux de style saint-sulpicien, il s’agit d’une large ceinture aussi rugueuse qu’un psaume syriaque et portée en pénitence. L’abbé présent jure ne pas l’avoir ordonnée. Celui-ci s'appliqua pourtant, depuis 1692 lorsque l’écrivain tomba gravement malade, à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux par des pénitences sulfureuses. Ce que révèle en filigrane la fable le Clystère et le Barbelé.

Libéré de tout appareillage abracadabrantesque, il fut inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents. En 1817, les restes supposés de La Fontaine sont transférés avec ceux de Molière et de quelques treizièmes à table au cimetière du Père-Lachaise.

Jean de La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe (ci-après), où il s'attribue un caractère nonchalant. Ce désœuvrement fut pourtant à l’origine d’une œuvre aux influences remarquables, dont le dynamisme des fabricants de fromage n’est qu’un exemple.

Jean s'en alla comme il était venu,
Mangea le fonds avec le revenu,
Tint les trésors chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien sut le dispenser :
Deux parts en fit, dont il voulait passer,
L'une à dormir et l'autre à ne rien faire.

Tombe de Jean de La Fontaine au cimetière du Père Lachaise (division 25)

par Jean-Renaud Cuaz 28 juillet 2025
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS D’AOÛT Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 11 juillet 2025
L’ŒUVRE DU TEMPS Sète, le 10 juillet 2025 Je veux parler du temps de la destruction gratuite. Ici une affiche mémorielle, là un élan bienveillant pour la promotion de l’histoire locale. Certes, le temps fait son œuvre et nous assène à tous les temps que rien ne dure. Que des valeurs humaines partent à vau l’eau, entrainées par des rivalités internes, des convoitises parmi les plus funestes. Une société d’études historiques voit son Conseil d’administration, réduit comme peau de chagrin à quatre membres, voter l’exclusion d’un président pourtant soutenu par une communauté réduite au silence. Une présidence qui s’est efforcée pendant ces 18 mois de monter avec son équipe de beaux projets. Un vote couperet avant que ne soit proposé l’élargissement du Conseil et du Bureau afin de donner plus de voix aux membres de la Sehsser. Ce déploiement n’a pu se faire, ces nouvelles voix ne pourront se faire entendre. L’ancien président qui a mené l’accusation et les arguments à charge, montre par là qu’il n’a jamais voulu céder les reines à une nouvelle gouvernance plus ouverte et déployée, à l’image des affiches exposées dans nos rues pour les 80 ans de la libération de notre île décidément bien singulière. Jean-Renaud Cuaz, Président de la Sehsser 2024-2025
par Jean-Renaud Cuaz 27 juin 2025
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par Jean-Renaud Cuaz 16 avril 2025
FRANCK JALLEAU (1962-2025) Le N d’ANCT est parti. N comme Nieul-sur-l’Autise où Franck a vu le jour en 1962. Ses origines vendéennes feront dire à José Mendoza, l’un de nos professeurs un brin souverainiste, qu’il ne démériterait pas à avoir un peu plus de sang chouan. La typographie française a perdu ce 13 avril un de ses apôtres, la gravure lapidaire, un de ses artisans les plus prolifiques. Nous étions 4 mousquetaires à l’Atelier National de Création Typographique (ANCT devenu ANRT) en 1986. L’année précédente, Franck avait étrenné nos tables à dessin et inauguré le programme de réhabilitation de la typographie française. Le benjamin du quarteron en était pourtant le grand frère, animant nos fins de journée avinées aux abords de l’Imprimerie Nationale, sous le regard bienveillant de Gutenberg qui nous toisait de son regard de bronze et semblait, on l’aurait juré, opiner du chef. Un caractère bien trempé, ciselé par une passion pour la capitale romaine, dont Franck vantait à s’en arracher les cheveux la perfection millénaire. C’est à coup de maillet sur un ciseau magique qu’il ravinait la pierre avec une assurance confondante. Franck creusa son sillon avec un même aplomb au service de projets humanitaires. En témoignent les parvis du Trocadero à Paris et des Nations Unies à New York. Allez leur/lui rendre hommage en foulant leurs dalles gravées de ces capitales immuables. Lui n’a sans doute pas eu le temps de graver la sienne là où il va reposer. Nul doute qu’un de ses disciples aura répondu à l’appel pour lui offrir une stèle digne de son œuvre. Avec gravées deux dates bien trop rapprochées, à notre goût. Quand il trouvait le temps, il partait à Nieule restaurer sa tanière, une vieille demeure faite évidemment de pierres qu’il taillait et montait avec l’aide d’anciens protes devenus potes, prêts à se retrousser les manches pour lui et Sylvie. Une copine qu’il avait embarquée en mobylette à un âge où on jouait au flipper. Elle l’accompagnera jusqu’à son dernier souffle. Il y avait chez Franck une rectitude dans ses choix intimes autant que professionnels, que rien ne pouvait distraire. L’enseignement sera la pierre angulaire d’une vie entièrement dédiée au partage d’un savoir-faire acquis à la force du poignet. De l’école Estienne à ses ateliers de gravure lapidaire, on aurait suivi ce gourou jusqu’au précipice. Il inspirait la confiance et un respect dont se parent les vétérans du métier. Franck n’aura pas eu besoin d’atteindre cet âge canonique pour entrer dans l’Histoire. Mais on aurait bien aimé qu’il s’en approchât. À Sylvie, Baptiste et Alice, mes tendres et affectueuses pensées. À Franck, la douloureuse gratitude d’avoir côtoyé une belle âme. Jean-Renaud
par Jean-Renaud Cuaz 29 mars 2025
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par Jean-Renaud Cuaz 11 mars 2025
Un peu d’histoire… Une page méconnue de l’histoire du port de Sète nous amène à… Fécamp, en Seine-Maritime. En 1855, trois groupements d’armateurs sétois y possédaient le quart de la flotte fécampoise des morutiers armés pour la pêche au large de Terre-Neuve. Les ketchs et autres bricks, une fois leurs cales remplies, mettaient le cap sur le détroit de Gibraltar pour décharger leur cargaison de morues dans le port de Sète. Le poisson y était salé et séché, dans une région riche en sel. Les bateaux repartaient ensuite vers Fécamp, les cales remplies cette fois de vin du Languedoc et de sel destiné au commerce. Ce négoce prospéra jusqu’à la guerre franco-prussienne de 1870 qui marqua un coup d’arrêt fatal. Les derniers morutiers sétois de Fécamp sont désarmés en 1890. Mais l’activité perdurera quelques dizaines d’années dans le port de Sète. À BORD DE L’AMADEUS Ce ketch aurique* est le plus vieux gréement amarré dans le port de Sète. Il fut mis à l’eau le 17 juillet 1910, sous le nom d’Agatha pour la pêche à la morue. Jean-Christophe Causse, son propriétaire depuis 1989, l’a acheté à une association de musiciens qui avait rebaptisé leur navire en hommage à Mozart.  Bienvenue à bord ! Amarré au cœur de la cité portuaire, le long du quai de la République, sur le canal Maritime, l’Amadeus vous tend sa passerelle entre les ponts de Tivoli et de la Victoire, entre mer et étang. Les mille vies que ce porte-étendard des expéditions morutières a connues feront l’objet de débats animés programmés tout le long de l’année. Les deux ponts du morutier, couvert à l’arrière, ouvert à l’avant, vous accueilleront pour des tables rondes, des dégustations de produits du terroir. * Voilier à deux mâts dont le grand mât est situé à l’avant. Ketch vient du mot anglais catch, signifiant prendre au sens de prise de pêche. Le gréement aurique de l’Amadeus comprend 6 voiles : mât d’artimon (une voile aurique et un flèche), mât principal (une voile aurique et un flèche) et sur le beaupré (trinquette et foc).
par Jean-Renaud Cuaz 1 mars 2025
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